Groupe leader dans l’ingénierie de l’énergie, présent mondialement dans 48 pays, Technip mène à bien des projets complexes qui associent expertise technique et qualité de l’ouvrage. Chacun de ces projets requière un assemblage précis d’équipements stratégiques, orchestrés par la direction des achats, dont nous parle Marc Duval (CPE Lyon 79, UCLA 80), son Directeur .
Vous occupez aujourd’hui un poste clé chez Technip , entreprise leader dans le secteur de l’ingénierie énergétique mondiale : la direction des achats . Vous y avez également occupé auparavant des postes de management à haute responsabilité. Qu’est-ce qui a guidé vos choix de carrière depuis la fin de vos études jusqu ’à aujourd’hui ?
Depuis mes premières années d’étude et ce jusqu’à présent, j’ai toujours gardé en tête deux objectifs incontournables : tout d’abord travailler à l’international, et ensuite occuper des postes non routiniers, qui favorisent la polyvalence et la mobilité. Ces deux critères ont réellement guidé ma carrière depuis le début. Le secteur de l’énergie lui-même s’est imposé comme une évidence dans la continuité logique de mes études à la CPE de Lyon et à UC LA. Après quelques années passées en Russie et en Serbie dans les années 1980, j’ai ensuite été basé en France d’où j’ai effectué de nombreux déplacements à l’étranger afin de mener chaque projet à son terme. Depuis mon entrée chez Technip, en 1991, les missions à l’étranger représentent environ 30 à 40 % de mon temps de travail. Avant de prendre la direction des achats, que nous appelons ici Global Procurement, j’ai également été Directeur Général de Technip en Allemagne et en France, et Senior Vice President de la Région A, qui regroupe Europe de l’Ouest, Afrique et Inde. L’autre spécificité de ma carrière consiste ainsi à évoluer à des postes qui allient compétences généralistes de management et compétences techniques de connaissance des processus et des technologies.
Les jeunes diplômés n’ont pas de souci
à se faire : le secteur
de l’énergie restera porteur au moins pour les 50 années à venir !
Directeur des achats, qu ’est-ce que cela recouvre comme fonctions, compétences et domaines d’expertise, au sein de Technip en particulier ?
Le terme de « supply chain » illustre en réalité bien mieux la spécificité de ce métier ! Il s’agit de se procurer l’ensemble des équipements nécessaires à nos projets à travers le monde, de la meilleure qualité possible et à un coût optimisé. Sourcing, lancement d’appels d’offre, négociation de contrats, inspection des fournisseurs, transport du matériel sur les sites concernés, supervision de la mise en oeuvre, toutes ces missions composent le coeur de ce métier. Pour vous donner une idée de ce que cela représente, nous avons passé environ 30 000 commandes en 2012 pour un montant de plusieurs milliards d’euros. Il s’agit donc là d’un domaine stratégique pour le Groupe, qui mobilise 1 300 employés à travers le monde. Mon rôle consiste donc véritablement à servir les projets rattachés à tous nos centres opérationnels, à les guider en leur proposant les meilleures pratiques de « procurement » possibles. Pour cela, je travaille en lien étroit avec un réseau opérationnel qui prend sa source auprès des chefs de projets locaux pour arriver jusqu’à moi après être passé par des échelons intermédiaires comme le pays, la région, ou l’industrie concernée. Technip est une société très décentralisée. Les décisions se prennent en priorité à un niveau local. Je m’appuie également sur une équipe dite de « sourcing stratégique » qui me rend compte directement depuis les pays clés pour l’entreprise, notamment en Asie. Pour organiser les échanges d’informations et se coordonner, nous utilisons enfin une plate-forme collaborative informatique. La supply chain fonctionne en quelque sorte comme un entonnoir : les projets, d’abord juste ébauchés, s’affinent en gravissant les échelons jusqu’à me parvenir sous forme d’information claire, mesurée et opérationnelle.
L’ingénierie énergétique est un métier qui va connaître de fortes évolutions , ne serait-ce qu ’au regard des problématiques de développement durable et de raréfaction des ressources traditionnelles . Que pensez-vous du futur de l’industrie, et de l’évolution possible de votre métier ?
La tendance qui se détache le plus nettement est celle de la montée en puissance du gaz. On y a été d’autant plus poussé par la catastrophe de Fukushima et la décision de certains pays, notamment de l’Allemagne, de se dénucléariser. Comment dès lors produire suffisamment d’énergie sans tout miser sur le pétrole ? Le monde consomme de plus en plus alors que les sources d’approvisionnement traditionnelles se raréfient. Le gaz, et l’on parle déjà beaucoup du gaz de schiste aux Etats-Unis, offre donc une alternative intéressante. Même si l’on ne peut pas dire que les réserves pétrolières sont à sec, celles qui restent sont de plus en plus difficiles d’accès, il faut souvent forer plus profondément ou dans des conditions extrêmes. Cet investissement vers le secteur du gaz, l’énergie fossile la plus propre, va donc offrir de nouvelles perspectives de travail ainsi qu’exiger des savoir-faire nouveaux, comme la liquéfaction en mer (GNL flottant). Technip a également choisi de s’intéresser à l’énergie éolienne, notamment en s’associant à Areva pour un projet d’éoliennes offshore à Saint-Brieuc. Il s’agit d’un réel axe de développement en Europe, même si la technologie possède encore une importante marge d’amélioration afin que l’énergie éolienne passe de marginale à stratégique de façon rentable. Enfin, l’espoir apporté par la fusion laisse envisager un autre potentiel élément de transformation de l’industrie.
Selon vous, quels profils de jeunes diplômés, au regard des formations existantes et des compétences personnelles de chacun, peuvent prétendre à un poste au sein d’une direction des achats dans votre industrie ?
En termes de formations, nous recrutons à part égale des diplômés d’écoles de commerce et d’ingénieurs. Cumuler ces deux formations demeure un plus, même si je me permets de donner le conseil suivant aux jeunes ingénieurs : travaillez d’abord quelques années afin d’asseoir votre expertise technique, et orientez-vous ensuite, si vous le souhaitez, vers un MBA. Pour ce qui est des « soft skills », Technip – et j’adhère tout à fait à cet esprit -, recherche des personnalités qui cultivent l’esprit d’équipe et le respect de l’autre. Il s’agit de faire ce qui est juste, humainement parlant. Du côté des « hard skills », sens des responsabilités, prise de décision et d’initiative sont plus que bienvenus ! Si les diplômés d’écoles de commerce démontrent plutôt un esprit de synthèse, les ingénieurs utilisent majoritairement un esprit d’analyse. Dans tous les cas, il leur sera demandé à tous d’associer de la créativité à leur travail, de sortir d’une rigueur passive afin de devenir force de proposition. Enfin, un anglais courant est évidemment indispensable, et la maîtrise d’une troisième langue appréciée. C’est notamment le cas, pour raisons évidentes de pays en forte croissance du portugais (Brésil), de l’espagnol (Amérique Latine), du russe et du chinois. Technip demeure une entreprise fondamentalement internationale : ayez l’esprit d’aventure !
« Take it further » est le slogan de Technip. Valeur de dynamisme , d’excellence et d’innovation, il accompagne la large palette de savoir faire du Groupe. A cet égard, quels sont les métiers ou les domaines appelés à connaître un développement dans les années à venir, et qui pourraient offrir des opportunités aux jeunes diplômés ?
J’ai abordé précédemment les problématiques liées au gaz et dans une moindre mesure aux éoliennes, qui génèrent évidemment des opportunités secteur de l’énergie restera porteur au moins pour les 50 années à venir ! La consommation augmentant couplée à une raréfaction de la production existante, il existe un réel enjeu de développement et un challenge à relever. Je précise également que le Groupe, de par son implantation internationale, son savoir-faire et ses nombreux domaines d’expertise, offre une diversité de métiers incomparable. Chez Technip, il est possible de changer de métier tous les 3 à 5 ans mais aussi de pouvoir approfondir une expertise technique, et surtout, de connaître des expériences à l’étranger. Impossible de travailler ici sans être mobile. Nos centres à travers le monde attendent toujours de nouveaux talents et personnalités. Notre « toujours plus loin » représente plus qu’une valeur partagée, c’est aussi une obligation dans un monde toujours plus compétitif où il faut se démarquer par son excellence. La spécificité de Technip, et il me semble que les jeunes diplômés français sont pour cela à bonne école, consiste à associer une rigueur intellectuelle réputée à une force de créativité et de proposition. Les jeunes qui démontrent cette flexibilité d’esprit ont tout à fait leur place chez nous, quel que soit le département en question. Pour terminer, je mentionne rapidement le domaine de l’IT, qui est actuellement en phase de développement et qui constituera certainement un nouveau foyer de talents dans les années à venir.
En-dehors de votre travail, êtes-vous impliqué dans des activités personnelles ou associatives qui vous permettent de prendre du recul par rapport à la rigueur et la concentration exigées par votre poste ?
Ma passion de l’international ne se manifeste pas que dans le travail ! Collectionneur né, je me suis attaché à constituer dans chaque pays habité une collection particulière, représentative de la culture locale. C’est là une manière d’associer vie professionnelle et développement personnel. J’apprécie également la musique, la peinture moderne et les monographies, que je collectionne par ailleurs. Quant au sport, après avoir beaucoup pratiqué la natation, je me tourne aujourd’hui vers le golf. Il y a un temps pour tout !
Chiffres clés Technip :
36 500 employés
48 pays d’implantation
CA 2012 : 8,2 milliards d’euros
CM
Contacts :
Contact intervenant : mduval@technip.com
Contact RH Technip Corporate : Laure Legrand llegrand@technip.com
Contact RH Technip France : Nathalie Draut Cornec ndrautcornec@technip.com