La notion de RSE est issue d’une réflexion déjà ancienne qui vise à concilier les aspects économiques, sociaux et environnementaux liés à la stratégie, au fonctionnement et à l’activité des entreprises au sein de la société. A ce titre, les entreprises ont une responsabilité qui intègre notamment les notions de développement durable et de comportement éthique, les attentes des parties prenantes, etc.
Cependant, la définition des objectifs d’une entreprise commerciale est, depuis bien plus longtemps encore, centrée sur la création de profit financier et il serait naïf de penser que ce critère est aujourd’hui périmé. La réussite de la politique RSE passe donc par son inscription dans une logique de création de richesse financière par l’entreprise. Mais comme le soulignait E. MENNESSON dans daf-mag.fr du 9/09/2016, « l’obstacle principal à une politique RSE efficace est le manque de lisibilité sur la création de valeur future. Un point sur lequel le Daf a un vrai rôle à jouer. »
Des indicateurs de performance à inventer
La pratique managériale a développé, avec le temps et la recherche, des indicateurs de performance financière auxquels nous sommes bien habitués : ROI, VA, EBITDA, NOPAT, etc. qui permettent de mesurer la création de richesse sous l’angle financier. Mais par ailleurs et dans le cadre des politiques RSE, les groupes industriels et financiers ont développé des batteries de critères dits « extra-financiers ». Ces indicateurs, logiquement, répondent à une notion de performance en matières sociale et environnementale. Mais au-delà de la variété quasi infinie des indicateurs qui en résultent, ces indicateurs extra-financiers ont pour principal inconvénient d’être… extra-financiers. En d’autres termes, ils ne permettent pas de mesurer sur le profit de l’entreprise l’impact des actions RSE qu’ils traduisent.
Une distinction « financier/extra-financier » à repenser
Cette distinction entre performance financière et performance extra-financière est en soi l’expression même du problème. La question est en fait celle de la performance de l’entreprise sur le plan de sa création de richesse, et, in fine, de la mesure de son profit.
Dès lors, la politique RSE n’investira la vie de toutes les entreprises que lorsqu’on démontrera que cette politique a un effet favorable sur l’environnement et le social, mais également sur le résultat. Et c’est un problème d’indicateurs. En effet, ces indicateurs ne doivent pas se limiter à renseigner sur l’empreinte carbone ou la parité hommes/femmes. Ils doivent aussi informer sur l’impact de la politique sociale et environnementale de l’entreprise sur son résultat, sur sa performance financière. Les indicateurs extra-financiers doivent devenir des indicateurs financiers.
RSE & immobilier : un exemple concret d’apport de valeur
L’immobilier est au cœur d’enjeux de société majeurs : contributeur principal d’émissions de gaz à effet de serre, le cadre bâti est devenu notre habitat naturel – les citadins qui représenteront plus de 75% de la population mondiale d’ici 2050 y passent déjà plus de 90 % de leur temps. Le secteur de l’immobilier représente donc une série d’opportunités pour l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur de prendre en compte les enjeux RSE. Et d’en voir les répercussions financières, par exemple : réduction des coûts de conception et de construction, réduction des coûts de maintenance et du temps de commercialisation, taux de vacance plus faible, amélioration de la productivité et donc de la performance de l’entreprise occupante de bureaux. Un chiffre à retenir : 7 %. C’est l’augmentation de la valeur d’un actif vertueux par rapport à un actif standard (source : Dodge Data & Analytics 2016).
Le Directeur financier est l’avenir de la RSE
Et c’est là que Directeur Financier intervient. C’est à lui qu’il revient de mesurer, sous forme d’indicateurs chiffrés, l’impact de la RSE sur le profit de l’entreprise. Car la RSE fait gagner de l’argent à l’entreprise :
par les économies de ressources qu’elle génère (économies d’énergie, de matières 1ères, de frais de transport, etc.)
par les gains de productivité qu’elle apporte (amélioration du bien-être au travail, réduction des absences, etc.)
La clé du succès de la RSE est là : les entreprises n’intègreront véritablement une politique RSE que si elle représente un facteur avéré de croissance de la richesse créée. Et c’est le rôle du Directeur financier, grâce à l’élaboration d’indicateurs nouveaux, de le démontrer. En cela, il sera l’artisan du succès de la RSE dans l’entreprise.
Les auteurs sont : Bernard Barberi (SKEMA 1983) Docteur en sciences de l’information et de la communication, Chargé de cours à l’ESG FINANCE et Anne-Claire Barberi (ESTP 2010) Chargée de cours à l’ESTP
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