Copyright David Fayon

[Episode 4] David Fayon – envoyé spécial depuis la Californie, consultant web et DG de Puzlin : les contrastes sociaux de la Silicon Valley

Copyright David Fayon

Au-delà de la culture entrepreneuriale, de la prise de risque des investisseurs, il est intéressant de constater les différences qui existent dans la Silicon Valley.

Les communautés mexicaines et blanches sont majoritaires. D’un point de vue démographique, les Mexicains qui avaient été chassés de la Californie (en juin 1846 peu après le déclenchement de la guerre entre les USA et le Mexique – établissement du 31e Etat américain en 1850) ont une plus grande dynamique tant dans les naissances que dans l’immigration. Ils tiennent d’une certaine façon leur revanche. Toutefois on assiste à un melting pot culturel avec une forte présence asiatique avec notamment des Japonais et de plus en plus de Chinois, des Indiens qui viennent souvent pour le développement logiciel et contrairement à la plupart des Etats, on dénombre à peine 1 % de blacks. Le respect des cultures et des différences est visible du moins en apparence. La classe intermédiaire est peu importante et nous avons deux extrêmes, une classe qui est parvenue grâce à la réussite dans la technologie et une classe laborieuse pour des métiers manuels (ménage, jardiniers) qui échoit souvent à des Mexicains. Ces nouveaux riches grâce à la technologie a pour conséquence une flambée de l’immobilier (à Atherton, Palo Alto Ouest, Los Altos) avec des prix dignes de Neuilly-sur-Seine ou Paris VIIe.

L’espagnol est la 2e langue la plus parlée, le français est étudié au lycée comme on étudie en France le latin. Il constitue parfois un outil de sélection et également pour celles et ceux qui souhaiteraient plus tard s’établir au Québec. Dispensant le week-end des cours de Français à des adolescents d’origine non américaine au sens WASP du terme, j’ai pu le constater. Certains adolescents sont poussés, notamment d’origine asiatique, vers une excellence précoce. Pour accéder aux prestigieuses universités américaines (tels Stanford et Berckeley en Californie mais aussi Harvard), il convient d’être top dans un sport, jouer un instrument de musique à la perfection, se démarquer pour booster son dossier de candidature. La maîtrise du français peut ainsi constituer un atout. Tout est tourné vers l’apprentissage à des fins de réussite avec le sommeil qui en pâtit. Des adolescents de 13 ou 14 ans ne se couchent pas avant minuit pour étudier et se réveillent parfois avant 6 h. Ceci expliquerait également de nombreux suicides – le Caltrain qui relie Gilroy au Sud à San Francisco en passant par Sunnyvale, Palo Alto est connu pour déplorer de tels actes extrêmes.

Malgré cette mixité, nous assistons à des lieux entiers tournés vers une culture, par exemple des centres commerciaux entiers avec des magasins japonais.

Le corollaire d’une richesse supérieure dans la Silicon Valley à celle de la Californie dans son ensemble et aux autres Etats, est la moindre proportion d’obèses. Ceci s’explique par le fait que lorsque l’on est plus aisé, on a davantage tendance à consommer bio, ce qui est bénéfice non seulement pour l’absence de pesticide mais aussi d’hormones de croissance dans les viandes.

Sans être des Bronx, Palo Alto Est et San José Est sont plus pauvres avec des statistiques qui laissent apparaître davantage de chômage, de criminalité. Enfin, on dénote la présence de SDF, plus souvent des blancs avec des pancartes « homeless » souvent en sortie d’autoroute.

Le caractère idyllique et mythique de la Silicon Valley est donc à nuancer.

David Fayon

Contact :

www.davidfayon.fr ou Twitter @fayon