Universités et grandes écoles ont-elles la green attitude ? Cas d’école avec l’Université Paris-Nanterre, GEM, l’EFREI Paris et l’ISA Lille.
Les mots en disent long sur l’intention en matière de développement durable (DD). Récemment le titre de Stéphane Brette de l’Université Paris-Nanterre a changé. Désormais il est VP patrimoine et transition écologique. Hier il était responsable du patrimoine et du DD. « Parler de transition montre que nous sommes dans l’action. » Une action qui, comme pour les autres établissements, s’inscrit dans une stratégie RSE. « Il est important de montrer qu’agir n’est pas un coût mais bien un bénéfice, notamment financier avec les baisses de consommations énergétiques, en eau… » insiste Stéphane Brette, soutenu depuis le départ par sa présidence.
Vers une approche systémique
L’objectif est double à GEM comme l’explique sa responsable RSE, Jacklin Rosebrook. « Agir pour un impact positif sur notre environnement et pour réduire notre impact en matière écologique et de carbone. » Depuis 2007, GEM est signataire du Global Compact (ONU), qui inclut les Principes pour un Enseignement Responsable du Management. « Cela nous oblige à la transparence et au reporting » confirme Jacklin Rosebrook. Les critères RSE devenus explicites dans les accréditations internationales comme EQUIS, motivent d’autant les écoles.
Exemplarité fait loi
A l’ISA Lille (Yncréa Hauts-de-France) Franck Chauvin, responsable RSE, a décroché la norme environnementale internationale la plus exigeante, ISO 14001. « C’est un symbole fort de notre engagement. Les audits sont annuels, et il y a un lien avec nos actions, notre stratégie d’établissement et notre expertise d’école d’agro. Nous devons être pionniers et entraîner nos étudiants sur ce terrain en tant que futurs cadres. »
Un engagement collectif
L’EFREI Paris également signataire du Global Compact, est engagé depuis 2012 en matière de DD. « Nous avons d’abord travaillé les axes social et diversité, raconte Andreas Topp, délégué général de Human’IT et the EFREI Paris Fund. Depuis 2017, nous accélérons côté écologie. » Soutenu par la direction, Andreas Topp travaille aussi main dans la main avec les étudiants. « Déployer une stratégie d’établissement et concerner les élèves dans leur formation comme leur vie étudiante fait que nous sommes tous gagnants à la fin. » L’EFREI Paris comme GEM utilisent le référentiel du label DD&RS mis au point par la CGE, la CPU, le REFEDD et les ministères de l’écologie et du supérieur dans la foulée du Grenelle 1 de l’environnement. « Depuis 2015, écoles et universités mènent ensemble leurs réflexions et créent des outils pour la collectivité », se félicite Jacklin Rosebrook.
A quand le DD pilier des stratégies d’institution ?
Observatrice de la prise en main du DD par les établissements, Elisabeth Laville, présidente fondatrice en 2005 de Campus responsables et des Trophées des Campus Responsables note que les choses progressent trop lentement. « Le défaut est de considérer le DD comme un élément à part, alors qu’il est un thème transversal par définition. Il devrait être à la fois intégré dans toutes les dimensions d’un établissement, à commencer par tous les cours, et un pilier de toute stratégie d’institution, avec ressources à l’appui. »
La jeunesse au secours de la planète
« Et un et deux et trois degrés ! C’est un crime contre l’humanité ! » scandaient des étudiants bordelais le 15 mars dernier. D’autres brandissaient des pancartes affirmant que « Si le climat était une banque on l’aurait déjà sauvé ! ». Le 15 mars 2019, la grève mondiale pour le climat réunissait 1,5 million de jeunes dans 125 pays dont 200 000 en France. Les jeunes montent au créneau, « Vos mesures tièdes nous font bouillir ! ». Ils demandent une justice climatique, craignant à juste titre de subir les conséquences de l’inaction face à l’urgence.
Et en quête de sens
En octobre 2018 déjà, des étudiants d’HEC Paris, CentraleSupélec, l’ENS, AgroParisTech et Polytechnique lançaient le Manifeste Etudiant pour un réveil écologique. Début avril, ils avaient récolté 30 500 signatures, dont 27 500 Français issus de plus de 300 établissements. Aujourd’hui, ils sont reçus par des parlementaires, des entreprises, des syndicats. Ils diffusent une boite à outils et un « Kit enseignement et transition écologique » passant ainsi du discours à l’action.
« Il est important que mon école soit engagée »
Geoffrey Agopian, en 2eA à GEM, membre du comité de pilotage RSE, membre d’Impact, association de DD, et signataire du Manifeste Etudiant pour un réveil écologique
« J’ai signé le Manifeste sans hésitation. Il faut que les choses prennent de l’ampleur, et les jeunes ont un rôle à jouer. J’agis aujourd’hui et suis déterminé à continuer demain. D’abord en trouvant un travail qui a du sens, dans une entreprise éthique. C’est aussi pourquoi il est important que mon école soit engagée, et apporte du sens à ma formation. Intégrer Impact relève aussi de cette démarche. Je travaille sur le projet Dynamique RSE, de conseil à des entreprises locales. Ces missions sont très formatrices, montrent les freins et leviers de politiques DD. Impact est membre du REFEDD et à ce titre, je participe à des audits de campus qui postulent au label DD&RS. Je me suis aussi impliqué au sein du Comité de pilotage RSE de l’école avec Jacklin Rosebrook. Il œuvre pour une école plus responsable et plus propre. »
« Je veux être moteur de solutions »
Hugo Butery, en 2eA à l’EFREI Paris, président de Symbioz, association de promotion du DD
« En tant que scout, je suis sensibilisé depuis l’enfance à la préservation de la nature. Un engagement de plus en plus présent dans ma vie. J’ai rejoint l’association de DD en entrant à l’EFREI Paris. Mon idéal est que les jeunes habitent et imprègnent la planète, tels des citoyens engagés et avertis. Nous faisons de la sensibilisation, et nos projets servent les étudiants, l’école et plus largement la société. Participer à des manifestations, signer des pétitions, n’est pas mon type d’action. Je réfléchis à comment agir, à comment notre système est compatible avec le DD, à comment entraîner d’autres avec moi. Je veux être moteur de solutions. La bataille de l’opinion est gagnée. Il faut passer à la prochaine étape dans le pays, dans les entreprises, la formation. Une manière d’y contribuer est de travailler avec le pilote de la démarche DD de notre école, Andreas Topp. »
La biodiversité se préserve aussi sur les campus
En 2011, des étudiants naturalistes imaginent un observatoire de la diversité pour le campus de leur université à Montpellier. Ils mobilisent étudiants et personnels pour réaliser cet inventaire. « C’est un travail scientifique, avec des méthodes, des données à collecter et analyser, et bien entendu un objectif : agir sur le campus. Pour cela nous avons aussi sollicité notre président d’université » raconte Guillaume Bagnolini, co-fondateur d’Inventaire Fac. Forts de cette réussite, Inventaire Fac nationalise le dispositif avec l’aide du REFEDD en 2014. Aujourd’hui, 11 campus sont impliqués. « Le principe est le collaboratif, le partage des bonnes pratiques et des résultats. Les données sont scientifiquement validées par un enseignant-chercheur. Nous avons édité un guide et préparons un recueil des bonnes pratiques. »
Green actions
Université Paris-Nanterre : suppression des produits phytosanitaires, plantation d’une prairie pour les abeilles de 12 ruches et comme refuge de la LPO, réutilisation des déchets verts, géothermie et récupération de l’eau de pluie…
GEM : Ecole « zero waste », bilan carbone mené par des étudiants, travail sur la mobilité durable, abonnement électrique 100 % renouvelable…
EFREI Paris : Rénovations pour réduire les consommations électriques et en eau, recyclage des équipements informatiques, introduction d’indicateurs green IT dans la gestion des SI, installation de panneaux solaires…
ISA Lille : Toiture végétalisée, jardin potager, relamping (-37 % des consommations d’électricité), pilotage de la chaudière (-26,5 % de consommation de gaz)…