Ecole de Management Léonard de Vinci
Le gouvernement vient d’annoncer des mesures pour soutenir l’emploi dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. C’est en effet un secteur en plein boom partout dans le monde pour au moins deux raisons : le désengagement progressif depuis plusieurs années des pouvoirs publics au profit des acteurs non-gouvernementaux, associatifs et privés d’une part ; une meilleure prise en compte des problématiques individuelles et locales du développement économique. D’autre part, c’est dans ce cadre que s’est développé depuis plusieurs années le microcrédit. Il s’agit d’un prêt d’un montant limité (une centaine, voire 2 ou 3 000 euros ou dollars) mais qui permet de financer des projets très concrets de populations qui, parce qu’elles sont pauvres ou en situation précaire (chômage), sont souvent exclues du système bancaire.
Le micro-crédit, quesaco ?
La pratique est très ancienne. Dans des pays, des régions ou des populations trop pauvres pour avoir accès aux services de grandes banques, l’activité économique et l’investissement reposent sur un soutien financier familial ou du proche entourage, voire un système de tontine où chacun épargne quelques sous qui seront prêtés à l’un des épargnants si besoin. Le microcrédit a été structuré et développé à grande échelle par Muhammad Yunus (qui obtiendra d’ailleurs le prix Nobel de la Paix pour cela en 2006) au sein de la Grameen Bank au Bangladesh. Le mécanisme sera repris et développé dans un grand nombre de pays et par un grand nombre d’institutions et d’ONG. En France, on doit la première initiative du genre à Maria Novak qui crée l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique) en 1989. L’ADIE se propose alors de financer des microprojets et micro-entreprises, de trop faible envergure ou des individus en situation trop précaires pour intéresser les banquiers traditionnels. A partir des années 90, la montée du chômage mais aussi le développement des services à la personne (enfants dont les parents travaillent, personnes âgées etc.) favorise la croissance des ces micro-activités et soutiennent le développement du microcrédit au sein de l’ADIE mais aussi par la création d’autres institutions (planetFinance par exemple).
Quels enjeux ?
Les statistiques des Nations-Unies estiment que plus de 150 millions de personnes à travers le Monde bénéficieraient chaque année d’un microcrédit. Le développement du secteur est exponentiel depuis deux décennies et sa croissance n’a en rien été ralentie par la crise. Le microcrédit est en effet devenu un outil indispensable à la fois à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion des populations les plus fragilisées mais aussi au dynamisme de la création d’entreprise et de l’entrepreneuriat. C’est donc un enjeu évident en termes de création d’emplois. Les grandes banques ne s’y sont pas trompées puisqu’elles commencent à s’intéresser de près à ce phénomène et crée soit des filiales, soit de nouveaux produits de ce type. C’est ainsi que la Caisse d’épargne a créé et finance deux associations de microcrédit, Créa-Sol et Parcours Confiance, employant déjà une centaine de collaborateurs. Aujourd’hui, la plupart des banques françaises et certains assureurs proposent ce type de financement et alors qu’à peine quelques centaines de microcrédits étaient distribués en France en 2005, ils ont dépassés en 2012 le seuil des 10 000.
Un secteur d’avenir et d’emploi
Le nombre d’emplois générés par cette activité est en augmentation constante depuis 15 ans. Le secteur se professionnalise, diversifie ses instruments de soutien aux micro-activités. On parle même aujourd’hui plutôt de micro-finance. Les métiers du microcrédit sont des métiers opérationnels et de terrain. Il est nécessaire en effet d’aller au plus près des besoins et des personnes accompagnés par ce système. C’est probablement aussi pour cette raison que les taux d’échec des projets financés par ce biais ou de non-remboursement sont beaucoup plus faibles que dans le cas des crédits classiques. Les métiers de la micro-finance peuvent s’exercer en France mais aussi souvent à l’étranger et partout dans le monde, y compris pour les emplois dans des institutions françaises. Le conseiller en microcrédit accompagne les créateurs d’entreprise, non seulement en finançant leurs projets mais aussi en diagnostiquant le besoin du client et en identifiant le ou les service(s) le(s) mieux adapté (s) au projet.
Par Sylvie Matelly, enseignant-chercheur à l’EMLV