Fabienne Herlaut (ES CP Europe 80, Harvard BS 84), Directrice Générale d’Ecomobilité Ventures
Fabienne Herlaut (ES CP Europe 80, Harvard BS 84), Directrice Générale d’Ecomobilité Ventures

Esprit d’entreprenariat et vision à long terme : la stratégie gagnante de Fabienne Herlaut, manager du fonds Ecomobilité Ventures

Ecomobilité Ventures est un fonds d’investissement innovant qui allie l’expertise de trois grands groupes, SNCF , Total et Orange, à des startups dédiées à la mobilité durabl e. Sa directrice générale nous parle de son parcours, de son passage à Harvard, des chall enges posés par le développement durabl e ainsi que du défi rencontré par les jeunes femmes qui cherchent à all ier vie professionnell e et familiale.

Fabienne Herlaut (ES CP Europe 80, Harvard BS 84), Directrice Générale d’Ecomobilité Ventures
Fabienne Herlaut (ES CP Europe 80, Harvard BS 84), Directrice Générale d’Ecomobilité Ventures

Dans notre économie mondialisée, il est devenu courant de compléter sa formation par une expérience internationale. Est-ce que cette dimension d’ouverture participait déjà de votre choix de suivre un MBA à Harvard dans les années 1980 ?
Ce choix a procédé de deux raisons principales. La première, toute personnelle, découlait d’un séjour passé à Boston qui m’avait fait découvrir un environnement d’études passionnant. La seconde, effectivement, prenait sa source dans mon envie de m’ouvrir l’esprit. A cette époque, l’Asie restait très fermée : les Etats-Unis représentaient le pays où il fallait aller. Cependant dans les années 1980 la plupart des entreprises françaises, en-dehors des banques d’affaires et des agences de conseil, ne valorisaient pas une expérience académique à l’étranger : seule la formation française importait. Mon parcours à la Business School de Harvard me donnait donc principalement de la visibilité pour les entreprises étrangères, c’est pourquoi j’ai démarré ma carrière aux Etats-Unis avant de rejoindre la France.

 

Le diplôme ne fait
pas une carrière.
Le système français sous-estime l’importance de nos échecs, qui nous construisent autant
que nos réussites.
Ne valoriser que l’excellence empêche
la prise de risque :
c’est pourquoi il est important de compléter sa formation par une expérience à l’étranger.

Vous dirigez aujourd’hui un fonds d’investissement original qui associe startups et grands groupes industriels afin d’accélérer le développement des technologies de mobilité durable. Qu’est-ce qui, à travers votre formation et votre vie professionnelle, vous a convaincu de cette nécessité ?
Ma mission chez Ecomobilité Ventures représente en quelque sorte la quatrième phase de ma carrière. Après quelques années chez Bain en tant que consultante, j’ai oeuvré dix anscomme responsable des investissements dans une holding familiale, avant d’entrer dans le secteur industriel. Lorsque je suis arrivée à la SNCF en 2007, nous étions en plein Grenelle de l’environnement. Or j’ai tout le long de ma carrière associé un esprit d’entreprenariat à mes fonctions de management et de stratégie : c’est ainsi que l’idée s’est développée de lier économie du transport et innovation durable. Ce regroupement multi-corporate innovant illustre parfaitement une nouvelle façon créatrice et efficiente de fédérer ressources et expertises. Cette association crée un effet de levier très puissant qui nous donne les moyens d’agir : il est devenu urgent de mettre en place des solutions de transport à la fois économiquement rentables et écologiquement vertueuses.

 

Ecomobilité Ventures se présente comme ayant une dimension européenne. Etre une ancienne élève de Harvard vous aide-t-il à gagner en visibilité auprès de vos partenaires européens ?
Tout à fait ! Harvard possède toujours une sonorité magique qui donne du poids à ma démarche, notamment en tant que femme dirigeante. Le réseau des anciens d’Harvard est mondial et fonctionne extrêmement bien. Il permet d’entrer en contact avec toutes sortes d’interlocuteurs, un sésame qui a déjà servi l’ambition européenne d’Ecomobilité Ventures.

 

Le développement durable est aujourd’hui une dynamique incontournable qui attire beaucoup de jeunes diplômés. Vous même n’y êtes arrivée qu ’après avoir suivi une carrière plus généraliste . Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ont suivi une formation généraliste afin d’entrer dans ce secteur ?
Qu’ils ont eu raison ! Je ne conseille pas aux jeunes diplômés de se spécialiser tout de suite. Les problématiques liées au développement durable existent au sein de tous les métiers. Il s’agit de faire mieux avec moins. Or pour cela, il est indispensable de s’appuyer sur des personnes qui connaissent leur métier. La priorité des jeunes devrait consister à développer un savoir-faire et ensuite l’appliquer dans le sens de bonnes pratiques environnementales. Un des principaux problèmes liés à la mise en place de ces bonnes pratiques est que les entreprises et leurs dirigeants ne perçoivent pas immédiatement leur retour sur investissement. Il s’agit donc de faire oeuvre de pédagogie. Les jeunes diplômés peuvent se pencher sur cette question fondamentale : comment faire évoluer les efforts de développement durable d’une contrainte à une initiative incontournable ?

 

Vous parvenez à concilier une vie professionnelle de haut niveau tout en menant une vie de famille, une réussite dont rêvent beaucoup de jeunes femmes . Quels sont les espaces de récréation et les qualités qui vous permettent d’y parvenir ?
Etre une femme et mener de front vie de famille et carrière n’est pas chose facile. Pour réussir ce défi, il est indispensable d’assumer ses choix. Je ne saurais trop conseiller aux jeunes diplômées d’investir une partie de leurs revenus pour confier à d’autres la gestion des tâches quotidiennes. Elles auront ainsi l’esprit plus libre pour évoluer dans le monde du travail. Il s’agit finalement de savoir s’organiser au mieux. Et de vivre, le cas échéant, avec un conjoint qui supporte vraiment ce choix. On fête d’ailleurs cette année le 50e anniversaire d’admission des femmes à la Business School de Harvard. Je suis moi-même présidente de l’association des femmes de Harvard. A cet égard, on commence à entendre de plus en plus d’hommes qui revendiquent de participer plus à la vie familiale. La technologie d’aujourd’hui, en apportant de la également un piège : sachez déconnecter !

 

CM

 

Contact : fabienne.herlaut@ecomobilite-ventures.fr