Navigant entre plusieurs époques, passant d’un personnage à l’autre, déplaçant son intrigue de chapitre en chapitre, dans son roman Le Silence ne ment jamais, Marion Moulin manie avec habileté l’art de tricoter qu’est celui du thriller. Si son style -encore frais, un peu hésitant, légèrement timide- peut parfois offrir au lecteur une formule maladroite par ici, une phrase bancale par là, pour le reste, Marion Moulin a de toute évidence compris l’ingrédient essentiel à la réussite d’un roman policier : savoir gérer avec malice le temps de la narration. Elle sait écrire suffisamment de pages pour susciter l’intérêt, mais interrompre assez tôt pour créer la frustration qui donnera envie de prolonger la lecture. Des chapitres courts, directs, simples, qui se terminent toujours en point d’interrogation, et laissent au lecteur ce sentiment étrange qui mêle amertume et plaisir.
Un style que Marion puise dans les histoires qu’elle lit, mais pas dans son histoire à elle. « C’est vraiment inspiré de l’imagination. J’écris d’abord un livre que moi j’aimerais lire en tant que lectrice. Donc l’histoire, il faut qu’elle me plaise. » Et pourquoi un thriller ? « J’ai toujours lu beaucoup de thrillers même si je ne lis pas que ça » explique-t-elle.« Je me suis beaucoup inspirée d’auteurs américains et également français. »
Diplômée d’une licence de droit, Marion n’avait jamais vraiment écrit auparavant, si ce n’est un livre quand elle était adolescente « mais je manquais d’expérience. Cette fois, je suis allée jusqu’au bout. » Le Silence ne ment jamais, comment l’a-t-elle construit ? Au fur et mesure de l’écriture, répond-elle : « La solution, on ne l’a pas forcément tout de suite. Les personnages peuvent m’échapper et prendre une importance qu’ils n’avaient pas au départ. »
Résultat : une intrigue qui tient la route et dont les critiques ont été bonnes. De quoi donner confiance à cette jeune femme de plume qui, déjà, prépare un deuxième ouvrage. « J’ai commencé cet été. C’est aussi un thriller mais l’histoire est totalement différente. Elle commence au Pérou et continue à New York. Je veux couper court avec le livre que j’ai déjà écrit. Mais ce n’est pas évident parce que je veux faire au moins aussi bien que le premier. » C’est tout ce qu’on lui souhaite !
Claire Bouleau