« Nous apportons une différence qui réside dans le vrai choix d’une spiritualité laïque en dehors ou avec des croyances. Nous avons le souci de mettre en exergue une spiritualité commune. Il s’agit d’une redécouverte de l’humanité de l’être »
Guy Arcizet Grand Maître du Grand Orient de France Président du Conseil de l’Ordre
Des réponses aux questions que vous vous posez…
« Pour un jeune, entrer en maçonnerie consiste à entreprendre une dimension réflexive qui n’existe nulle part ailleurs dans la société. Cette dimension est liée à l’histoire ainsi qu’au poids symbolique et même fantasmatique de l’institution. Notre méthode consiste à écouter dans le plus grand respect les différentes expressions. »
Le premier pas
Le Grand Orient accepte toute personne âgée de 18 ans. Le parrainage n’est pas obligatoire. Il suffit de faire une demande en envoyant une lettre de motivation au siège du GO au 16 rue Cadet 75009 Paris, assortie d’un CV classique. A la suite de cette demande, les impétrants, garçons ou filles, sont contactés pour un rendez-vous avec les loges maçonniques proches de chez eux afin d’engager le dialogue sur leurs motivations.
« L’initiation est issue de nos traditions trois fois séculaires »
Elle se présente comme une sorte de rituel dérivé de certains rituels religieux, en particulier de l’Eglise réformée au début du XVIIIième siècle. Les premiers maçons ont fondé l’institution en y ajoutant une touche personnelle symbolique. Le jour de son arrivée, l’impétrant doit déambuler dans la loge, ce qu’on appelle « les voyages initiatiques» dont la signification est simple. Ce rite de passage n’a rien de très ésotérique. Nous lui expliquons la différence d’avec le monde profane constitué par les non maçons et nous mêmes quand nous ne sommes pas en Tenue. L’initiation se poursuit ensuite de façon beaucoup plus approfondie dans la loge, chacun étant dans une quête à la fois personnelle mais aussi commune pour l’amélioration de la société.
Les trois degrés principaux
L’apprenti : une phase importante dans tous les métiers. Le compagnon : il commence à produire des travaux. Le maître : un ingénieur de la pensée qui dirige les travaux. Si l’on fait preuve d’assiduité, il faut compter environ de un an à un an et demi pour franchir chacun des trois degrés
Les signes maçonniques
Les maçons se reconnaissent uniquement par des types de comportement dans l’écoute et l’expression et non par des signes ou autres grimaces. La franc-maçonnerie a produit une culture maçonnique qui a engendré un mode de comportement très reconnaissable. Un jeune a besoin de cette dimension qui lui permet ensuite une appréhension et une compréhension très personnalisée.
La cotisation
Ne recevant aucune subvention par souci d’indépendance, nous demandons une cotisation annuelle. Cette contrainte peut être contournée par un système de solidarité qui peut défrayer partiellement ou totalement une personne, notamment jeune, gênée financièrement. Selon les loges, cette cotisation varie de 300 à 400 euros an.
« Nous sommes très attachés à la présence en loge deux soirées
par mois. »
Faut-il avoir peur d’être sous la coupe d’une organisation ?
Entré en maçonnerie à 46 ans, j’ai mis du temps à me décider parce que j’étais jaloux de ma liberté et que je ne voulais pas subir de contraintes. Si dans la loge, tout est mis en oeuvre pour préserver la liberté de chacun, il est interdit d’engager l’institution sur une action personnelle. On dit d’ailleurs que s’il n’est pas très facile d’entrer dans une loge, il est très aisé d’en sortir. Un maçon a le devoir de changer de loge s’il ne se sent pas libre de s’exprimer.
Les échéances de 2012
En tant qu’association importante, nous avons chez nous des hommes et des femmes qui appartiennent à un réseau d’influence et d’idées tout en étant des acteurs de la vie publique.
La période de la campagne présidentielle
L’importance de cette période est majeure du fait qu’un certain nombre de problématiques qui tiennent aux structures mêmes et au sens de la société, ont été soulevées. Si l’élection présidentielle doit se faire sur des promesses techniques, comme le montant du SMIC ou le nombre d’enseignants, elle n’aura aucun intérêt. Les candidats doivent réfléchir sur le sens qu’ils veulent donner à une société de plus en plus contrainte par l’économisme.
« Je me sens profondément européen. Nous
avons besoin d’une Europe politique. Si l’Europe veut évoluer, elle doit se doter
d’une gouvernance européenne élective. »
« Les interventions se pratiquent selon diverses méthodes »
Nous avons demandé à tous les candidats à la présidentielle de venir au Grand Orient entre le mois de novembre et la fin janvier pour répondre aux diverses questions que nous allons leur poser. Nous ne souhaitons pas les entendre sur des discours électoralistes mais sur leur vision de la société. Nous sommes très attentifs aux questions touchant à la dignité humaine comme la solidarité, la laïcité et toutes les valeurs de la République qui se sont délitées au cours du temps. Nous ne transigerons pas sur les valeurs que nous défendons. Nous recevons tous les candidats à l’exception des candidats marginaux et de l’extrême-droite qui nous a toujours accusés de tous les maux. A partir du 15 février, nous resterons silencieux, sauf cas de force majeure comme en 2002. Ces discussions seront éditées au début du mois de mars pour une durée de vie éphémère, bien sûr.
Le Grand Maître
Au fil du temps, les loges ont fondé des fédérations comme le Grand Orient de France, association loi 1901. Je suis le président d’une structure juridique, législative et exécutive car le Grand Orient doit gérer des capitaux et s’occuper de ses 110 bâtiments dont son siège qui s’étend sur 10.000 m². En plus de ce travail de gestion qui incombe à tous les présidents d’associations, le Grand Maître bénéficie d’une aura particulière comme représentant de l’Ordre. J’ai été choisi pour certaines de mes qualités, mon ancienneté et mes compétences afin de gérer l’association et d’être le porte-parole des loges, sous le regard de l’Assemblée Générale qui se réunit tous les ans et peut désavouer un Grand Maître.
L’école républicaine
Les jeunes, filles et garçons, ne doivent pas être considérés comme de purs produits de marketing pour l’avenir. Il faut leur donner une conscience citoyenne afin qu’ils comprennent les idées de collectivité et de partage avec un destin commun. Or, ce comportement-là n’est plus une préoccupation de l’école qui ne sert qu’à former les éléments productifs d’une société.
« Les jeunes n’existent qu’en fonction d’une image fantasmatique de leur avenir »
Ils ne sont pas considérés comme des acteurs de la société. Même non productifs, ils devraient l’être, car cette non-reconnaissance peut amener des réactions violentes de leur part. Nous travaillons à cela, car si nous n’allons pas vers les jeunes, les jeunes ne viendront pas à nous. Afin d’avoir une action positive vis-à-vis d’eux, nous demandons actuellement à nos jeunes maçons comment ils souhaiteraient que l’institution évolue.
« La mondialisation est envisagée dans une vision purement financière »
Cette mystique actuelle de l’argent n’est pas mobilisatrice pour les jeunes car ils ont l’espoir d’une vie signifiante. Mon mandat me permettant de voyager à travers le monde, je m’aperçois qu’un grand nombre de pays ont besoin d’évolutions démocratiques, comme les pays entourant Israël, par exemple. Il faut mettre en oeuvre un pragmatisme qui commence par le partage des richesses et l’arrêt de l’exploitation des matières premières locales. Selon l’utopie maçonnique, la parole devrait être donnée à chacun, mais nous en sommes encore loin.
Patrick Simon