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ESC SAINT-ETIENNE : Vers de nouvelles stratégies financières de croissance pour la PMI/PME ?

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La question de la croissance de la PMI/PME est devenue centrale. Il est d’usage de distinguer plusieurs formes de financement de l’entreprise. D’une part le financement par la dette, d’autre part le financement en fonds propres. Rajoutons à ces deux principales formes strictement financières, d’autres pratiques plus stratégiques comme le cofinancement de la croissance par les alliances et les options réelles. Notre principal propos ici sera de mettre en évidence que l’étude ou la réflexion sur de futurs modes de financement de la PMI devient une compétence stratégique à la charge des dirigeants. Il ne s’agit plus de se tourner vers un secteur bancaire en pleine restructuration, mais d’acquérir les connaissances et les capacités nécessaires pour garder le pilotage de la croissance de son entreprise au travers de nouveaux outils financiers. Par exemple, le recours au capital développement. Dans le rapport « Une stratégie PME pour la France », Messieurs Jean-Paul Betbèze et Christian Saint-Etienne placent au centre de leur réflexion l’essor des entreprises moyennes et des entreprises en forte croissance. Ils amorcent un ensemble de propositions permettant de prévoir quelles pourraient être les futures stratégies de financement de la PMI. Par exemple les SBIC (Small business investment companies) : à l’instar des pratiques américaines, ces fonds de capital développement seraient amenés à améliorer l’attractivité du capital développement en « small business » de l’ensemble des offres financières compétences et de contrôle des gestionnaires de ces fonds. A cela s’ajoute l’idée des fonds de fonds capital développement, lesquels permettraient au fonds d’assurances d’éventuellement orienter une partie de ces fonds vers les PMI. Même si ces propositions sont encore loin d’entrer dans les pratiques, elles annoncent l’émergence de nouvelles compétences de la part du dirigeant de PMI, lesquelles compétences doivent être élargies afin de bien maitriser à la fois les contraintes, notamment de marché, de ces alternatives financières, mais aussi d’exploiter au plus juste de telles opportunités pour cadrer les projets de développement avec les caractéristiques de ces capitaux.
D’autres initiatives laissent prévoir une certaine nécessité à mieux connaître les alternatives d’ouverture de hauts de bilan de nos PMI. Ainsi la création d’Alternativa. Cette initiative suédoise de bourse européenne de croissance dédiée aux PME permet d’une part d’orienter les capitaux vers les PME mais aussi d’assurer un certain niveau de liquidité pour les investisseurs. Même si actuellement en France ces derniers peuvent être essentiellement motivés par les réductions d’impôts organisés par le gouvernement, ce modèle pourrait permettre d’élargir les interactions d’investissements au-delà de la sphère nationale grâce à sa dimension européenne. Dans un même esprit, mais d’initiative publique, Oseo élargit ses ambitions à soutenir les PME : au-delà de l’aide à l’innovation, ce pour quoi cet organisme est largement connu des PMI/ PME, Oseo mène aussi des actions dans le cadre de développements participatifs, d’aides à la réindustrialisation, et finance le renforcement en compétitivité des PME et des filières industrielles. Enfin, chaque région met en place des fonds régionaux au service des entreprises en développement. Mais au delà de la politique de fonds propres des PMI, il nous semble également important de mettre en avant l’usage de manoeuvres stratégiques permettant de développer la PMI au delà du strict domaine financier. Ces manoeuvres stratégiques nécessitent des compétences associant à la fois le management stratégique comme la compréhension des mouvements de capitaux.
Ainsi le recours aux options réelles permet à l’entreprise innovante de s’engager à moindre risque sur le renouvellement de son portefeuille de technologies. Il en est de même avec la faculté de la PMI à s’engager durablement sur des alliances d’entreprises afin de mener au mieux des projets en co-développement. Dans le premier cas, le besoin en capital ne s’exerce qu’au moment de l’aboutissement d’une innovation; dans le second cas l’investissement capitalistique se répartira entre les deux partenaires. Toujours est-il que les dimensions managériales des dirigeants de PMI/PME prendront un tournant radicaldans la prochaine décennie. Au delà des compétences techniques, il s’agit d’un renouvellement de la pensée stratégique des dirigeants de PMI qui puisse inclure au mieux les innovations financières qui sont en cours de préparation.

 

Par Jean-Louis Magakian
Enseignant Chercheur en Stratégie à l’ESC Saint-Etienne

 

jean-louis_magakian@esc-saint-etienne.fr