Midi au lycée du Parc : postés devant la cantine, les étudiants du Bural Agro, flanqués de leurs sweat-shirts verts fluo, vendent pendant leur pause déjeuner les dernières places pour le bal de promo de la semaine prochaine. Certains étudiants avalent leur repas en vitesse avant de se rendre en colle, tandis que d’autres s’acheminent vers le gymnase pour faire quelques longueurs de piscine entre midi et deux. Pendant ce temps, à l’entrée de l’établissement, des jeunes organisent une vente de gâteaux pour le Sidaction…
Deux heures plus tard, la cour est à nouveau déserte : qui croirait que derrière ces murs, pas moins de 1 300 préparationnaires et 126 professeurs travaillent, calculent, écoutent, dissèquent et analysent, tout cela à l’heure si difficile de la digestion ? C’est que le lycée du Parc compte parmi les mastodontes des prépas françaises : fort de 30 divisions, il fait partie des trois plus gros établissements de sa catégorie. Un atout de taille d’après le professeur de Géopolitique Jean Kojeg, qui contribue à faire de ce lieu un endroit « où souffle l’esprit prépa. »
L’autonomie et la réussite pour tous
La stratégie du lycée ? Faire passer la quasi-totalité des premières années en deuxième année : « En sélectionnant leur dossier, nous passons un contrat moral avec les étudiants, témoigne George Faverjon, professeur de physique en BCPST : il est donc de notre devoir de les accompagner jusqu’au bout. Eux, en contrepartie, s’engagent à travailler. Je ne vérifie jamais si mes élèves ont fait leur travail…»
Laisser aux élèves une relative liberté fait en effet partie de la politique du lycée du Parc : « j’essaye le plus possible de ne pas materner mes élèves, confie Mme Butavan, professeur de mathématiques. Ici, on essaye de s’adresser à des étudiants : on considère que c’est à eux de se prendre en charge… » Avec ses 300 places, l’internat laisse lui-même une grande liberté aux élèves : essentiellement réservé aux boursiers, il offre la possibilité de sortir jusqu’à 1 heure du matin en semaine, et ferme à 3 heures le week-end… Un univers moins scolaire ? « J’ai fait le choix de laisser vivre la vie étudiante pour responsabiliser les préparationnaires », atteste Jean-Marc Bravo, Proviseur de l’établissement. En témoigne la vie associative étonnamment riche de l’école. Le lycée ne compte pas moins de quatre burals pour chaque section, qui organisent tout au long de l’année de nombreux évènements : méchoui, week-end de désintégration, séjour au ski, bal de promo, soirées avant chaque période de vacances… Jérôme, président du bural Taupe, y consacre trois à quatre heures de son temps par semaine. « J’arrive à bien m’organiser, assure-t-il. Je voulais être au bural car c’est un moyen pour rencontrer d’autres personnes en dehors de sa classe. Et puis, ça fait la pause de la journée ! »
Une ambiance solidaire
Quid des a priori après l’entrée en prépa ? A cette question, la réponse des élèves est quasiment unanime : « Au niveau du travail, c’est encore pire que ce à quoi je m’attendais ! » plaisante Jordan. Mais les étudiants sont souvent agréablement surpris par les liens forts qu’ils ont noués avec leurs camarades : « l’ambiance, les amis qu’on retrouve chaque matin, c’est ça qui fait tenir », confie Aurélie, 5/2 en physique-chimie. « Ce qu’on garde de la prépa, c’est également la force d’un groupe soudé extrêmement porteur, atteste le professeur Jean Kojeg. Souffrir ensemble pour le même objectif, crée des amitiés d’une vie. Ce qui fait la différence du lycée du Parc tient essentiellement à la culture des lieux, à l’appétit intellectuel des élèves. Finalement, les profs de prépa ont beaucoup de chance, conclue-t-il : leur public est situé à un carrefour privilégié, entre la curiosité de la jeunesse et la maturité de compréhension de l’âge adulte. »
Chiffres clef :
50,6 % d’élèves de la région Rhône Alpes,
8 % d’étrangers
36 % de boursiers et 33 places en internat d’excellence
Internat à 1965 euros par an, repas inclusScolarité gratuite, logement à prendre en charge pour ceux qui n’ont pas l’internat
Ginette et le lycée du Parc
D’un côté, Sainte-Geneviève, prestigieux établissement privé versaillais drainant les étudiants des quatre coins de France. De l’autre, le lycée du Parc, grand lycée public de province à la population essentiellement régionale. Deux établissements présentant peu de points communs, si ce n’est l’excellence de leurs résultats. Parce qu’il n’existe pas un seul chemin vers la réussite, nous avons voulu connaître la clef du succès de ces deux établissements…
Alizée Gau