Help ! Et si la prépa n’était pas faite pour moi ?

Les premiers mois de l’année sont passés, avec l’arrivée pour certains des premières questions existentielles. La prépa, il n’est pas rare de s’y retrouver par hasard, poussé par sa famille, ses professeurs, et par l’indécision. Face aux premières difficultés, il est parfois tentant de tout arrêter, d’autant plus lorsqu’on se demande si les métiers auxquels mènent une classe préparatoire nous correspondent vraiment. Il est donc important de distinguer ces moments de déprime occasionnels, connus par tous les préparationnaires, des cas où une véritable réorientation est à envisager : d’une part, ne pas supporter le rythme de la prépa n’est pas un mal : il existe d’autres moyens de réaliser sa vocation, en France comme à l’étranger. D’autre part, s’être trompé de voie après le Bac n’empêche pas, un an après la prépa, de se réorienter via certaines passerelles vers une formation qui nous correspond d’avantage. Une décision qui impose cependant d’être murement réfléchie : douter et se remettre en question fait aussi parti des épreuves de la prépa… Parce qu’arrêter la prépa en cours de route ne veut pas dire gâcher sa vie, le point sur les passerelles possibles.

Caroline, 3e année de médecine à Montpellier

« En terminale, j’hésitais déjà entre la médecine et des études de commerce. J’ai tenté la prépa, qui s’est plutôt bien passée : je trouvais la plupart des matières intéressantes, et je m’en sortais bien. Seulement, en mars, j’ai commencé à me projeter dans les métiers du commerce, et j’ai réalisé que je ne m’y voyais absolument pas, que je voulais être plus proche des gens. A partir de ce moment, j’ai compris qu’il ne servait à rien que je reste en prépa : j’ai donc pris un mois de vacances avant de me mettre à travailler sur des cours de médecine que j’avais empruntés à des amis. Cette avance que j’ai prise m’a beaucoup aidée et m’a permis d’avoir le concours de médecine du premier coup l’année suivante. Je ne considère pas pour autant que mon passage par la prépa ait été une perte de temps : j’y ai découvert des choses sur ma personnalité, et j’ai aussi appris à être plus humble. Aux personnes qui hésitent à se réorienter vers la médecine, je conseille d’aller voir des aides-soignants pour voir si le secteur les intéresse vraiment. Si on découvre que c’est vraiment ce qu’on veut faire, mieux vaut ne pas attendre la fin de l’année pour arrêter la prépa : les concours de médecine sont très difficiles, et il n’est jamais trop tôt pour se « remettre dans le bain ». Je pense qu’il ne faut pas s’auto-flageller en se disant « c’est trop tard, j’ai raté ma voie » : nous sommes maîtres de notre orientation. En arrivant en médecine, j’ai d’ailleurs découvert que beaucoup de mes camarades avaient hésité, en terminale, à faire une prépa eux aussi… »


Antoine, 2e année à Sup Méca à Toulon

« Comme ma première année en prépa à Lyon ne s’était pas très bien passée, j’ai voulu me rapprocher de chez moi, à Bordeaux. Seulement, aucune prépa là-bas ne voulait me reprendre. J’ai alors découvert qu’il était possible de continuer un cycle préparatoire à la fac de Bordeaux 1, qui dispensait un DUG et permettait en même temps de passer les concours CCP de certaines écoles d’ingénieurs (notamment l’ENSICA, qui a un bon niveau). J’avais vraiment fait ça par défaut : le début de l’année a été difficile car je ne connaissais personne, mais le niveau des cours était bon et ressemblait à ce qui se faisait en prépa, de manière moins stricte et avec un rythme moins soutenu. Le plus de la prépa, c’est l’ambiance entre les élèves, qui sont très soudés, et je ne regrette pas mon passage par Lyon. Mais rabaisser les élèves sans arrêt et les presser comme des citrons n’est pas le bon moyen pour les aider à s’épanouir et leur faire aimer ce qu’ils vont faire plus tard. Si on hésite à quitter la prépa, je pense qu’il faut déjà voir s’il est possible d’intégrer l’école qu’on vise par d’autres moyens (notamment par admission parallèle) : si c’est impossible, cela vaut peut-être la peine d’endurer la prépa. Mais il y a tellement de moyens de finir au même endroit qu’il ne sert à rien de continuer dans un endroit où l’on n’est pas à l’aise. Autant faire autre chose et bien le faire que faire une prépa mal faite. »

Lauriane, en 3e année de Fac de droit à Lyon

« Dès le début, je savais que je ne voulais pas faire de prépa : ce sont mes parents m’y ont aussi poussée, ma sœur l’ayant déjà faite avant moi… C’était pourtant le droit qui m’attirait au lycée. Une fois en prépa, l’ambiance, la compétition ne m’ont pas plu ; j’avais l’impression de ne pas beaucoup évoluer par rapport au lycée. Pendant les vacances de Noël, j’ai réalisé qu’il ne dépendait que de moi de ne pas revenir, ce que j’ai fait sans hésitations. Aujourd’hui, je n’ai aucun regret : l’ambiance en fac me correspond beaucoup plus, j’aime être autonome et pouvoir travailler comme je veux. Ce que j’ai tiré de la prépa, c’est une certaine force de caractère : je sais maintenant qu’il faut faire les choses pour soi, et non pour les autres… »

La prépa prend un coup de jeune :

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Les réorientations possibles :
… En venant de prépa HEC
– Intégrer une école de commerce post Bac (concours Sésame, Accès…)
– Intégrer une IEP de province en 1ère ou 2e année (après un an de prépa uniquement)
– Faire un BTS (comptabilité, management, commerce international…) ; admission en 2e année, après un an de prépa uniquement
– Les concours de l’ENS : en 2e ou 3e année ; il faut être admissible à l’une des 3 parisiennes pour tenter les oraux de l’ENS

… En venant de  prépa scientifique :
– Intégrer une école d’ingénieurs post Bac sur dossier ou sur concours.
– Intégrer une école après un an de prépa (concours des petites mines, Insa, Fesic, ENI…)

… En venant de prépa littéraire :
– Intégrer une IEP de province en 1ère ou 2e année (après un an de prépa uniquement), ou un master à Sciences Po Paris (après 3 ans de prépa seulement)
- Intégrer une école de commerce sur concours (après deux ou trois ans de prépa)
– Intégrer d’autres établissements d’enseignement supérieur comme l’école du
Louvre (histoire de l’art), le CELSA (communication), une école de journalisme, d’interprétation, de traduction…

Autres possibilités :
– Intégrer un IUT (secteur industriel pour les scientifiques et tertiaire pour les commerciaux), après un an de prépa
– Obtenir une équivalence à la Fac en L2 ou L3 (possibilité d’intégrer une grande école ultérieurement par les voies d’admission parallèle ou sur titre)
– De nombreuses possibilités à l’étranger (Universités, EPFL, HEC Montréal…)
Attention : pour certaines réorientations, il existe une limite d’âge ou d’année d’obtention du Bac

Faut-il attendre la fin de l’année scolaire pour se réorienter ?

Même si la prépa est difficilement vécue, il est en principe conseillé d’attendre la fin de l’année pour se réorienter, car il faut généralement attendre la rentrée suivante pour pouvoir rejoindre un autre établissement. A l’issue d’une ou deux années de prépa, on obtient notamment des équivalences permettant d’intégrer une école ou une université directement en première ou deuxième année. Il existe cependant des exceptions, notamment lorsqu’on se réoriente en médecine (cf témoignage de Caroline) où la difficulté du concours incite à se préparer à temps-plein avant même la rentrée officielle en première année.

 

Réorientation à l’étranger

Pour ceux qui rêvent d’une carrière internationale, il est aussi possible de rejoindre une université étrangère. Pour les ingénieurs, l’EPFL, en Lausanne, accepte notamment des étudiants de classe préparatoire après examen de leur dossier. Disposant de très bons classements internationaux (20e dans le domaine de l’ingénierie), l’école, moins sélective à l’entrée, procède néanmoins à un fort écrémage au cours des trois premières années, et propose des partenariats avec des écoles françaises et internationales réputées. Pour les commerciaux, HEC Montréal recrute également des élèves français après une première année de prépa. En 2011, l’école obtient le rang de 24e école de commerce mondiale. L’école excelle en particulier dans le domaine de la finance, avec un Msc mondialement reconnu. Des classements qui donneront sûrement à réfléchir…

 

Les réorientations en école :

Elles sont possibles aussi. Il faut dans ce cas être particulièrement attentif au choix de son école, en se basant sur d’autres critères que le classement : certaines écoles proposent en effet des doubles diplômes spécifiques (ingénieur-commerce, IEP, journalisme, école d’art, d’architecture, de design…) permettant dese réorienter une fois en école. Il est également possible de poursuivre une licence en parallèle d’une grande école, pouvant se prolonger par un master.

 

 

Alizée Gau

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