La place de la France dans l’offre alimentaire européenne
Territoire de productions agricoles et alimentaires la France occupe depuis longtemps un rôle majeur dans la production alimentaire Européenne. Cependant en quelques années, le pays a perdu sa position de leader européen des exportations au profit de l’Allemagne et des Pays-Bas. Alors que les échanges de productions végétales peu ou pas transformées restent positifs, les filières animales et les exportations de produits transformés sont, elles, soumises à la concurrence de filières étrangères plus concentrées. La production alimentaire française dispose cependant d’atouts forts pour maintenir et développer une offre alimentaire riche. La diversité de ses productions lui offre un accès à une multitude de ressources et de matières premières dont peu de pays disposent. Par ailleurs, elle demeure une référence de qualité reconnue dans le monde entier et ses producteurs transformateurs possèdent un solide savoir-faire technique et créatif. Il s’agit là d’autant d’atouts pour la création d’une offre de produits innovants nécessaire au maintien et développement de parts de marchés.
La création de nouveaux besoins
Proposer une innovation alimentaire radicale, c’est-à-dire des produits qui révolutionnent l’offre, est aujourd’hui un exercice difficile développés mais également de fortes contraintes techniques, réglementaires et économiques. Une partie de ces contraintes est associée à une perte « relative » de l’importance de l’alimentation dans nos dépenses. La part croissante occupée par le financement de nos services/loisirs et de notre consommation énergétique restreint l’importance accordée au budget alimentaire des foyers. Par ailleurs, innover implique bien souvent d’avoir à vaincre un problème ou combler une insatisfaction des utilisateurs consommateurs. La relative prospérité et abondance qui ont prévalu au cours des cinquante dernières années dans les pays développés ont limité progressivement la prévalence de telles situations. Dans un contexte de tensions croissantes autour de l’accès et du partage des ressources les enjeux de l’alimentation repositionnent cependant les besoins d’aujourd’hui et de demain en terme d’innovation.
Les leviers d’une offre alimentaire innovante
Qu’il s’agisse d’assurer la disponibilité en protéines et nutriments des populations, de réduire les empreintes carbone et eau, d’éviter l’épuisement, érosion ou pollution des sols de culture et d’élevage, d’assurer la préservation de bassins d’emplois ou encore de sécuriser les approvisionnement en quantité, qualité, origine… tous ces objectifs requièrent une évolution des pratiques d’innovation et des relations entre les acteurs des filières et leurs partenaires privés et publics de recherche. Le développement de cette capité d’innovation des entreprises implique tant une révision des pratiques d’innovation dans les entreprises – structuration des portefeuilles d’innovation, refonte des modes de communication, meilleur partage des avancées entre R&D et production, capacité à identifier de nouvelles technologies et pratiques, nouveaux business models mais aussi une plus grande implication des citoyens et consommateurs dans la création de ces nouveaux produits afin de réduire les risques d’erreurs échecs produits. C’est également à nos établissements de formation et de recherche d’apporter leurs soutiens à cette évolution par la formation des futurs cadres impliqués et formés concrètement dans de tels projets et cela en lien avec les entreprises.
Par Gwenola Bertoluci,
Maitre de Conférences HDR AgroParisTech,
Responsable Spécialité Management des Entreprises Agroalimentaires