Marc Delcourt (ENS 90), Directeur Général de Global Bioenergies
Marc Delcourt (ENS 90), Directeur Général de Global Bioenergies

Global Bioenergies industrialise son procédé de fabrication de pétrole renouvelable

Entreprise unique en son genre, Global Bioenergies conçoit et produit des carburants et matériaux identiques à ceux dérivés du pétrole, mais… à partir de ressources renouvelables ! Une odyssée scientifique et industrielle 100 % innovante et absolument exemplaire. Rencontre avec Marc Delcourt (ENS 90), son PDG…

 

Jusqu’à il y a une vingtaine d’années, le faible prix du baril de pétrole (inférieur à 20$) interdisait l’émergence d’alternatives à l’utilisation du pétrole comme source de fabrication des carburants et matériaux plastiques. Depuis 15 ans, ce prix n’ayant cessé de grimper, il en va autrement. C’est précisément à cette époque que Philippe Marlière et Marc Delcourt se rencontrent. Tous deux sont issus de l’ENS et ont fait leur thèse en biologie. Si le second dit du premier qu’il est un « scientifique visionnaire », il se qualifie lui-même de « scientifique défroqué » pour avoir lâché la recherche pure et pour se consacrer au management de l’innovation.

Marc Delcourt (ENS 90), Directeur Général de Global Bioenergies
Marc Delcourt (ENS 90), Directeur Général de Global Bioenergies

Ça marche !
Aussi, en 2008, décident-ils d’unir leurs destins pour créer Global Bioenergies. Il s’agissait de « faire quelque chose que personne ne pensait possible : fabriquer de la vraie essence, du vrai kérosène, du vrai diesel et de vrais plastiques à partir de ressources renouvelables ! ». Marc Delcourt précise : « Philippe était l’auteur, moi le metteur en scène, ne manquait plus qu’un producteur ! ». C’est Seventure, la filiale de capitalrisque de la BPCE qui accepte de financer le scénario. Budget alloué ? 3,2 M€ pour établir la preuve de concept. En 2011, eureka ! La preuve est faite dans un premier prototype. « Nous sommes parvenus à réécrire le logiciel de micro-organismes pour qu’ils se mettent à produire de l’isobutène, dont on dérive ensuite carburant et matériaux ». Introduite en bourse pour être refinancée (6,6 M€), l’entreprise atteint son second objectif en 2013 : développer le procédé en laboratoire, pour qu’il produise de l’isobutène à l’échelle du kilogramme. Les états français et allemand se mobilisent alors pour permettre la mise en place de deux pilotes industriels. Le premier sur Pomacle-Bazancourt, le premier site agro-industriel d’Europe localisé près de Reims où siège déjà Cristal Union, le deuxième sucrier français (sucre Daddy), lequel entre au capital capital de Global Bioenergies à hauteur de 6 %. Ce premier pilote industriel ouvrira dès octobre 2014. « Le site allemand, lui, ouvrira un an plus tard et aura une capacité de 100 tonnes/an d’isobutène haute pureté, destiné à fabriquer des carburants et matériaux haute performance. Parallèlement à l’aide reçue par les états, nous avons effectué une levée de fonds de 23 millions d’euros sur la place de Paris, et avons noué des partenariats avec plusieurs industriels. »

 

« Notre mission : convertir les carbohydrates
en hydrocarbures !
Ça vous parle ?… »

On ouvre !
Au nombre desquels Arkema, premier chimiste français intéressé à fabriquer des peintures acryliques plus « propres » grâce à cette révolution, Audi qui s’intéresse de près aux moteurs fonctionnant avec des carburants renouvelables ou encore Synthos, l’un des plus gros producteurs de caoutchouc synthétique. Les choses semblent donc bien engagées. Pour quelle stratégie à venir ? « Quand les pilotes nous permettront de produire et de confier à des industriels des échantillons à l’échelle de la tonne, nous pourrons négocier la concession de licences d’exploitation. Si Global Bioenergies ne compte encore que 56 collaborateurs, nous recrutons de manière continue, d’abord principalement dans nos départements de R&D, puis plus récemment en génie industriel. La biologie industrielle est encore un domaine émergent, qui ne compte que quelques dizaines d’acteurs. La France est bien positionnée, deuxième derrière les Etats-Unis, et a fait de ce domaine une grande cause nationale puisqu’il figure parmi la petite trentaine de secteurs clés de la « Nouvelle France Industrielle », sur lesquels l’Etat estime qu’il est capital d’investir dans les années à venir. »

 

JB

 

Contact : emploi@global-bioenergies.com