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Ingénieur-e-s, une espèce en voie d’évolution

Alors que la réalité a parfois dépassé la fiction, voitures volantes et hoverboard prédits pour 2015 par le film « Retour vers le futur II » n’ont toujours pas vu le jour. Peut-être le challenge de demain pour nos ingénieurs ! Ces innovateurs ne cessent de nous surprendre. Jusqu’où iront-ils ? Le point avec Marc Renner, président de la CDEFI et directeur de l’INSA Strasbourg, et Bertrand Bonte, directeur des formations à l’IMT.

 

Bertrand Bonte

Un monde qui change

« Ça va très vite ! Surtout avec le numérique qui bouleverse tout. » On ne peut qu’être d’accord avec Bertrand Bonte. Les smartphones, les bracelets connectés et bientôt les voitures sans chauffeur révolutionnent notre quotidien. Ces avancées technologiques ne sont qu’une évolution parmi d’autres. « La transition est aussi énergétique, écologique, sociale, voire géopolitique », souligne Marc Renner. « Les besoins de la population sont de plus en plus multiples et il est nécessaire d’y répondre progressivement », ajoute le directeur des formations de l’IMT.

Couteau-suisse de l’innovation

Face à ces nouveaux enjeux, les métiers de l’ingénieur s’inventent et se réinventent. La frontière entre ingénieur généraliste et ingénieur spécialisé s’efface petit à petit. Être touche-à-tout devient indispensable. « Pour accompagner ces changements, l’ingénieur doit justifier d’un spectre de compétences de plus en plus large », avance l’homme à la tête de l’INSA Strasbourg depuis 2009. Son homologue confirme. « L’institut Mines-Télécom travaille conjointement avec des entreprises, des chercheurs et des experts pour comprendre les attentes du marché. Aussi, nous avons pu constater une pluridisciplinarité grandissante : les compétences transverses sont venues compléter les aptitudes techniques. » Science, technologie et management, les ingénieurs de demain sont sur tous les fronts.

Marc Renner

Secteurs porteurs

Les métiers d’avenir de l’ingénieur explosent dès à présent. Au premier rang, l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la data. « Le numérique est très prisé par les jeunes générations, parfois au détriment des secteurs traditionnels », remarque Bertrand Bonte. Pour Marc Renner, les filières de l’urbanisme, de la mobilité, de la santé, de la sécurité et de l’agroalimentaire ne sont pas en reste. Transformées par les progrès technologiques, elles évoluent. Le génie civil est désormais armé de maquettes numérisées et de données calculées. Les ingénieurs ne sont pas prêts de chômer !

L’industrie 4.0

Alors que certains craignent de ne plus avoir de boulot, remplacés par des robots, les ingénieurs n’ont pas de quoi s’inquiéter. Ils seront les développeurs de ces machines ! Bertrand Bonte met justement l’accent sur la conception industrielle. « Il est important de réindustrialiser la France. Contrairement à ce que l’on peut croire, le monde industriel n’est pas en train de s’éteindre. Il est en pleine expansion : l’usine du futur se déploie. » L’usine du futur ? Une industrie connectée, du processus à l’utilisateur, en passant par le matériel. Une branche professionnelle qui ouvre ses bras aux futurs ingénieurs et ingénieures.

Ingénieuses ingénieures

« Quand je serai grande, je voudrai être ingénieure ». Une phrase que les deux hommes préféreraient entendre plus souvent de la part des jeunes filles. La parité dans l’ingénierie, une (r)évolution en attente. Les femmes représentent une très faible proportion parmi les élèves-ingénieurs : seulement 28% en 2016-2017. « Il faut qu’elles arrêtent de s’autocensurer. Elles sont autant capables que les hommes de réussir dans les filières scientifiques et technologiques. » Les stéréotypes de genre ont la vie dure. « Il est temps de faire tomber les mauvaises représentations ». A l’attention de ceux qui veulent s’engager dans une carrière d’ingénieur, « n’ayez pas peur de la science et de la technologie, le devenir de la planète en dépend », tient à affirmer Marc Renner. En route vers le futur !