La prépa, ET après ?

Perdu dans les méandres d’un DM de maths à quatre heures du matin, parcouru de sueurs froides face à un colleur de bio particulièrement sadique, saisi de vertiges lorsque vous avez minoré une palle de philo pour la première fois, vous avez été nombreux à imaginer le monde merveilleux de l’après-prépa, vous qui, plein d’usage et raison, rêvez de vivre à nouveau comme les jeunes de vôtre âge ! Mais de l’univers des grandes écoles, on n’a généralement qu’une idée vague, rêvée, fantasmée. Alors, que vous est-il vraiment permis d’espérer ? Témoignage d’anciens combattants qui, un an après, racontent leur ressenti sur l’entrée en école…

 

La vie associative, toujours et encore : l’opportunité de tenter de nouvelles choses
« La grande surprise de la grande école, c’est la vie associative, que j’ai adorée, et qui ouvre vraiment à de nouvelles choses après la prépa », confie Goulven, étudiant à l’ESCP Europe. Pour cause : Goulven a passé une bonne partie de l’année à organiser le raid étudiant de l’école ! « En école, on s’investit parce qu’on a le temps de s’investir, pas nécessairement parce qu’on y avait pensé avant », explique Gaspard, ingénieur à l’ENSTA. Ainsi s’est-il engagé par curiosité dans le programme tutoriel pour jeunes défavorisés que proposait son école. De même pour Marie, à Centrale Lille, qui n’avait jamais pensé à lister BDE. « Je ne pensais pas que tout serait à ce point axé sur la vie associative, confie-t-elle, qui est quasiment plus importante que la vie de l’école ! »

 

 

Moins de travail… Mais quand même !
Un autre mythe de la grande école consiste à croire que le travail y est quasiment inexistant. Aussi arrive-t-il d’être surpris, en particulier en école d’ingénieurs, où les emplois du temps restent généralement chargés : Marie avoue avoir été déçue, en découvrant qu’elle avait toujours 37 heures de cours par semaine. « Mais la charge de travail personnel est beaucoup moins importante », rassure-t-elle. Par ailleurs, les étudiants en école d’ingénieurs sont généralement surpris de constater que l’enseignement reste encore très théorique (mises à part les écoles spécialisées) : « Je m’attendais à ce que l’enseignement soit plus concret qu’en prépa : en fait, tout reste encore très académique, avec des DM, des DS… », confie Marie, un peu déçue sur ce point. Tout le contraire en école de commerce, où les cours se révèlent beaucoup plus pratiques et reliés au monde de l’entreprise…

 

L’école et le networking : un univers plus superficiel
L’ambiance en grande école est généralement très différente de celle qu’on a pu connaître en prépa : plus fêtarde, cela va sans dire, plus ouverte aux nouvelles rencontres, mais aussi plus superficielle. « La différence principale entre la prépa et l’école, c’est la taille, témoigne Quentin, ingénieur à Télécom Paris Tech : en prépa, on est très soudé au sein d’une même classe, alors qu’en école, la notion de promo est vraiment importante. Cela ne veut pas dire qu’on a plus d’amis réels en école, car on a moins le temps d’approfondir avec tout le monde… » Goulven aussi a pu se rentre en compte de cette évolution : « en école, on joue tous un peu un rôle, reconnaît-il. Chacun porte son pull d’association avec fierté, on se sent un peu entraîné par le groupe soi-même…On rencontre beaucoup de monde, mais il est plus difficile de connaître la vrai personnalité des gens. »

 

La déception post-prépa :
En se figurant une vision merveilleuse du monde post-prépa, il arrive d’être déçu lors de l’entrée en grande école. Quelque chose de relativement normal aux yeux de Dominique Monchablon, psychiatre au Relais Etudiant parisien : « Il y a toujours un moment de flottement suite à la fin d’un investissement important. En école, les étudiants ont plus de temps libre et sont beaucoup plus livrés à eux-mêmes, ils sont donc en position de se poser un certain nombre de questions ». En effet, certaines questions existentielles, remises à plus tard pendant la prépa, affluent à nouveau en école : «Tout le processus de maturation de la fin de l’adolescence, mis en suspens pendant la prépa, ressurgit en grande école », explique-t-elle… En particulier, la question de l’orientation peut paraître particulièrement angoissante, dans la mesure où l’on évolue dans un univers beaucoup plus professionnalisant. Face à une certaine superficialité en grande école, il arrive également d’être nostalgique de la prépa, et des liens très forts qu’on a pu y tisser…Selon Sylvie Audibert, coach en gestion du stress et atteinte d’objectifs, cette déception est plus fréquente en école de commerce qu’en école d’ingénieurs, du fait d’un enseignement plus terre à terre et d’un accompagnement moins important: « En école, c’est à l’étudiant lui-même de s’investir : il n’est plus encadré comme en prépa. Lui seul peut déterminer la qualité de son année, par son travail et son investissement… »

 

Alizée Gau