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Grandes Ecoles : le choix de l’excellence dans la diversité

Historiquement pointées du doigt pour leur élitisme, les Grandes Ecoles (GE) opèrent depuis une dizaine d’années une profonde transformation en matière d’ouverture sociale. Fini le temps des Business Schools essentiellement réservées aux classes sociales favorisées, les rangs se diversifient et s’enrichissent de profils aux origines variées. Selon le baromètre 2015 de l’ouverture sociale des GE (dressé par l’association Passeport Avenir et la Conférence des Grandes Ecoles), elles sont une majorité (53,2 %) à compter en leur sein plus de 30 % d’étudiants boursiers alors qu’elles n’étaient qu’un tiers il y a tout juste cinq ans !

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L’offensive des Grandes Ecoles
Les programmes d’égalité des chances ne sont pas un mythe mais une réalité belle et bien ancrée dans le fonctionnement des Business Schools. En témoigne l’accroissement des enveloppes budgétaires allouées pour en assurer le fonctionnement et le développement : en moyenne 193 000 euros par établissement en 2014-2015, selon le baromètre. Cet investissement englobe le financement de personnels et de moyens dédiés, la mise en place d’actions d’information et de sensibilisation en amont ainsi qu’un soutien en aval. Parmi les actions phares menées par les écoles, les « Cordées de la réussite » ont véritablement permis de faire évoluer la situation. Orchestré de concert par les professeurs de collèges ou lycées, les étudiants et les équipes pédagogiques de Business Schools, ce dispositif d’accompagnement encourage les élèves du secondaire à poursuivre leurs études après le bac en leur donnant les clés pour s’engager avec succès dans des filières d’excellence. Les chiffres sont éloquents : 19 000 élèves de 490 lycées en zones prioritaires bénéficient de ce dispositif cette année (+140 % depuis 2010). Particulièrement sensible aux questions d’ouverture sociale, l’EM Normandie fait partie des écoles investies dans ce mouvement et affiche un bilan résolument satisfaisant : 150 jeunes collégiens et lycéens de 8 établissements accompagnés chaque année et 100 % de poursuite d’études supérieures depuis la création d’EDRESUP il y a 10 ans. Nombreuses aussi sont les GE à prévoir en complément des fonds d’aide pour soutenir leurs étudiants en difficulté financière et à négocier en amont des conditions préférentielles avec des organismes bancaires pour leur permettre de contracter des prêts à faibles taux (15,2 millions d’euros en 2014-2015).

 

Un écosystème favorable à la diversité
D’autres facteurs jouent également un rôle prépondérant dans la démocratisation des Business Schools : l’alternance et la multiplication des voies d’admission. Rémunérés et exonérés de frais de scolarité, les étudiants en alternance ne perçoivent pas de bourses – et ne sont donc pas inclus dans les statistiques – mais cette modalité attire une diversité de talents issus de milieux plus hétérogènes. La filière connaît d’ailleurs une belle envolée ces dernières années à l’EM Normandie : après un boom de +40 % l’an dernier, elle réalise cette année une nouvelle percée de +27 % portant ainsi à 400 le nombre d’étudiants inscrits dans la filière. L’autre fait marquant est la multiplication des voies d’admission, véritable levier de diversité. La classe préparatoire n’est en effet plus l’unique voie d’accès : 40 % des étudiants sont désormais issus des « admissions parallèles », dont des BTS et des DUT (13,5 %) ou des licences universitaires (18 %)… des voies réputées moins « élitistes » socialement, mais pleines de jeunes talents qui réussissent dans le milieu professionnel.Même si le bilan aujourd’hui atteste d’un mouvement favorable à la diversité et à l’ouverture sociale dans les Grandes Ecoles, il reste toutefois nécessaire que cette dynamique soit maintenue et renforcée. Les enjeux sociétaux et organisationnels en sont évidents : la diversité des talents pour une richesse des compétences, pour des entreprises plus performantes… Cette quête de diversité ne doit pas non plus omettre les actions d’équité entre filles et garçons. Ces dernières continuent d’accéder moins favorablement au marché du travail que leurs homologues masculins. Et malgré de belles initiatives et des outils significatifs (réseaux féminins, outils Egalité, MOOCs…), les GE doivent impérativement poursuivre leurs efforts sur cette question.

 

Par Sabrina Tanquerel,
enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines à l’EM Normandie et chargée de mission diversité