Alain Picard, DG Adjoint Finance, Achats et SI du Groupe SNCF (ESSEC 85).
Alain Picard, DG Adjoint Finance, Achats et SI du Groupe SNCF (ESSEC 85).

GROUPE SNCF : L’international, un vrai potentiel de croissance rentable !

Nommé voilà un an au poste stratégique de Directeur Général adjoint Finance, Achats et SI du groupe SNCF, Alain Picard nous fait découvrir le Groupe SNCF,  les grands défis à mettre en œuvre et les nouveaux talents que le groupe recherche.

 

Alain Picard, DG Adjoint Finance,  Achats et SI du Groupe SNCF (ESSEC 85).
Alain Picard, DG Adjoint Finance, Achats et SI du Groupe SNCF (ESSEC 85).

« SNCF est une entreprise très mal connue qui souffre d’un écart prodigieux entre la perception générale et la réalité », estime Alain Picard. Le Groupe dénombre 245 000 salariés et affiche un chiffre d’affaires  de 32,6 milliards d’euros à fin 2011 « dont près de 25 % hors de France ! ». « Les gens ne connaissent généralement qu’une activité, celle de TGV ; or, nous exploitons également, à titre d’exemple, le réseau  de transport urbain de Lyon, Lille, Bordeaux, mais aussi du tramway de Melbourne ou dans plus d’une douzaine de pays à travers le monde. » Plus précisément, le portefeuille d’activités du Groupe SNCF est constitué de SNCF Infra (exploitation et maintenance du réseau ferroviaire : 5,3 milliards de CA), SNCF Proximités  (le transport public urbain et régional avec Transilien, TER, Keolis : 12,3 milliards de CA), SNCF Voyages, le plus connu (TGV, Eurostar, Thalys… mais aussi IDBUS, les cars de Paris, Lille ou Lyon vers Londres, Bruxelles, Amsterdam, Turin ou Milan : 7,3 milliards de CA), SNCF Geodis (le transport et la logistique  de marchandises : 9,4 milliards de CA) et enfin  Gares & Connexions, la gestion et le développement des 3 000 gares françaises (1,2 milliards de CA).

 

Une offre multi-modale  et de l’innovation
Alain Picard est chargé de chapeauter les finances du groupe SNCF et a également la responsabilité des achats. « Il s’agit de gérer un volume annuel d’achats de plus de 12 milliards d’euros par an (hors les péages versés à RFF, Réseau Ferré de France). » Troisième casquette, Alain Picard est aussi responsable des équipes en charge des systèmes d’information et de télécommunication. « J’ai sous ma responsabilité plus de 2000 personnes. » Les principaux objectifs de développement du Groupe ? « Faire encore mieux et moins cher le transport ferroviaire de demain. » L’un des enjeux  majeurs se situe en Ile-de-France, où 2,9 millions de voyageurs empruntent quotidiennement le réseau (soit 2/3 des voyageurs ferroviaires SNCF). Deuxième objectif : il nous faut être capable de proposer aux clients de la multi-modalité (tous les modes de transports) et de l’innovation. En clair,  SNCF ambitionne d’interconnecter, au mieux, un TGV, avec un TER, un tramway, un bus, ou encore une voiture de location et un vélo. En ce qui concerne l’innovation, « il s’agira par exemple de permettre à chacun de pouvoir aisément préparer, réserver et payer son trajet de porte à porte via son téléphone ou sa tablette. »

 

Développement international
SNCF doit par ailleurs poursuivre son développement à l’international, « vrai potentiel de croissance  rentable », à l’instar des services de mass transit (transport  public) mis sur pied en Inde, en Amérique du Nord  ou en Australie (via la filiale Keolis du groupe SNCF). « Il existe notamment un besoin considérable de transports publics au sein des pays émergents, car ces grandes villes explosent et ne disposent pas de structures de transport. Il s’agit dès lors d’un marché immense pour nous. »  Autre chantier à l’international, la participation à la construction d’une ligne à grandes vitesse au Maroc. Des projets similaires au Brésil et en Russie sont  également à l’étude. Par ailleurs, des métiers tels  que le transport et la logistique de marchandises sont intrinsèquement internationaux. SNCF ambitionne ainsi de développer ses filiales telles que Keolis ou Geodis car ce sont notamment ces dernières qui  permettront au Groupe d’asseoir son développement à l’étranger. Elles jouent le rôle de têtes de pont du développement à l’international, relais de croissance rentable et pérenne au bénéfice du Groupe.

 

Des objectifs financiers clairs et précis
A la fin du 3e trimestre 2012, le Groupe SNCF  affiche une croissance du chiffre d’affaires solide  (+ 3,2 %), mais contrastée, avec notamment les  effets de la crise qui rejaillissent nettement sur le  niveau d’activité. « Le transport des marchandises est en récession depuis la fin de l’année 2011.  Autre fait notable, depuis septembre, nous constatons que le nombre de passagers TGV est en ralentissement, notamment la clientèle professionnelle.  Les objectifs financiers à l’horizon 2017 ? Deux chiffres simples : la dette de 8,3 milliards fin 2011 à  environ 6 milliards d’euros et l’Ebitda de 3 milliards en 2011 à 4 milliards. »

 

Un parcours savamment orchestré
Diplômé de l’ESSEC (Promotion 85), Alain Picard croit à une part de hasard dans une carrière. « Parmi les différentes expériences que j’ai menées, j’ai été très heureux de travailler chez Valeo, de 1991 à 1994. Il s’agit d’un groupe très rigoureux en matière de qualité industrielle, mais également dans le  domaine financier. Je garde un souvenir formidable de ces trois années, où j’étais en charge de la  direction financière d’une usine en Espagne. Autre  expérience, très intense, à la direction du contrôle de gestion de Moulinex, entre 1996 et 2000. C’était l’époque de la restructuration industrielle. Une expérience marquante et une belle aventure humaine. Enfin, les huit années passées au sein de Geodis,  à la direction du contrôle de gestion et à la direction  financière ont été très bonnes. Un choix assumé, j’ai toujours souhaité travailler dans des groupes français. »

 

Un outil public unifié
La décision est prise de créer un pôle public unifié du ferroviaire qui réunira RFF et SNCF en un seul Groupe tout en respectant les règles de compatibilité européenne. Cette réunification doit permettre  un meilleur service à nos clients et une meilleure  efficacité économique. Il ne faut également pas  oublier que le ferroviaire français bien au-delà de SNCF ce sont 400 000 emplois dans la filière.

 

L’arrivée de la concurrence
« A l’horizon 2019-2020, la concurrence se mettra officiellement en place dans le domaine ferroviaire  voyageurs. Nous nous y préparons d’ores et déjà. » Outre le travail qui est réalisé au quotidien pour  rester la marque préférée de nos clients dans toutes nos activités ferrovières, le Groupe proposera  notamment une offre de TGV économique (Ouigo). Autre piste, déjà mise en œuvre : la création des IDBUS : une nouvelle offre de transport en autocar à haut niveau de services sur des trajets longue distance (au départ de Paris, Lille et Lyon à destination de Bruxelles, Amsterdam, Londres, Turin et Milan).  « Cela dit, le concurrent du train, c’est la route ou l’avion, pas d’autres trains ! Nous anticipons l’ouverture au niveau européen : l’Italie a désormais un concurrent privé de poids, Italo (SNCF en est actionnaire à 20 %) qui offre aux clients une palette de  services étendue. »

 

 

S.B

 

Contact
a.picard@sncf.fr