COMPRENDRE L’ESPRIT D’ENTREPRENDRE
De nombreuses écoles de commerce et universités proposent désormais des cours d’entrepreneuriat, preuve d’un intérêt grandissant pour ce domaine de compétences. Un sondage international effectué en Europe1 indique que 87 % des établissements d’enseignement supérieurs offrent des cours en entrepreneuriat avec comme finalité de promouvoir la créativité et l’innovation auprès des étudiants, les encourageant à envisager la création de leur propre emploi. Cela reposerait essentiellement sur le développement d’un esprit et des capacités à entreprendre. Selon le lexique du Financial Times, l’esprit d’entreprendre fait référence à une attitude qui oriente le comportement humain vers des activités et des résultats entrepreneuriaux. Cette attitude mobilise d’abord une dimension cognitive qui s’appuie sur une attirance pour détecter et gérer des opportunités innovantes, une capacité à prendre des risques calculés et à gérer les incertitudes. Cette gymnastique d’esprit que possède l’individu doté d’un esprit d’entreprendre fait preuve d’adaptabilité et de proactivité ; elle est également positivement associée avec l’intention d’entreprendre. Ce comportement se manifeste notamment par la prise d’initiative, la mise en action, accompagnée par une bonne dose de persévérance pour transformer l’opportunité en projet viable. Bien que cet ensemble d’attitudes comportementales soit reconnu en tant que compétence clé pour l’apprentissage tout au long de la vie, il reste très difficile à définir et à enseigner aux étudiants.
REVOIR LE MODÈLE ÉDUCATIF POUR ENSEIGNER L’ESPRIT D’ENTREPRENDRE
En 2009, l’OCDE2 a publié un rapport d’évaluation des programmes dispensés en Europe dans le domaine de l’entrepreneuriat en formation initiale. Les conclusions de ce rapport soulignent les difficultés importantes rencontrées pour faire ce travail. Pour expliquer cela, il évoque entre autres la multitude de programmes disponibles, la grande diversité des objectifs pédagogiques annoncés ou la durée (souvent courte) des formations dispensées. Il observe également une certaine complexité à mesurer efficacement les compétences comportementales, telles que les changements dans les attitudes des étudiants par rapport à l’entrepreneuriat ou une augmentation de leur confiance dans leurs capacités à entreprendre. Existe-t-il alors un modèle pédagogique optimal qui pourrait favoriser l’acquisition de cet esprit d’entreprendre ?
APPRENDRE PAR L’EXPÉRIENCE L’ESPRIT D’ENTREPRENDRE
Malgré l’incertitude qui continue à entourer la manière de gérer l’éducation en entrepreneuriat en milieu universitaire, plusieurs recherches fournissent des indications à prendre en compte dans l’élaboration de programmes destinés à cultiver l’esprit d’entreprendre. S’appuyant sur l’importance de l’expérience pour son acquisition, on constate d’abord la nécessité de favoriser des pédagogies actives qui placent les étudiants au centre du processus d’apprentissage. Le travail en équipe, proche de la réalité entrepreneuriale, doit ensuite être soutenu. Enfin, la priseen compte du rôle des émotions ressenties lors du processus d’apprentissage semble contribuer au développement de la proactivité, au coeur de la disposition entrepreneuriale. La posture de l’enseignant, centrée sur la facilitation de nouvelles compétences, plutôt que sur la transmission des connaissances, fait aussi partie du programme pour s’assurer de l’arrivée sur le marché de demain des étudiants investis de cet esprit d’entreprendre.
1 Commission Européenne, 2008
2 Evaluation de programmes concernant l’éducation à l’entrepreneuriatprograms
Par NOREEN O’SHEA,
Enseignant-chercheur, Responsable de la majeure « entrepreneuriat et développement d’activités innovantes » du Master de Novancia Business School Paris