Pour Gilles Seigle, l’inspection des finances est avant tout une école d’exigence. Administrateur des affaires maritimes de 84 à 96, ce titulaire d’une maitrise de droit public, diplômé de l’Ecole d’administration des Affaires maritimes, souhaite élargir son horizon en 96 et est recruté au tour extérieur de l’inspection générale des finances. Il intègre la Caisse des Dépôts, groupe public d’intérêt général en 2000 et pilote, depuis mars 2011, la direction du développement territorial et du réseau (DDTR), une direction très opérationnelle.
Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours
J’avais une passion personnelle pour tout ce qui touche au monde de la mer, j’ai été administrateur des affaires maritimes de 1984 à 1996 et j’ai notamment exercé les fonctions de directeur départemental en Haute Corse, puis de directeur régional en Guyane où j’ai conduit localement la restructuration de toute la filière crevettière. Le fil conducteur de mon parcours a été le développement économique à travers un monde spécifique, celui de la mer, en lien avec les pouvoirs publics et les élus. J’avais travaillé sur cette restructuration avec le ministre des Finances et j’ai eu envie d’élargir mon horizon. Je me suis porté candidat à l’inspection générale des finances, un métier qui vous met en contact avec des univers professionnels très divers et qui recrute chaque année, un candidat au tour extérieur. Recruté le 1er avril 1996, j’ai effectué le parcours normal d’un inspecteur des finances pendant les 4 années de la tournée.
Que vous a apporté votre formation d’excellence à l’inspection des finances ?
Entre les jeunes fraîchement émoulus de l’ENA et les candidats au tour extérieur qui ont exercé des responsabilités opérationnelles, de emblématique, la mission de comptabilité publique. Le cumul des expériences et des générations donne une très grande richesse humaine, un esprit se crée qui va animer la promotion pendant 4 ans. Les missions de contrôle de la première année ont un avantage indéniable, elles vous donnent une méthode, une rigueur, une façon d’aborder les problèmes, c’est une véritable école de formation par rapport à toute la phase d’appréhension d’un sujet, de diagnostic, d’échanges avec les gens contrôlés, toujours dans une logique de factualisation, qui va vous servir dans les missions d’audit, d’évaluation des politiques publiques, et dans tout ce que vous allez faire plus tard. Finalement l’inspection des finances, c’est très opérationnel. Pendant 4 ans, on vit au rythme des missions dont le but ultime est la production du rapport. L’inspection des finances est aussi une école d’humilité, je suis passé du statut de patron à celui d’exécutant. Il y a tout au long de ce parcours « emmené » une construction de l’individu pour lui donner la responsabilité de chef de mission au bout de 4 ans.
Vous avez ensuite rejoint la Caisse des Dépôts…
La chose publique continuait à m’intéresser, je m’étais construit dans ce monde public, territorial, dans l’économie des territoires et j’avais très envie de rejoindre une structure avec les mécanismes du privé, où je pourrai retrouver ces valeurs du public, de l’intérêt général. La Caisse des Dépôts m’a offert l’opportunité de prendre la responsabilité de la direction du développement local et des participations. J’ai ensuite fait un parcours croisé entre l’établissement public et les filiales, avec comme colonne vertébrale les territoires et les élus. Je pilote depuis mars 2011 la direction du développement territorial et du réseau (DDTR).
Quelles sont les grandes missions de cette direction ?
Créée il y a 10 ans, la DDTR compte environ 1 000 collaborateurs, dont 80 % de cadres, 250 au siège et 680 dans le réseau. Cette direction incarne l’action territoriale de la Caisse relation avec les élus locaux. Centre d’expertise de la CDC sur l’économie des territoires, elle est investie d’une double responsabilité, animer le réseau des 25 directions régionales où l’on consolide l’offre des métiers de l’établissement public et mettre en oeuvre les investissementsd’intérêt général de la CDC qui permettent d’accompagner les projets de territoires s’inscrivant dans nos orientations stratégiques. Notre rôle est celui d’un gros incubateur, agissant en réponse aux défaillances du marché et aux carences géographiques, sectorielles, sociales. Nous intervenons dans les secteurs du ville, le développement durable, les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, domaines dans lesquels nous avons développé des compétences, qui viennent compléter nos compétences financières et immobilières. En 2011, nous avons investi 388.9M€ et notre action a permis grâce à l’effet levier la réalisation de 2.8 milliards d’€ de projets territoriaux.
Quels types de compétences et d’expertises requiert votre fonction ?
Mon métier est d‘abord un métier de manager de structures éparses, réparties entre le siège et le réseau. Il requiert une bonne connaissance du fonctionnement des territoires, des élus, de la réalité opérationnelle des territoires, des compétences financières pour pouvoir analyser avec le recul nécessaire les dossiers de financement et d’investissement. Mes compétences sont le fruit d’un background et d’une expérience professionnelle, j’ai toujours choisi des postes qui me permettaient d’être en position de management opérationnel et j’ai géré à cette occasion beaucoup de relations sociales. Cette direction très opérationnelle est en permanence à l’écoute de ce qui se passe dans les territoires et essaie d’apporter des réponses. En appui des directions régionales, elle leur donne un sens commun, une ligne directrice. L’intervention de la Caisse des Dépôts va permettre, là où il y a une carence, de contribuer à la réalisation d’un projet, à la création de valeur économique et donc à la création d’emplois.
Quels profils recrutez-vous ?
Essentiellement des compétences financières, juridiques, parfois des compétences techniques. Nous recrutons soit par voie des concours de la fonction publique soit sur certaines typologiesde compétences des jeunes diplômés. Nous recherchons notamment les profils écoles de commerce, les collaborateurs qui ont une vraie capacité d’action, qui au-delà de leur formation financière ont une bonne écoute, une capacitéà échanger, à créer la confiance, à innover. Il leur faut le sens du travail en équipe. Nous travaillons beaucoup en mode projet.
Un message aux jeunes diplômés
Ce sont des métiers passionnants, très proches de la réalité opérationnelle, du quotidien des territoires. On a la chance de voir les réalisations concrètes, de percevoir ce que la petite pierre que l’on a apportée permet de produire in fine sur le territoire, et on en tire un sentiment de fierté. Quand on peut dans son métier conjuguer ses valeurs, ses priorités et ses centres d’intérêts, c’est une vraie source de satisfaction… Le groupe, de par la multiplicité de ses métiers,son implication dans les territoires, la relation de confiance avec les élus, le permet. Il est important que les gens recrutés aient cette fibre, cet intérêt pour les territoires, pour l’intérêt général, qu’ils portent les valeurs qui sont les nôtres et qu’ils aient pendant les premières années une vraie mobilité intellectuelle voire géographique. La plupart du temps à DDTR, tout le monde, quel que soit son métier, exerce son art sur les territoires et au contact des élus.
A.M.
Contact :
gilles.seigle@caissedesdepots.fr