INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, ROBOTIQUE, RÉALITÉ VIRTUELLE, RÉALITÉ AUGMENTÉE, OBJETS CONNECTÉS, MOTION CAPTURE, 3D INTERACTIVE, SOLUTIONS IMMERSIVES, PROJECTION MAPPING, LES TECHNOLOGIES DE POINTE HIER DÉPEINTES PAR LES AUTEURS DE SCIENCE-FICTION SONT DEVENUES RÉALITÉ. DES DOMAINES OÙ LA FRANCE TIENT SON RANG FACE AUX ACTEURS CORÉENS, JAPONAIS OU ENCORE AMÉRICAINS.
Pour la deuxième année consécutive, les startups françaises s’imposent au CES !
La visibilité et la notoriété internationales des startups françaises montent en puissance. Leurs innovations sont saluées depuis 2 ans lors du salon de l’électronique grand public de Las Vegas, le CES. En 2016, 135 entreprises de croissance françaises étaient exposées au sein de l’Eureka Park (zone à startups) sur un total de 500. La France était ainsi la 2è délégation derrière les Etats-Unis et parmi 29 pays représentés. L’Hexagone représentait 50 % des startups étrangères dans cette zone. Au global, le CES a accueilli 256 sociétés françaises (la France est le 3è exposant derrière la Chine et les Etats-Unis). (Source enquête annuelle d’Olivier Ezratty www.oezratty.net). Une étude menée par la Conférence des Grandes Ecoles indique par ailleurs que 83 % des fondateurs de ces entreprises sont passés par une grande école.
Les startups françaises au top dans les IoT
JEAN-PHILIPPE LELIÈVRE, ENSEIGNANT À L’ESILV (au milieu sur la photo de Une) a remporté la médaille d’argent au CES 2016 dans la catégorie des startups US et UE pour sa startup Hear & Know. Il nous livre son analyse du french success au CES.
PRÉSENTER VOTRE STARTUP AU CES, EN QUOI EST-CE IMPORTANT ?
Notre société a commencé ses activités en France dans le secteur de la défense et de la sécurité. Le CES nous a permis de découvrir le marché civil et grand public, et le marché étranger. Bizarrement, cela a aussi été utile pour rencontrer des clients français parfois moins accessibles ici, car disséminés sur le territoire. Autres effets positifs non prévus initialement : la reconnaissance que nous a apporté la médaille d’argent au concours et la possibilité de nous implanter en Californie en étant accompagnés dans l’incubateur d’un fonds d’investissement et par l’European American Enterprise Council (EAEC).
QU’EST-CE QUI A FAIT LA DIFFÉRENCE AUX YEUX DU JURY SELON VOUS ?
Nous avons appris que le jury utilise une méthode mise au point à Harvard. Le seul critère de sélection qui nous ait été communiqué est la taille potentielle du marché. Dans le cas de Hear & Know, il s’agit du marché des milliards d’objets connectés, puisque notre solution permettra de localiser les milliards d’objets connectés en mouvement.
http://hearandknow.eu/
QUELLE PLACE TENAIENT LES STARTUPS FRANÇAISES AU CES ?
Avant de faire de l’autosatisfaction sur la représentation qualitative et quantitative des startups françaises au CES, il me semble utile de préciser quelques points. Le Consumer Electronic Show est le salon de l’électronique grand public. Au CES, faute d’industrie, la France à de très rares exceptions près (Parrot, Withings ) était absente… La représentation française était reléguée dans un bâtiment annexe (Eureka Park) où se tenaient les startups. Ce sont donc les Startups qui relèvent le gant ou au moins essaient de pallier l’absence d’industrie. Ceci étant dit, la France était collectivement bien représentée (French Tech, Business France, CCI, Medef) et bien organisée. L’intérêt des politiques et des média renforce l’effet CES : l’endroit où il faut être.
PRÉSENTENT-ELLES DES CARACTÉRISTIQUES COMMUNES ET RECONNUES ?
Je suis principalement resté sur notre stand et ai plutôt vu les clients que les autres exposants. Mais de ce que j’ai pu constater, les startups françaises capitalisent sur les points forts historiques français (amour – réseaux sociaux -, bonne chère – vin, gastronomie -, tourisme). Et elles présentent un domaine d’excellence, les objets connectés. C’est la traduction directe de la qualité des ingénieurs français et de leur capacité d’imagination et de créativité.
Laval veut devenir la capitale mondiale du virtuel et de la réalité augmentée
Depuis 1999, Laval est la capitale française des technologies de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Tête de proue de l’écosystème, LE SALON LAVAL VIRTUAL est le rendez-vous annuel des acteurs et usagers professionnels mondiaux des technologies du virtuel. Rencontre avec LAURENT CHRÉTIEN, SON DIRECTEUR GÉNÉRAL.
Laval a engagé dès 1999 une stratégie d’innovation ciblée sur les technologies de la réalité virtuelle. « Cette antériorité nous a permis de fonder un écosystème solide et de prendre une avance qui s’avère stratégique alors que ces technologies explosent et trouvent leur place dans tous les secteurs, de l’industrie en passant par la culture et les transports jusqu’à la santé ou la construction » se réjouit Laurent Chrétien.
LE VIRTUEL DEVENU RÉALITÉ
Laval a fondé les piliers qui lui permettent de s’imposer :
• Le salon Laval Virtual, salon de référence en Europe dans les domaines des nouvelles technologies et usages du virtuel. Pour sa 18è édition en 2016, il a accueilli 172 exposants dont 40 % d’internationaux et 14 000 visiteurs dont 5 000 professionnels. Le salon propose aussi des concours pour étudiants, thésards et startups ; un hackaton (Virtual Cup organisé par EON Reality) et un forum de rencontre avec des investisseurs.
• Le centre de ressources technologiques sur la réalité virtuelle, Clarté, « 1er centre européen équipé de technologies immersives. »
• La technopole Laval Mayenne dont un volet est dédié au développement économique lié à la réalité virtuelle.
• Un pôle académique composé « des Arts et Métiers, de l’ESIEA, l’ESCIN, l’université catholique de l’ouest et l’IIA, véritable vivier de compétences pour le futur. »
UN CLUSTER DE PREMIER PLAN
Afin de capitaliser sur son avance en surfant sur le développement des usages de ces technologies, l’écosystème s’enrichit en 2017 du Laval Virtual Campus regroupant la recherche, les entreprises, l’enseignement, la pépinière et l’accélérateur de startups ; et du Laval Virtual Center, 3 000 m2 dédiés à l’innovation d’usages. Enfin, « forts de la présence sur notre territoire de formations aux technologies de réalité virtuelle et augmentée, nous sommes engagés dans une labélisation French Tech afin de faire émerger un réseau thématique national d’ambition internationale. »
Intelligence Artificielle, domaine d’excellence français
JEAN-CLAUDE HEUDIN, DIRECTEUR DE L’IIM (INSTITUT DE L’INTERNET ET DU MULTIMÉDIA) spécialiste de l’Intelligence Artificielle et de la robotique nous dévoile un domaine d’excellence à la française.
DANS QUEL ESPRIT MENEZ-VOUS VOS RECHERCHES ?
La communauté française est très active et reconnue pour son excellence en matière d’Intelligence Artificielle. Ses chercheurs contribuent à apporter des réponses à des problèmes de société à l’échelle planétaire. Ils sont d’une telle complexité qu’ils nécessitent des moyens appropriés et une intelligence collective augmentée. Ils supposent aussi des progrès significatifs en sciences et technologies. Dans mes travaux, je développe une approche profondément influencée par les sciences de la complexité. Elle ne se limite pas au champ disciplinaire de l’IA. Je ne peux séparer la recherche de son contexte culturel et historique, ni d’une réflexion philosophique et éthique.
« Nous avons un riche passé et des valeurs héritées de toute cette histoire qui nous donnent un point de vue scientifique unique en tant que Français. »
EXISTE-T-IL DES ATOUTS SCIENTIFIQUES TYPIQUEMENT FRANÇAIS ?
La science n’est pas indépendante de la culture et de l’histoire de cette culture. Notre principal atout est là. Nous ne sommes pas un vieux pays sur un vieux continent. Un exemple de projet de recherche qui exprime directement cette richesse est Living Joconde exposée à l’événement mondial SxSW à Austin (Texas). Nous avons travaillé sur le tableau de Léonard de Vinci pour donner vie à Mona Lisa en utilisant des technologies avancées en intelligence artificielle et en infographie. Je pense que seule une équipe pluridisciplinaire française pouvait le faire.
Par Ariane Despierres-Féry