Face aux innovations technologiques comme la 5G et l’intelligence artificielle (I.A) ou à des crises comme celle de la Covid-19, nous mesurons combien notre développement pour être « durable » nécessite un exercice responsable de l’innovation et de ses diffusions. Ce qui vaut aussi en matière de numérique. Cette responsabilité (d’éthique numérique), est à la fois individuelle et collective. Elle s’exerce aujourd’hui, à l’égard des responsabilités futures et au vivant dans son ensemble.
Numérique : vers une nouvelle compréhension / utilisation ?
La notion d’éthique du numérique vise à promouvoir de meilleurs usages, notamment dans l’adaptation de la transformation digitale. L’éthique du numérique se développe au sein de pensées collectives, replaçant l’utilisateur final et le vivre-ensemble en son centre. Et le grand public semble se montrer de plus en plus méfiant à l’égard des acteurs globaux tels que les GAFAM notamment dans l’utilisation des données personnelles. Des vols récents de données en vue de leur revente sur le Dark Web témoignent des enjeux.
Comment sont traitées les données et comment circulent-elles ?
Comment peut-on faire en sorte qu’elles ne soient pas exploitées sur le Dark Web ? Peut-on craindre une cyberattaque ? Autant de questions qui poussent, malgré des tentatives antérieures peu fructueuses, les gouvernements et les états à réfléchir, parfois en coordination avec les grands acteurs du secteur du numérique (GAFAM, éditeurs, hébergeurs), à des solutions pour rendre responsables toutes les parties prenantes : entreprises, prestataires, utilisateurs finaux. C’est ainsi qu’ont vu le jour le RGPD et la question de l’anonymat sur le web, qui est encore à l’étude.
D’autre part, l’année 2020 a été marquée par une forte poussée du numérique : augmentation de la consommation notamment de la vidéo qui a fait les beaux jours des plateformes telles que Netflix et Amazon Prime, instauration généralisée du télétravail. De nouveaux usages sont nés et une nouvelle façon de travailler encore peu répandue en France s’est instaurée. Des questions se sont posées de façon nouvelle : respect par les salariés à distance des règles éthiques en matière de numérique instaurées par l’entreprise ? Prévention et arrêt de potentielles cyberattaques ou attitudes à risques ?
Malgré ces craintes constantes (vente et vol de données), les idées-reçues et l’accroissement des cyberattaques, le numérique s’impose aujourd’hui dans notre quotidien. Produit de grands investissements, véhiculant conjointement à son développement de grands enjeux tels que l’arrivée de l’Intelligence Artificielle ou le besoin grandissant de cyber sécurité, le numérique est omniprésent dans notre quotidien.
L’éthique au cœur des formations
Face à ces enjeux, une montée en compétences apparaît souhaitable, en matière d’usage du numérique et d’une réflexion éthique associée, tant au niveau professionnel que personnel. Les axes privilégiés seraient la sensibilisation aux enjeux et à un usage plus responsable, ainsi qu’aux mesures de protection. Au-delà du grand public, les informaticiens et ingénieurs informaticiens présentent un enjeu spécifique. Ils sont en effet au cœur de la conception et des décisions sur les nouvelles technologies et leurs usages. Des formations à leur intention visent, par exemple, à développer les capacités à assurer la sécurité des systèmes et des données, et sont d’ailleurs proposées sous statut étudiant, apprenti ou en formation professionnelle. Des certifications peuvent y être associées, telle que celle de Data Protection Officer (DPO) pour les conseillers sur la mise en œuvre du RGPD.
L’éthique numérique au CESI
A CESI par exemple, toutes les formations destinées au numérique comportent des notions de responsabilité et d’éthique. Comment aider ces futurs experts du numérique à intégrer des démarches éthiques dans leur prise de décisions et dans leurs projets, pour un traitement responsable des données ? Il est de l’intérêt de tous que les informaticiens de demain aient conscience du rôle éthique qui leur incombe, en lien avec la société. La prise en compte de leur responsabilité citoyenne, devrait désormais se situer au cœur de leur formation. A cette fin, les ingénieurs et informaticiens pourront s’appuyer sur les valeurs de vivre ensemble et de faire ensemble, identifier les parties prenantes et les bénéfices risques pour chacun et ainsi proposer des solutions respectant au mieux tous les acteurs et dessinant les contours d’une société, moins subie et davantage choisie.
Les auteurs sont : Morgan Saveuse, directeur des études, CESI Ecole d’Ingénieurs et Yann Serreau, directeur exécutif adjoint projet InnovENT-E et Chef de mission Recherche et Innovation à LINEACT CESI