Le 8 Mars 2011, soit dix ans environ après l’entrée en vigueur de l’accord UE-Mexique, les gouvernements abandonnaient l’idée de mettre en place l’année du Mexique. Un constat d’échec à un moment où la réflexion sur les enjeux de l’entrepreneuriat au Mexique devrait au contraire s’intensifier. « Merci de parler enfin du Mexique ! » s’exclamait donc Charles Henry CHENUT, Président de la Commission Amérique Latine et Caraïbes des Conseillers du Commerce extérieur de France, lors des Journées Mexicaines organisées à ESCP Europe par le CERALE (Centre d’Etudes et de Recherche Amérique latine Europe). « Les opérateurs français au Mexique sont assez déçus de cet abandon de l’année du Mexique en France », regrette-t-il, évoquant ensuite la nécessité d’augmenter « ce commerce Franco-Mexicain qui est absolument ridicule par rapport aux relations culturelles que nous avons ».
Pourquoi choisir le Mexique ?
Actuellement, on compte déjà plus de 400 entreprises françaises au Mexique, issues principalement des secteurs de l’énergie, de l’automobile, de la pharmacie ou des services. Humberto Lopez, doctorant en Économie et Florence Pinot, professeur à ESCP Europe ont réalisé une enquête auprès de 38 d’entre elles et ont ainsi pu recueillir un certain nombre de résultats intéressants. Le premier d’entre eux, déclare Florence la diversification des risques » et tentent d’ « échapper à un marché français saturé et concurrentiel. » Pourquoi ? Parce que le Mexique offre de véritables atouts, parmi lesquels les 4 principaux selon Charles Henry Chenut sont :
- La garantie démocratique qu’offre l’Amérique latine dans le schéma des BRICS puisqu’il n’y a plus vraiment de collusion entre le politique et l’économique.
- L’attractivité économique incarnée d’une part par les richesses naturelles du continent, d’autre part par un marché de la consommation non négligeable et enfin par une ouverture de ces pays aux capitaux étrangers via des accords de libre échange non négligeables.
- La sécurité juridique puisque que les règles internationales qui facilitent le commerce mondial sont appliquées de façon de plus en plus sérieuse.
- La proximité culturelle. « Nombre d’entrepreneurs français quittent l’Inde, la Russie ou la Chine car ils n’arrivent pas à s’implanter durablement dans ces pays » explique Charles Henry Chenut. « On ne peut travailler et on ne peut fructifier que si on appréhende le pays » ajoute-t-il.
Mais ce n’est pas tout. L’enquête menée par Florence Pinot et Humberto montre également que la taille du marché mexicain ainsi que son dynamisme sont apparus comme deux des principaux points clés aux yeux des entreprises interviewées.
Comment s’y prendre ?
Mauvaise préparation de la phase de prospection, du business plan ou encore du budget à exploiter sont les erreurs principales que Charles Henry Chenut constate chez les entrepreneurs français qui veulent établir un business au Mexique. Ce ne sont pas les seules. Le manque d’information sur le rapport de force économique entre France et Mexique et sur la situation du Mexique en lui-même en est une autre. « Nous sommes désormais les clients des Mexicains. Ce n’est plus l’inverse. Le rapport de force a varié. Il faut donc se réorienter. » déclare Charles Henry Chenut, expliquant que l’Amérique latine a changé et que si les entrepreneurs Français se confrontent souvent à un échec une fois au Mexique, c’est parce qu’ils font du « copier-coller » de solutions françaises et qu’ils ont tendance à considérer trop souvent -à tord bien évidemmentque le marché de l’Amérique latine est tendre, facile d’accès. La solution ? « Ne partez pas à l’international si vous n’avez pas un produit innovant » conseille Charles Henry Chenut. « On ne peut pas aller à l’exportation si on n’a pas de stratégie » ajoute Jean Yves Delaune, administrateur de nombreuses sociétés. Enfin, les obstacles propres au Mexique sont à prendre en compte : le prix, en raison de la parité euro dollar, la distance géographique et le décalage horaire, un marché moins éduqué, l’existence d’un fort turn over, les lourdeurs administratives, la corruption, l’insécurité. Mais avec une bonne préparation en amont, l’entrepreneuriat au Mexique peut et doit se faire. « Je crois qu’il faut saisir cette accroche culturelle pour pouvoir la transformer en une relation économique et commerciale » confie Charles Henry Chenut pour conclure.
Claire Bouleau
Plus d’informations :
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