Membre fondateur de la ComUE Paris Sciences et Lettres, de quelle manière cette appartenance influence-t-elle votre stratégie ?
L’appartenance à PSL est essentielle : elle a des effets sur notre politique de recherche puisque certaines priorités thématiques scientifiques se décident dans le cadre de PSL. En termes de recrutement, PSL a créé un nouveau cycle universitaire permettant de faire émerger de nombreux profils d’étudiants que nous pouvons recruter, et de contribuer à une meilleure diversité sociale et un meilleur équilibre filles-garçons. Enfin, l’Ecole normale a décidé de mettre en oeuvre l’essentiel de sa stratégie internationale en collaboration avec ses partenaires de PSL.
Comment la profusion de titres que vous avez déjà obtenus (treize lauréats du Prix Nobel, dix récipiendaires de la médaille Fields et vingt-sept récipiendaires de la médaille d’or du CNRS) impacte-t-elle la pédagogie de l’ENS ?
Ces récompenses constituent la conséquence de notre raison d’être. Nous avons conscience d’être au sommet d’une pyramide qui attire dans nos murs quelques-uns des étudiants français et parfois étrangers, les plus brillants d’une génération. Notre rôle consiste à les placer dans des conditions telles, qu’au contact des meilleurs professeurs et des meilleurs chercheurs émergent les futurs prix Nobel et les médaillés du CNRS. Nous avons construit une sorte d’écosystème favorable à l’éclosion de talents, grâce à la présence d’unités de recherche exceptionnelle, grâce à notre pédagogie individualisée qui s’articule essentiellement autour du tutorat.
« Ouverture sur
la société, ouverture internationale et pédagogie innovante sont au coeur de
notre écosystème
de formation »
Quelles sont les innovations pédagogiques sur lesquelles vous travaillez ?
Chaque année, nous créons trois nouveaux MOOCs, une demi-douzaine ayant déjà été mis en ligne dans des disciplines aussi variées que les langues, la physique théorique, la philosophie ou le français. S’ils constituent d’abord une vitrine de l’Ecole normale supérieure, nous considérons également que notre mission consiste à mettre le savoir à disposition du plus grand nombre. Le passage de nos élèves à l’international est obligatoire, une fraction importante de nos étudiants prenant une année de césure complète pour effectuer un séjour à l’étranger. Les élèves doivent aussi effectuer des stages, et nombre d’entre eux s’engagent dans des actions de soutien et de tutorat pour des élèves de Lycées moins favorisés, une ouverture sur la société que nous encourageons et organisons.
L’ENS accorde une grande importance à ses relations avec le monde de l’entreprise. Quelles sont les nouvelles perspectives que vous envisagez dans ce domaine ?
Nous avons lancé une politique dynamique de chaires, subventionnées pour la plupart par des sociétés privées. Six ou sept chaires devraient être lancées dans les prochaines semaines. Nous proposons des formations à des cadres dirigeants de très haut niveau sous forme de cours et de cycles de conférences-débats. Nous avons conclu des partenariats avec de grands groupes qui portent sur des recherches de pointe. Nous encourageons une dynamique d’innovation dans le cadre des incubateurs de PSL, de plus en plus de chercheurs souhaitant créer une start-up ou valoriser une découverte à un moment ou un autre de leur carrière. Nous venons de lancer à PSL, l’Institut de technologie et d’innovation (ITI), cycle de formation post-master qui consiste en une année pré-doctorale de formation à l’entrepreneuriat suivie d’une thèse.
FOCUS sur les grands métiers de l’ENS
Deux tiers de nos effectifs deviennent des enseignants- chercheurs en université ou dans les organismes publics de recherche, 15 % d’une promotion intègre la haute fonction publique ou devient professeur, souvent en classe préparatoire. 15 % des diplômés intègrent les équipes dirigeantes de grandes entreprises privées, on constate une quasi-parité entre les « scientifiques » et les « littéraires », ces derniers apportant souvent à l’entreprise une façon de réfléchir et d’aborder les problèmes de façon tout à fait originale.
Patrick Simon