L’UPVD : la recherche de la qualité totale

Le Grand Entretien : Fabrice Lorente

 

« Il faut raisonner en termes de compétence et de métier et non plus en termes de connaissance et de savoir, car la mission numéro un de l’université est de former des cadres. »
Fabrice Lorente, Président de l’Université de Perpignan Via Domitia

L’action du Président

Quelle est votre définition de l’université ?
C’est un lieu d’échanges, de partage et de recherche, mais également une structure en profonde mutation. Plus ouverte sur les partenariats publics et privés, elle doit prendre en compte la question essentielle de l’insertion professionnelle et s’ouvrir à l’international, tout en restant ancrée dans sa région.

Le fait d’être le plus jeune président d’université de France vous apparaît-il comme un avantage ou un handicap ?
Ce n’est ni un avantage, ni un inconvénient mais une réalité qui ne me pose aucun problème. A l’extérieur, je suis perçu comme une originalité que l’on assimile à du dynamisme, à de l’envie et à du renouveau. Symboliquement, j’incarne une évolution de l’université française avec un décloisonnement, une transversalité et une ouverture d’esprit qui met fin au mandarinat.

Quels sont les axes stratégiques prioritaires des votre mandature ?
Nous travaillons sur le bouclage des budgets dans le cadre d’une refonte de l’organisation de l’université, assortie d’une réflexion sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Nous mettons en place une centralisation accrue au niveau de la gestion financière, comptable et en ressources humaines pour bénéficier d’un suivi avec de réels indicateurs et un contrôle de gestion efficace en appui du pilotage. Nous essayons de faire des économies et d’augmenter les recettes en développant des partenariats avec notre fondation, la taxe d’apprentissage, la valorisation de nos locaux et le développement de brevets.La politique du qualitatif primant sur le quantitatif, notre priorité ne consiste pas à augmenter le nombre d’étudiants mais à disposer de formations adaptées et de centres de recherche moins nombreux mais plus rayonnants et spécialisés. Nous allons proposer une offre de formation totalement revue et articulée à l’échelle régionale, avec une amélioration de l’insertion de nos étudiants à l’aide d’un comité de pilotage paritaire université/milieu professionnel.Enfin, la rénovation de notre patrimoine immobilier passe par la destruction des préfabriqués, la réfaction des bâtiments et l’inauguration de locaux sur nos antennes.

 

Les trois domaines d’intégration

Votre université doit-elle bénéficier plus fortement de son intégration régionale, notamment en matière de dotation budgétaire ?
J’attends un accompagnement beaucoup plus marqué des collectivités avec la mise en place de contrats d’objectifs et de moyens. Je compte les solliciter pour qu’elles comprennent que l’université est une chance en tant qu’acteur du développement économique d’un territoire.

Que peut vous apporter le PRES « Sud de France » dont vous faites partie ?
Cette instance, mise en place le 22 juillet 2012, va nous permettre de travailler sur projet et non pas dans le cadre de structures intégratrices. Au-delà du pole entrepreneuriat étudiant et du collège doctoral, unique sur le Languedoc-Roussillon, déjà initiés par ce PRES, nous pourrons élargir notre offre d’emploi, nous mutualiser, nous compléter et lever des financements à partir d’une image commune et unie. Plus largement, je souhaite que notre pays se dote d’universités confédérées, lisibles à l’international, à l’intérieur desquelles existeront des structures indépendantes.

Les décisions nationales, prises pour réorienter l’université française, vous conviennent-elles ?
Si les assises nationales de l’enseignement supérieur et de la recherche ont permis des échanges intéressants et pertinents, il ne faut pas se tromper de débat. Ce qui pose problème aujourd’hui, ce n’est pas l’autonomie ou la gouvernance des universités, mais les financements nécessaires pour devenir compétitif à l’échelon international. De fait, il faut augmenter la part du PIB allouée à l’enseignement et à la recherche pour relancer l’économie sur le long terme afin de retrouver notre portée.

 

Recherche & international

Le développement de la recherche dans des secteurs clés de votre université, comme le développement durable, constitue-t-il un axe prioritaire ?
C’est primordial et essentiel, raison pour laquelle nous restructurons la recherche sur quelques axes transversaux très forts, dont les énergies renouvelables, le marin en milieux méditerranéens, la biologie – écologie – environnement, le tourisme, l’aménagement des territoires et le droit appliqué. En matière de recrutement, de moyens matériels & humains et d’accompagnement de projets, toute la politique de l’établissement se concentrera sur ces axes pour que Perpignan devienne une référence en la matière.

Comment envisagez-vous le développement à l’international de l’UPVD ?
Si nous comptons déjà un tiers d’étudiants étrangers en provenance de 112 nationalités, notre objectif consiste à se recentrer sur la zone méditerranéenne, l’Europe de l’Est et l’Amérique du sud dans le cadre notamment de partenariats et d’échanges d’étudiants et de professeurs.

 

Le chemin de l’emploi

Les missions de la Direction de  l’Orientation des Stages et de l’Insertion Professionnelle (DOSIP) traduisent-elles une volonté de valoriser les stages ?
Elle a vocation à orienter les étudiants dans le cadre de manifestations diverses. Tous nos étudiants effectuent au moins deux stages au cours de leur cursus. Notre bureau d’aide à l’insertion professionnelle a créé une plateforme (Oriz’UP – accessible librement sur notre site www.univ-perp.fr) sur laquelle nos partenaires professionnels peuvent insérer des mots-clés qui les connectent avec les formations que nous proposons et au sein desquelles ils peuvent choisir des stagiaires ou des collaborateurs.

DUT et Licence professionnelle vous paraissent-ils correspondre à une attente des étudiants ?
Nous proposons une trentaine de licences professionnelles que nous continuerons à porter. Leur construction s’effectue au niveau national avec des licences uniques et attractives, mises en place avec les branches professionnelles. Nous sommes à plus de 90 % d’insertions réussies.

En période de crise économique, l’intégration professionnelle de vos étudiants est-elle préoccupante ?
En période de crise, on se rend compte que, les cadres étant les moins touchés, le niveau de qualification que nous apportons constitue une garantie pour l’emploi. Nous comptons 91 % d’insertion en master. D’un autre côté, le ministère nous demande d’arriver à 50 % de licenciés pour une classe d’âge sans avoir les métiers correspondants à leur proposer. De plus, le taux de bacheliers professionnels et technologiques étant en augmentation, il me paraît impossible d’atteindre de tels pourcentages. Il faut arrêter une démagogie à outrance en soutenant que tous les jeunes peuvent poursuivre des études supérieures. Ce discours n’a aucun intérêt au niveau de la nation qui réclame des métiers manuels et des formations professionnalisantes courtes. Dans ces conditions, l’orientation des collégiens et des lycéens doit être révisée et repensée entièrement.

Le réseau des anciens joue-t-il un rôle important pour les nouveaux diplômés ?
Si nous ne maîtrisons pas encore ce type de culture « grande école », nous travaillons à développer le réseau des anciens pour qu’ils jouent un rôle d’intervenants professionnels et s’impliquent d’avantages dans les parrainages ou comme donateurs pour notre fondation.

 

Patrick Simon