Le numérique durable nécessite une prise de conscience collective

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ChatGPT, le métavers, la 5G… On ne peut pas échapper à l’explosion du déploiement des nouvelles technologies numériques. Une nouvelle société est en train d’éclore. Mais à quel prix ? Bien sûr, la quatrième révolution industrielle (numérique) peut aider à drastiquement réduire l’utilisation de ressources et la pollution : amélioration de l’efficacité des processus, chaînes d’approvisionnement physique rendues en partie obsolètes… L’adoption massive du télétravail, grâce au numérique, fait baisser spectaculairement la part liée aux transports individuels de l’empreinte carbone des sociétés. Mais l’impact environnemental du numérique ne cesse de croître, en contradiction avec les objectifs fixés par la COP 25. En conséquence, le numérique durable nécessite une prise de conscience collective.

ChatGPT, Métavers, 5G… le numérique, un pollueur comme les autres ?

Pour entraîner le modèle de langage utilisé par ChatGPT, le système a fait tourner des centaines de cycles d’apprentissage en parallèle pendant plusieurs mois, non-stop, pour analyser l’équivalent de 33 fois le volume total de données de Wikipédia, générant une consommation estimée à 552 tonnes de CO2, l’équivalent de 2,5 millions de kilomètres (soit trois allers-retours de la terre à la Lune !) parcourus en voiture.

Le métavers n’est guère plus économe : il faut mobiliser des infrastructures de télécommunications et de calcul colossales pour supporter les tribulations de nos avatars 3D.

Récemment, le Haut Conseil français pour le Climat a examiné le déploiement de la 5G. Malgré une incertitude considérable, les scénarios concluent que la 5G entraînera une augmentation importante de l’impact environnemental, en raison de l’augmentation du nombre d’objets connectés.

Consommation d’énergie et empreinte carbone liées au passage à l’échelle des infrastructures, déchets électroniques, courte durée de vie des appareils, surexploitation des ressources (minéraux, eau claire), la liste est longue. Le numérique est responsable de 4 % des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde, dont 25 % dues aux data centers, 28 % dues aux infrastructures réseau, et 47% dues aux équipements.

Numérique durable : la conscience des utilisateurs

L’Europe est aujourd’hui leader climatique avec des objectifs durables des plus ambitieux. Pour les atteindre, les utilisateurs du numérique doivent faire leur part en s’engageant en faveur de la durabilité sous toutes ses formes. Les entreprises ont des moyens d’action :

Evaluation de leur empreinte carbone environnementale numérique

Prise en compte du cycle de vie des infrastructures

Développement de feuilles de route “bas carbone”

Sensibilisation des collaborateurs aux enjeux de développement numérique durable

Recours aux énergies “bas carbone”

Adoption de processus d’économie circulaire pour le numérique.

Au-delà du périmètre de l’entreprise, de nombreux autres axes sont en cours d’exploration. Nous en citerons trois, à titre d’exemple : 

Le premier concerne la blockchain, avec la mise en place d’un protocole de validation des transactions plus économe en calcul (Proof-of-Stake), et donc en énergie, que le protocole original (Proof-of-Work). Une bascule réalisée par Ethereum récemment a engendré une réduction du besoin énergétique de l’ordre de 99 %

Un deuxième exemple concerne l’IA frugale. L’empreinte carbone d’un système d’IA étant liée à la taille du jeu de données d’entraînement, on développe des modèles d’apprentissage nécessitant des jeux de données moins importants. Distillation, apprentissage par transfert, apprentissage sur jeux de données restreints, autant de techniques en cours de développement qui vont améliorer l’empreinte environnementale de la phase d’apprentissage, principale consommatrice en ressources de l’IA.

Et pourquoi ne pas remettre en question les réflexes d’utilisation illimitée du numérique, en développant des usages raisonnés se basant sur des technologies simples, peu coûteuses, et recyclables : solutions matérielles et logicielles réparables et ralentissement des cycles d’obsolescence programmée par exemple.

L’Ademe et la prise de conscience du numérique durable

Signe des temps, l’Ademe propose depuis 2022 une formation en six modules sur le numérique durable à destination des enseignants et des éducateurs. A l’ESSEC Business School, la sensibilisation au numérique durable est intégrée à tous les programmes transverses liés au numérique. Le numérique durable n’est pas seulement nécessaire, il est possible, et son développement doit être considéré d’une manière holistique. Cela passe par une prise de conscience collective, en entreprise mais aussi au domicile, à l’école et à l’université.

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Benoît Bergeret copyright: Geraldine Aresteanu
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Guillaume Chevillon
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Julien Malaurent

Les auteurs sont : Benoit Bergeret, Guillaume Chevillon, Julien Malaurent

Co-directeurs du Metalab Center for Data, Technology and Society, ESSEC Business School

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