Le XV du Soleil Levant ou quand le Japon se met au rugby

Qui l’eut crû ? Les Japonais sont des rugbymen ? Et oui, ne souriez pas, car loin de l’image frêle et délicate de ses habitants, amateurs de sushis et de base-ball, force est de constater que le Japon est une nation qui monte dans le monde du rugby ! Le Prince Chichibu, jeune frère de Hirohito a été un sportif, et a soutenu le rugby au Japon.

Le Prince Chichibu, jeune frère de Hirohito a été un sportif, et a soutenu le rugby au Japon
Le Prince Chichibu, jeune frère de Hirohito a été un sportif, et a soutenu le rugby au Japon

Le rugby s’est implanté dès 1899 au Japon, mais n’a connu un véritable essor qu’à partir de 1920 grâce au soutien de la famille royale japonaise. Ces efforts aboutissent à la création de la Japan Rugby Football Union qui a la charge d’organiser et de développer le rugby à XV sur tout le territoire. Aujourd’hui, la JRFU recense plus de 126 000 licenciés ; à titre de comparaison, notons que la Fédération Française de Rugby en compte moins de 300 000. Le Japon est donc le sixième pays en nombre de pratiquants !

En outre, le rugby est le troisième sport collectif le plus apprécié des Japonais, derrière le base-ball et le football, alors même qu’il n’est pas diffusé sur les ondes hertziennes mais uniquement sur le câble.

Le championnat national, la Top League, regroupe les 14 meilleurs clubs japonais. Le niveau est plus relevé que celui du championnat d’Italie, des Etats-Unis ou encore du Canada. En témoignent les nombreux joueurs internationaux originaires d’Australie, de Nouvelle-Zélande et des îles Pacifiques qui y participent : George Gregan, Stephen Larkham, vainqueurs de la coupe du monde de 1999 avec l’Australie, Reuben Thorne, ancien capitaine des All-Blacks et bien d’autres encore.

Malheureusement le XV nippon, surnommé « the Cherry Blossoms », soit fleurs de cerisier, ne brille guère lors des grands rendez-vous internationaux : toujours sélectionné, il ne dépasse jamais les poules à chaque coupe du monde. Il y subit d’ailleurs d’écrasantes défaites face à l’Australie (91-3) et face au Pays de Galles (72-18) en 2007. Cependant, ne le dénigrons pas trop vite. Le Japon est une équipe en constante progression. Certes il perd toujours face aux Fidji (quart de finalistes en 2007) mais de peu (40-39) en 2009. Il pointe à la treizième place du classement de l’International Rugby Board, juste derrière l’Italie. L’équipe du Japon est reconnue comme la meilleure équipe asiatique et remporte de façon systématique, depuis sa création en 2008, le tournoi des cinq nations asiatiques de rugby à XV, face à la Corée du Sud, à Hong-Kong, au Kazakhstan et au Golfe Persique. Par ailleurs, quelques joueurs de la sélection nationale jouent en club à l’étranger. Citons Christian Loamanu, ailier du RC Toulon ou James Arlidge demi d’ouverture avec le club gallois des Newport Gwent Dragons. Le rugby japonais s’exporte, et il s’exporte bien !

Ce n’est donc pas un hasard si la 9e coupe du monde de rugby aura lieu au Japon en 2019. Cette nomination s’inscrit dans la lignée de nombreux efforts. En effet, le Japon s’était déjà porté candidat pour l’organisation de la coupe du monde en 2011, puis à celle de 2015. A chaque fois finaliste, mais à chaque fois battu successivement par la Nouvelle- Zélande et l’Angleterre. Pourtant le pays était parfaitement au point au niveau des infrastructures, mais l’IRB trouvait que le sport n’y était pas assez populaire et redoutait de se retrouver avec un public japonais qui boude les stades. Vivement critiquée, accusée de ne pas encourager le développement du rugby dans les pays où le culte du ballon ovale est moins présent, l’IRB annonce à Dublin en 2008 la nomination du Japon pour 2019. Ce sera la première fois que le continent asiatique accueillera une coupe du monde de rugby.

Vous n’êtes toujours pas convaincus qu’au pays des geishas, les sumos se mettent à la mêlée et apprennent à courir ? Alors attendez la preuve en image. Dans quelques mois débutera la coupe du monde de rugby à XV en Nouvelle-Zélande. Le Japon devra affronter dans sa poule la France, la Nouvelle- Zélande, le Tonga et le Canada. John Kirwan, le coach Néo-Zélandais du XV du Soleil Levant, a décidé qu’il ne repartirait pas sans avoir battu au moins deux équipes… mais lesquelles ?

Laurence de Bary, responsable communication Centrale 7

Contact : laurence.de-bary@centrale7.com