S’approchant toujours davantage dans son cursus de l’humain et de la seule constante qui soit : le changement ! François Taddéi (X 86, ENGREF 91, Doctorat génétique 95) se passionne aujourd’hui pour l’éducation et a fondé un institut dédié à l’innovation et la recherche unique en son genre. Dommage qu ’il lui faille un peu – beaucoup prêcher dans le désert…
Quel fil rouge vous guide dans votre parcours ?
Qu’il s’agisse de physique, de biologie, de l’étude de l’évolution ou, à présent, de l’éducation et du web, je me suis toujours focalisé sur le changement et ses processus, car quel que soit le domaine étudié, c’est là qu’on en apprend le plus et trouve une chance de pouvoir anticiper l’étape suivante.
En un an , Outre-Atlantique , 3 millions de personnes se sont inscrites sur les universités en ligne : Harvard, Stanford, MIT… Quels sont les atouts de ce nouveau mode d’enseignement ?
L’atout majeur, c’est bien sûr de mettre gratuitement à portée de tous un enseignement de qualité, notamment dans les pays en développement. Ensuite, par rapport au modèle classique, seul le meilleur est proposé en ligne. Valorisant non seulement leur image, ces universités touchent ainsi un public nouveau sans avoir à craindre de se voir désertées : vie du campus et labos demeurant irremplaçables. Enfin, elles y gagneront financièrement puisque seuls les cours sont gratuits ; la certification des cursus est payante et elles s’ouvrent la possibilité de revendre les meilleurs profils aux chasseurs de têtes.
Quant aux limites du genre ?
Tout d’abord le contenu est proposé uniquement en anglais. Ensuite, il est figé et n’est pas conçu pour s’adapter à tel cas, culture ou pays. De même, toutes ces données non plus que les logiciels utilisés ne sont pas ouverts, pas d’open source. On est clairement dans un modèle propriétaire, américain et… privé ! Ce qui pose de vraies questions sur la détention de la connaissance pour les temps à venir.
Et en France , où en est -on de ce côté ?
Nulle part. Après un an, alors que le phénomène suscite des réactions partout, les institutions commencent à peine à en prendre conscience alors que grâce aux universités en ligne, nos professeurs pourraient libérer un temps précieux qu’ils passeraient avec leurs étudiants pour répondre à leurs questions et les impliquer dans des processus actifs ou de recherche. On bloque sur les premières interrogations : comment se lancer ? Sur quel modèle ? Avec qui et à quel niveau ? Alors même qu’elles n’en sont plus, car quand on part second, comme Linux derrière Microsoft par exemple, on est obligé d’être le plus ouvert possible, donc européen, donc open source. Contrairement aux Etats-Unis, la France manque terriblement d’une culture de l’innovation et du financement, ce qui pénalise d’autant les rares initiatives personnelles qui osent se manifester.
(Enfin ) un lieu pour l’innovation !
Premier projet du genre jamais concrétisé en France, l’Institut Innovant de Formation pour le Recherche initié par François Taddéi pour Sorbonne-Paris-Cité en association avec l’Université Paris-Descartes a ouvert ses portes cet été dans le Marais à Paris. Son but ? « S ’ouvrir aux projets universitaires les plus innovants qui ne trouvent leur place dans aucune case administrative ». Un « Master de l’approche innovante de l’éducation et l’enseignement » y sera d’ailleurs proposé et un « O pen Lab » monté. Au-delà même, l’institut s’ouvrira aux autres acteurs de l’innovation : associations, start-ups, réalisations collaboratives sur internet plébiscitées par le grand public… Ma-gni-fi-que !
Sites : www.cri-paris.org, igam4er.org. – Twitter : @FrancoisTaddei