Quelles sont les valeurs communes que partagent le Japon et la France ?
Le Japon et la France partagent les mêmes valeurs fondamentales telles que le respect des droits de l’homme, la démocratie et l’économie de marché libre, qui constituent les bases de la coopération franco-japonaise dans les domaines politique, économique, culturel, etc. Il existe bien évidemment de nombreuses différences de comportements entre le Japon, pays insulaire, et la France, pays continental, mais les notions de liberté, d’égalité et de fraternité, principes fondamentaux de la République française, sont aussi des valeurs importantes au Japon où elles sont mis en application dans les différents domaines de la société. De même, le Japon et la France sont tous deux des puissances culturelles. Tout en sauvegardant leur patrimoine historique et culturel, nos deux pays sont aussi novateurs en matière de mode et de culture populaire et on peut dire qu’ils s’influencent mutuellement. Sur la base de ces valeurs fondamentales, le Japon et la France envisagent d’apprendre de leurs expériences réciproques pour faire face ensemble aux défis communs à la communauté internationale comme la stabilité de l’économie mondiale, la protection de l’environnement et la lutte contre le terrorisme, ainsi que ceux des pays développés comme la lutte contre le vieillissement de la population et la garantie de la propriété intellectuelle.
Quels sont les axes de coopération économiques prioritaires entre le Japon et la France ?
Le Japon et la France, qui sont complémentaires géographiquement et technologiquement, développent des relations extrêmement étroites et concernent de nombreux secteurs, comme les coopérations industrielles et les partenariats entre pôles de compétitivité. Dans le secteur de l’automobile par exemple, Mitsubishi Motors et PSA Peugeot Citroën collaborent en matière de véhicule électrique, Toyota et PSA Peugeot Citroën disposent d’une usine commune de petits véhicules urbains en République tchèque, et Toyota et EDF expérimentent ensemble le véhicule hybrid rechargeable. Dans le domaine du nucléaire civil, Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Areva conçoivent et développent conjointement le réacteur de moyenne puissance ATMEA 1TM. Actuellement, ils allient leurs efforts pour remporter l’offre de la Jordanie. En matière de collaboration entre pôles de compétitivité également, le département de Mié (département local japonais situé au sud-est de Kyoto) et la communauté d’agglomération d’Annecy ont signé un protocole d’accord dans le domaine de la mécatronique. En outre, lorsque le Premier ministre François FILLON s’est rendu au Japon en juillet dernier, il a évoqué lors de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères d’alors, M. Katsuya OKADA, la possibilité de développer de nouvelles coopérations dans les domaines du nucléaire civil, de l’industrie aéronautique, des biotechnologies et de la protection de l’environnement. Ils pourraient ainsi devenir des domaines prioritaires de la coopération franco-japonaise.
Afin de développer davantage les relations économiques entre le Japon et la France, le Japon attache une grande importance au partenariat économique entre le Japon et l’Union européenne. La « Politique de base sur les partenariats économiques globaux », adoptée par le gouvernement en novembre dernier, prévoit des réformes radicales sur le plan national, révélant une volonté politique « d’ouvrir le pays ». Le Japon souhaite accélérer l’examen conjoint mené actuellement par le Groupe conjoint de haut niveau et parvenir à un accord sur le démarrage officiel des négociations lors du sommet annuel Japon-UE qui se tiendra durant la première moitié de 2011.
Comment le Japon accueille-t-il la Présidence française du prochain Sommet du G20 ?
Sur la base des valeurs qu’ils partagent, le Japon et la France ont toujours collaboré étroitement dans le cadre du G20 à la résolution des dossiers communs, à commencer par la crise financière mondiale. La France, en tant que pays président, définit trois priorités pour le prochain Sommet du G20 ; 1) Réforme du système monétaire international, 2) Lutte contre la volatilité des prix des matières premières, 3) Amélioration de la gouvernance mondiale. Le Japon souhaite oeuvrer en faveur de la stabilité de l’économie mondiale en soutenant la Présidence française et en collaborant étroitement avec les pays partenaires.
La maison de la culture du Japon à Paris joue-t-elle un rôle central dans les échanges culturels de nos deux pays ?
La Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP) a été fondée en 1997, suite à un accord entre le Président François MITTERAND et le Premier ministre japonais d’alors Zenko SUZUKI en 1982, afin d’offrir un espace permettant des échanges et des discussions variés entre le Japon et la France, ainsi qu’avec les autres pays européens. Bâtiment culturel du Japon le plus important à l’étranger, la MCJP est une institution unique, notamment par sa gestion assurée conjointement par des acteurs publics (Fondation du Japon) et privés. Elle organise de nombreuses manifestations culturelles, comme des expositions et des concerts, des projections de films, des conférences, ainsi que des ateliers et des cours portant sur des sujets aussi divers que la cuisine japonaise, la langue japonaise, les haïkus, etc. En octobre 2010, M. Frédéric MITTERAND, Ministre de la Culture et de la Communication, a visité ses locaux et a notamment assisté au vernissage de l’exposition Les arts décoratifs japonais face à la modernité – 1900/1930 -.
Un des éléments qui m’a fortement marqué depuis mon entrée en fonction en tant qu’Ambassadeur du Japon en France est l’extraordinaire intérêt du public français pour la culture japonaise. Si la culture traditionnelle (théâtre kabuki, estampes ukiyo-e ou céramiques) rencontre une grande popularité, il en va de même pour les arts martiaux (judo, karate, aïkido) et le cinéma, ainsi que la pop culture (anime, manga, mode, J-Pop) qui compte des amateurs passionnés, notamment parmi les jeunes. Et les quelques 170 000 visiteurs qui ont visité en juillet dernier pendant quatre jours la JAPAN EXPO, grand rendez-vous de la culture japonaise, illustrent bien cette popularité. On pourrait même dire que ces différents aspects de la culture japonaise que les Français apprécient font désormais partie de leur quotidien. En ce sens, je suis convaincu que la MCJP continuera de jouer un grand rôle en tant qu’espace présentant les richesses de la culture japonaise et lieu d’échanges entre les artistes japonais et français.
Les partenariats et les échanges d’étudiants entre les universités japonaises et les universités ou grandes écoles françaises vous paraissent-ils satisfaisants ?
Il existe de nombreuses conventions qui établissent des équivalences de diplômes ou qui facilitent les échanges d’étudiants et de professeurs entre les universités japonaises et les universités ou grandes écoles françaises (en 2008, une étude du Ministère de l’Education, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie japonais recensait 661 différentes conventions interuniversitaires entre la France et le Japon). De plus, on assiste récemment à une augmentation des programmes dits de « doubles diplômes », qui permettent à un étudiant de partager ses études et activités de recherche entre deux établissements, l’un français et l’autre japonais, afin d’obtenir au final un diplôme de chaque pays. Les domaines d’échanges entre établissements japonais et français sont d’une grande diversité, et couvrent aussi bien la littérature, l’économie et les études politiques que les sciences et technologies comme l’environnement, la robotique ou l’aérospatial.
Comme vous pouvez ainsi le constater, les échanges entre la France et le Japon en matière d’éducation sont très riches. Le gouvernement japonais souhaite cependant que ceux-ci soient encore davantage renforcés. Concrètement, le Japon souhaite déployer des efforts visant à développer les différents systèmes afin d’accueillir des étudiants étrangers au Japon, notamment les systèmes de bourses, et à fournir plus de renseignements sur ses universités.
Le message de l’Ambassadeur aux élèves des Grandes écoles
Au Japon, il y a une expression qui dit : « former des hommes, c’est former un pays ». La « formation », dans un sens large, que recoivent les japonais à travers l’éducation scolaire, puis par le biais de stages en entreprise, des rapports qu’ils tissent en société, et des connaissances qu’ils acquièrent activement des pays étrangers, constitue l’un des piliers qui a permis au Japon de devenir la puissance technologique qu’il est aujourd’hui. Les grandes écoles françaises, établissements dispensant une éducation de première qualité, assurent, à travers l’organisation de nombreux stages et échanges avec des pays du monde entier, la formation de talents émérites capables de faire carrière dans un environnement international. Les étudiants issus de ces écoles se verront attribuer le rôle important d’architectes de la France de demain.
Parmi les anciens des grandes écoles, de nombreuses personnes oeuvrent aujourd’hui pour les échanges entre la France et le Japon, et ce dans une variété de domaines. Les relations franco-japonaises devraient connaître un développement de plus en plus important dans de nombreux domaines, au niveau des échanges culturels, domaine très actif, mais aussi en matière de mesures de lutte contre la pauvreté ou de protection de l’environnement. Je souhaite vivement que vous puissiez vous aussi, en venant étudier dans nos universités ou en effectuant des stages dans nos entreprises, et à travers des échanges avec des étudiants japonais, nouer des liens avec le Japon et contribueriez activement aux échanges franco-japonais, pour un jour créer un nouveau pont entre nos deux pays.
Patrick Simon