Le directeur de la communication, gestionnaire de crise

« Depuis une trentaine d’années, la fonction de directeur de la communication s’est énormément professionnalisée, et est devenue plus stratégique au sein d’entreprises qui communiquent de plus en plus », voilà comment Martine Damour, déléguée générale d’Entreprises et Médias, l’association des directeurs de communication, résume les bouleversements que ce métier a connus récemment.

« Vous ne savez pas ce que vous ferez le lendemain »
Claire Romanet, fondatrice d’Elaee, cabinet de recrutement spécialisé dans la communication, le marketing et internet, confirme : « Il y a trente ans, pour parler de communication, on parlait de publicité. Aujourd’hui c’est un vrai métier, il y a des savoir-faire attendus de plus en plus pointus, une polyvalence de plus en plus grande, une équipe plus importante, une stratégie plus affûtée, un poids au niveau du CODIR plus marqué, des responsabilités plus étendues. » Le rôle du directeur de la communication dans l’entreprise est donc désormais crucial, et ses missions nombreuses. « Le défi c’est d’apporter les bonnes réponses aux questions qui se posent en termes de communication, d’aider l’entreprise à s’adapter au changement (la communication interne est un élément essentiel dans la réussite des mutations de l’entreprise), d’anticiper les problèmes auxquels elle va être confrontée, de prendre en compte les média sociaux qui changent la relation des individus entre eux, etc. », explique Martine Damour. Mais le problème numéro 1 du dir’com des années 2000, c’est avant tout la « gestion de crise », une expression très à la mode. « Vous arrivez le matin, vous ne savez pas ce que vous allez gérer, et vous ne savez pas ce que vous ferez le lendemain », résume Claire Romanet. La raison à cela ? « La possibilité que nous avons tous, maintenant, en tant qu’utilisateurs d’internet de donner notre avis », renchérit-elle. « C’est tellement facile de critiquer que ça fuse de toutes parts. Par ailleurs, les consommateurs ne veulent plus être pris pour des imbéciles donc ils sont plus informés. » De quoi donner du fil à retordre au dir’com qui n’est à présent plus seul à communiquer au sujet de son entreprise…

 

Carte d’identité du dir’com
Formation : Généralement le Celsa, Sciences Po, ou une école de commerce avec option communication.
Parcours professionnel : « Avant d’être directeur de la communication, sauf cas très rare, il faut avoir un minimum d’expérience professionnelle dans le métier, que l’on apprend en agence ou en entreprise », considère Martine Damour.
Age moyen : En général, au minimum 35-40 ans, puisqu’il possède une solide expérience professionnelle passée.
Compétences : Extrêmement nombreuses et variées. Notamment posséder un très bon esprit d’analyse et de synthèse, savoir persuader pour influencer l’entreprise et la faire avancer, être réactif, cultivé, créatif, curieux, savoir écouter les autres mais aussi manager une équipe, rester un généraliste mais posséder certaines compétences pointues, connaître l’entreprise et ses métiers, anticiper en permanence, savoir bien rédiger, avoir du charisme, aimer le challenge et le défi, résister au stress.
Rémunération : Très variable suivant la taille de l’entreprise, le secteur public ou privé. Pour une grande entreprise du secteur privé, le salaire brut annuel est d’environ 120 000 € à Paris, 95 000 € en province (Source : Elaee).
Perspectives d’évolution : Voir la taille de son équipe agrandie, ses responsabilités accrues, mais il est également possible de se diriger vers d’autres secteurs de l’entreprise comme le marketing ou les RH. Martine Damour va même jusqu’à dire que, si directeur de la communication constitue un métier aux multiples facettes et qui permet de toucher à de très gros enjeux, « il ne faut pas non plus s’y enfermer ». Elle explique : « Le dir’com aujourd’hui vient de l’entreprise et doit savoir rebondir ailleurs. Il a des compétences qui peuvent être exploitées dans d’autres métiers : il doit mettre la communication dans un plan de carrière. Il peut évoluer vers les RH, le marketing, le secrétariat général, etc. Cela dépendra vraiment de sa capacité à asseoir sa légitimité dans l’entreprise. »

 

Des conseils aux jeunes dip’ qui souhaitent devenir dir’com ?
La réponse de Martine Damour : « D’abord parlez l’anglais. Ensuite, ouvrez-vous aux médias sociaux parce que c’est évidemment quelque chose qui change notre métier.  Puis, faites votre expérience en entrepriseou en agence. Et enfin, pour réussir, je crois qu’il faut vraiment s’intéresser à l’entreprise. »

 

Claire Bouleau