ICN Business School est partenaire de la journée EST’elles Executive « Le manager de demain est une femme ! Êtes-vous prêt(e)s ? » qui s’est déroulée le 11 juin 2015. Cette 5e édition a notamment porté sur l’engagement citoyen au féminin comme le présente Krista Finstad-Milion, Professeure associée à ICN Business School Nancy-Metz, fondatrice d’Est’Elles Executive.
« J’étais directrice du programme Executive MBA en 2008 et j‘étais confrontée à ce problème d’attirer les femmes dans ce programme. J’ai donc fait un benchmarking pour voir comment les femmes faisaient ailleurs. Et il est apparu que l’école avait le taux le plus faible de femmes – 1 sur 20. On ne forme pas assez les décideurs à ces questions-là ! La diversité commence par le croisement du regard. J’ai donc envoyé un email aux hommes pour leur demander s’ils connaissaient des femmes dans leur entourage pour participer à notre module Créativité. Finalement, six femmes sont venues ! Il y a eu une stimulation comme jamais : la mixité est importante pour la créativité. Nous souhaitons accompagner un changement sociétal important pour l’économie : les femmes peuvent apporter une réponse positive à la morosité. Elles doivent être actrices ! Mais toujours en relation avec les hommes : nous devons être d’accord entre nous. C’est ce message que l’on souhaite faire passer aux jeunes. […] Les femmes se mettent elles-mêmes un plafond de verre parfois car elles construisent une image idéale de leur vie avec les enfants, la maison… Résultat, elles se privent de certaines opportunités. Les carrières aujourd’hui se négocient en couple. Il faut faire des choix. Il faut voir la carrière comme une coconstruction dans un couple et un terrain de négociation : aujourd’hui, on a tous les moyens de le faire. »
Alors que pensent vraiment les hommes d’avoir une manager ?
Perçoivent-ils eux aussi les obstacles qu’elles doivent affronter ? L’enquête BPCE Essenti’elles 2013 met ainsi à mal ce fameux plafond de verre… pour les managers : il apparaît que 41 % des managers femmes sont cadres contre 39 % pour les hommes. Par leur niveau hiérarchique, 29 % des femmes vs 26 % des hommes sont au moins N-2 par rapport au dirigeant. Entretien avec Marie-Christine Maheas, ex-présidente de PWN, et Cécile Bernheim, co-présidente du réseau PWN, à l’origine de l’ouvrage Mixité quand les hommes s’engagent, paru aux Éditions Eyrolles :« Au Women’s Forum de Deauville, Anne Lauvergeon a pris la parole et constatait qu’il n’y avait pas d’hommes dans la salle. On avait cerné les problèmes autour des femmes et on commençait à tourner en rond. Nous avons donc créé des dîners dans lesquels les femmes étaient accompagnées d’un homme pour confronter nos avis. Le constat : il y avait une vraie bonne volonté de la part des hommes mais il existait certains freins. Nous avons donc décidé de créer une boîte à outils pour les managers qui devaient engager des hommes. D’où l’idée de cet ouvrage qui regroupe 18 intervenants. Les choses commencent à bouger mais très lentement.
L’égalité salariale est très simple à mettre en place mais il ne faut pas que les hommes aient l’impression qu’on veut les mettre de côté. […] Intéressez-vous à la différenceentre une entreprise qui favorise la mixité et une qui ne la favorise pas. Comparez les résultats. Choisissez bien votre entreprise : si vous mettez la mixité dans vos critères, vous serez mieux dans votre vie. »
Un conseil porté également par Cécile Bernheim : « Je n’ai pas attendu qu’on vienne me chercher donc je n’ai jamais souffert du plafond de verre. Mais cela demande un effort supérieur à celui des hommes : il faut se battre plus que les hommes. Naturellement, la femme a tendance à se poser des questions qu’un homme ne se posera pas. Lui, il va foncer et ne n’hésitera pas contrairement à nous : c’est là que le réseau veut aider les femmes à se développer ! On se pose trop de questions. Foncez ! On est trop sur
la réserve. »
Qu’en pensent les hommes ? Le regard des hommes de 60 pays sur l’évolution des relations homme/femme
Cette étude internationale réalisée par Mazars et WoMen’Up met à mal le machisme ambiant dans les entreprises. Ainsi, la mixité dans les équipes est désormais acceptée par 88 % des hommes de la génération Y. 63 % la préfèrent et 25 % n’y accordent aucune importance car c’est un non-sujet pour eux ! Les compétences et le professionnalisme sont jugés plus importants que le genre.
Jean-Michel Monnot, responsable de la diversité chez Sodexo, partage ce point de vue. Il a ainsi participé à l’ouvrage Mixité quand les hommes s’engagent. « Je travaille chez Sodexo depuis 25 ans et je m’occupe de mixité depuis 8 ans. Au début, notre approche reposait sur les femmes uniquement. Mais nous avons évolué vers la mixité car c’est plus inclusif ! Nous avons réalisé une étude auprès de nos 420 000 collaborateurs dans le monde et nous avons comparé les performances de nos équipes entre les équipes mixtes (incluant au moins 40 % d’un même genre) et les non-mixtes. Résultat : les équipes dont le management est mixte ont un taux d’engagement meilleur et qui évolue positivement plus vite que les autres. Sur tous les indicateurs, les équipes mixtes ont de meilleurs résultats que les non-mixtes. Donc il est essentiel de traiter ce point mais d’une manière moins exclusive que 100 % femmes. Il faut se donner les moyens d’avoir une vision claire de la réalité : on le fait depuis 10 ans. On essaie d’avoir une vision précise sur la place des hommes et femmes. Nous avons ainsi une vraie culture de la promotion interne mais nos talents féminins arrivent moins vite et moins hauts dans l’entreprise. Nous devons changer la donne par de la formation sur la diversité en général et la mixité en particulier. Il ne faut jamais lâcher et considérer que c’est un acquis. Si on arrête, les choses reculeront. Les hommes ont tout à y gagner : halte aux stéréotypes ! Ce sont donc aujourd’hui les leaders business qui portent la mixité et agissent comme modèles. Ils mettent en place des actions dans leurs pays respectifs : donc ça avance vite et il y a un réel effet boule de neige. »
Et toi, t’en penses quoi ?
Flavien Hello, diplômé d’Epitech, Promo 2015. Flavien est développeur informatique dans le pôle R&D d’une start-up spécialisée dans l’e-advertising. L’entreprise compte 50 collaborateurs dont dix ingénieurs… tous des hommes ! Un ratio qui n’est pas rare dans le milieu informatique. « Le pourcentage est identique à celui des écoles d’ingénieurs donc il est logique de le retrouver en entreprise. Ce manque de mixité est aussi un frein pour les hommes car on fait le choix de se couper du monde féminin dans le cadre des études. On ‘’perd’’ la moitié de ‘’l’humanité’’, ce qui rend le contexte très différent. Mais les choses changent ! J’ai aussi évolué dans les mondes de la finance et de l’aviation qui étaient 100 % masculins mais qui se sont ouverts. De nouveaux profils, de tout horizon et autant féminins que masculins, arrivent. Aujourd’hui, de plus gros pourcentages de femmes rentrent à l’école et les profils se diversifient énormément et amènent une autre vision. Je me suis également occupé d’encadrer les premières années à Epitech, ce qui m’a amené à être très proche des étudiants. Je sens un changement dans les mentalités et je suis pressé de travailler avec cette génération dans cinq ans car ils apportent un vent nouveau. C’est pourquoi, le manager de demain peut tout à fait être une femme. C’est juste une question de compétences et, sur ce point, les femmes valent tout autant que les hommes. Nous serions ravis d’accueillir des ingénieures mais nous effectuerons notre choix sur les compétences et non sur le genre. La mixité apporte véritablement un plus. Tous les milieux gagnent à avoir différents points de vue. Plus on a de profils différents, mieux c’est. C’est pourquoi il est important de varier aussi les profils au sein d’un même ‘’sexe’’. Il faut des équipes mixtes composées de collaborateurs qui réfléchissent de manière différente. »
VC