Si l’on dit souvent du secteur de l’ESS qu’il est une exception de croissance dans un contexte économique morose, voire récessif, que peut la finance responsable réellement offrir à votre carrière ? Un bref descriptif des métiers phares au sein des banques coopératives, des ONG ou encore des fondations d’entreprises pour vous éclairer dans votre choix de formation et de carrière s’impose autant que l’analyse des perspectives de développement du secteur.
Une tendance à la hausse se dessine pour l’ESS
L’emploi dans l’Economie Sociale et Solidaire croît de 2 % en moyenne, soit 100 000 emplois créés chaque année. L’épargne solidaire, si elle est encore faible (0,12 % de l’épargne globale en France selon Finansol), a triplé en 3 ans, et vise l’objectif du 1 %. Cela confirme que le marché financier solidaire est en plein essor.
Les besoins des entreprises de l’ESS, un élan vers de nouveaux instruments financiers
Le secteur de l’ESS se professionnalise depuis seulement une décennie, d’où une montée en gamme des postes et des compétences. L’ESS recrute ainsi de plus en plus auprès des élites : ACTED, ONG de solidarité internationale, est le premier pourvoyeur de stages des Mines de Paris, assure son administrateur Arnaud Poissonnier. Les capitaux des entreprises de l’ESS étant limités, il importe que le système de financement soit optimisé : un grand effort de labélisation (Finansol,…) et d’ingénierie financière vise donc à innover les instruments financiers de l’ESS ; un aspect passionnant de la finance responsable qui peut créer des vocations.
Les métiers de la finance responsable se réinventent
Quid des métiers ? Qu’elles soient coopératives ou privées, les banques recrutent les mêmes postes et peu de différences se notent, bien que les méthodes d’analyse varient. Deux métiers exclusifs à l’ESS se distinguent : le chargé d’investissement microfinance et le gérant de fonds solidaires.
Gérant de fonds solidaire : ce métier est né d’une spécialisation de la gestion de portefeuille traditionnelle vers les problématiques liées à l’analyse des entreprises du secteur ESS.
Chargé d’investissement microfinance : travaillant dans une fondation d’entreprise, il compte parmi ses missions la sélection et l’animation du réseau des IMF partenaires, la veille technologique et le reporting.
Secteur privé et ESS : les différences s’estompent
Concernant les niveaux de rémunération, les postes dans le privé offrent traditionnellement de meilleures opportunités, mais l’écart se réduit progressivement à en croire les professionnels du milieu : « le salaire mensuel à l’embauche dans une ONG avoisine 1 700 € tandis qu’il est de 1 800 € pour un consultant junior », affirme Arnaud Poissonnier. Certes, la progression de carrière reste nettement supérieure dans le privé, mais l’on constate une tendance de transfert du privé vers l’ESS plutôt que l’inverse ; la valeur ajoutée d’une carrière en finance responsable dépasse la simple question du salaire, c’est toute une culture d’entreprise qui attire et passionne.
Les formations proposées
Dans l’ESS, l’empirisme et l’expérience sur le terrain restent prépondérants. De fait, le besoin en formation spécialisée reste peu couvert par l’enseignement supérieur. La plupart des ESC proposent des électifs autour de l’ESS ; mais les formations de cycle Master sont rares : l’Université Paris 13 avait un temps proposé un MBA spécialisé en « Banque coopératives européennes » mais il est aujourd’hui fermé… Le plus souvent, les formations-séminaires et les spécialisations du type « Finance des pays en développement » sont appréciées des recruteurs.
Visitez le site
www.europeanmicrofinanceprogram.org/
pour accéder au panorama des formations en Europe.
Par Soufiane El Jai
Membre de l’association eMicrOcrédit
Contact :
soufiane.eljai@gmail.com