L’internationalisation de l’enseignement supérieur est devenue une réalité que nous abordons (affrontons ?) tous les jours. Une école qui n’aurait pas de stratégie internationale est une école condamnée.
3 niveaux d’internationalisation d’un établissement d’enseignement supérieur. Cette internationalisation se manifeste de différentes manières.
• L’internationalisation de nos activités matérialisée par la part de notre CA réalisée avec des étrangers (ou à l’étranger)
• L’internationalisation de la salle de classe avec la nécessité d’avoir des amphis d’étudiants issus du monde entier
• L’internationalisation du cur riculum qui se tr aduit par la prise en compte de la dimension internationale dans les contenus de formation
De nombreuses raisons
Différentes raisons expliquent ce développement international et son accélération ces dernières années.
• La recherche par les entreprises des meilleurs profils tout en simplifiant le sourcing de leurs recrutements, C’est aux établissements de les identifier et de les former
• Une forte demande des étudiants. Ces derniers sont également de plus en plus mobiles
• La défaillance tant qualitative que quantitative de nombre de systèmes universitaires, ne fait qu’accélérer ces flux d’étudiants
J’ajouterais également trois autres facteurs géopolitiques et géoéconomiques :
1- La massification de la population étudiante comme facteur clé de la croissance du PIB est avérée. Les gouvernements orientent donc leurs politiques éducatives en ce sens. Le rapport coûts/bénéfices est positif pour les États. La population étudiante inscrite dans les établissements d’Enseignement supérieur a, d’ailleurs, doublé tous les 10 ans depuis 1960 !
2- L’intérêt financier des pays d’accueil est évident : ces populations étudiantes étrangères représentent une manne pour les économies. L’exemple australien le montre bien. Le développement de la diplomatie de la connaissance constitue un véritable enjeu pour tous les pays. J’ai expliqué ce phénomène dans Mes Notes Clés (n°52, La géopolitique du savoir).
3- En dernier lieu, l’intensification de la concurrence internationale. Les universités anglo-saxonnes ou québécoises ont un comportement très offensif auprès des étudiants français.
3 grands modèles stratégiques
Pas de doute, nous devons avoir une stratégie à l’international. La question est de savoir laquelle. J’ai identifié trois grands modèles :
Le premier consiste à faire venir « l’international » sur son campus
La deuxième est d’aller « à l’international » en s’implantant
La dernière est de nouer des alliances. Aucune n’est meilleure qu’une autre, les conditions de réussite étant la conséquence d’un grand nombre de facteurs
L’implantation , une très bonne solution mais…
Cependant, après avoir favorisé les partenariats à l’étranger, un grand nombre d’écoles françaises a choisi de s’implanter à l’étranger comme en témoigne une carte récente publiée dans Le Parisien Etudiant http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/info/business-school-car temonde- campus-etranger.html
Cette stratégie est favorisée par un certain nombre d’Etats qui ont décidé de faire de l’enseignement supérieur une véritable source d’activité et de se positionner comme des « hubs ». Je pense notamment au Qatar ou à Singapour.
Une implantation permet de satisfaire aux 3 niveaux d’internationalisation mais attention aux écueils suivants, en plus de l’aspect financier.
• Capacité à s’implanter en solo ou en étant majoritaire
• Capacité à diplômer
• Capacité à offrir les mêmes services que la maison mère, condition essentielle pour obtenir ou maintenir des accréditations
Les écoles françaises se sont lancées depuis quelques années dans une course à l’international. Les retours sont pour l’instant positifs si j’en juge par la place qu’elles occupent dans les classements du FT ou par le nombre d’établissements accrédités.
A nous de continuer dans ce sens !
Par Jean-François Fiorina,
Directeur Adjoint de GEM, Directeur de l’ESC Grenoble,
Président de Passerelle ESC et Vice-président d’Atout +3