les 35 ans de la promotion 77
Président des New Ventures de LVMH, Hugues Dusseaux est également directeur général de Parfums Christian Dior. Ce qui passionne cet HEC 77 à l’esprit entrepreneur, c’est de naviguer entre ces deux univers de management très différents, de passer du pilotage d’une marque de prestige comme Dior, ancrée dans la haute couture, à l’animation et au développement de marques de créateurs/entrepreneurs.
Un parcours d’entrepreneur
A sa sortie d’HEC, Hugues Dusseaux débute son parcours à la Commission des Opérations de Bourse (actuelle AMF) puis passe deux ans dans l’audit où il acquiert une très bonne maîtrise et compréhension des chiffres et des mécanismes comptables mais aussi les insuffisances et limites de ces outils comme instruments de mesures des performances et valeurs économiques. Cet homme à l’esprit d’entrepreneur rejoint le groupe Pernod Ricard auprès de son Président et de son Directeur Général au moment où ceux ci s’engagent résolument sur une stratégie de croissance et de diversification globale et internationale. Lors de son acquisition par Pernod Ricard en 1984, il rejoint la Marque Orangina pour en consolider les positions françaises et en assurer le déploiement International. Après 10 années cher Pernod Ricard, il est approché par l’Oréal pour prendre la Direction Générale de sa filiale internationale de la Division Luxe et du Travel Retail Monde. Il découvre le nouvel univers de la Parfumerie et Cosmétique de luxe et assume une responsabilité globale avec une forte dimension Marketing, Commerciale et Internationale durant 6 années. Il rejoint ensuite le Groupe Coty/Benckiser pour prendre le poste de Président pour Coty qui durant ces 6 années s’installe au tout premier rang des acteurs mondiaux du secteur de la Beauté et de la Parfumerie.
C’est en 2002 qu’il rejoint le Groupe LVMH alors qu’il travaillait avec différents fonds d’investissements sur la reprise d’affaires dans le même secteur. La rencontre avec Monsieur Bernard Arnault sera déterminante pour prendre la Présidence des New Ventures. (Petites affaires de cosmétiques prometteuses comme par exemple Make Up For Ever et Benefit). Bernard Arnault lui confie cette mission en lui demandant de les développer de manière entrepreneuriale et précise même « je cherche un entrepreneur qui dirige ces affaires en dehors du Groupe ». Ces marques spécialistes, longtemps pilotées par leurs fondateurs, ont gardé leur autonomie, se sont développées, ont multiplié leur chiffre d’affaires par 10 en 10 ans. L’arrivée d’une nouvelle pépite dans les rangs des new ventures, la marque Nude, qui propose des produits révolutionnaires dans le domaine du Soin, constitue un nouveau challenge pour Hugues Dusseaux. Chargé de l’animation, du coaching et de la stratégie de ces marques, il privilégie leur identité à l’efficacité de l’organisation, s’attache à maintenir l’esprit de start up, le dynamisme, l’engagement et la créativité qui les caractérisent et à développer des synergies intelligentes. Le pragmatisme prime sur l’excellence académique. « J’avais un patron qui disait ‘‘quand on veut danser avec les éléphants, il faut être une souris rapide’’. »
Un fonctionnement en duo
Directeur général de Parfums Christian Dior depuis 2004, Hugues Dusseaux travaille en binôme avec Claude Martinez, président, en qui il reconnaît un as du marketing. Fleuron de la branche cosmétiques du groupe LVMH, Parfums Christian Dior est l’une des plus belles marques de prestige, une marque fortement liée à la haute couture française et à ses créateurs. A l’avant garde des tendances contemporaines, Parfums Christian Dior est présent sur les parfums, le maquillage et les soins, et réalise 92 % de son chiffre d’affaires à l’international. Hugues Dusseaux intervient sur la finance, les opérations, les achats, le juridique et sur tout ce qui touche aux organes communs à l’ensemble des sociétés de la branche parfums et cosmétiques du groupe LVMH. Très proche du président, il est associé à un certain nombre de réflexions, de décisions, de projets qui touchent au fonctionnement de la société, au développement stratégique, géographique.
les 35 ans de la promotion 77
« Avec 1 en allemand, j’aurais pu ne pas entrer à HEC car le 0 était éliminatoire ! Et malgré ça j’ai quand même été reçu dans les premiers ! J’ai beaucoup aimé cette période. J’étais président du ski club, cela m’a beaucoup occupé. Denis Kessler qui est, de mon point de vue, non seulement un des esprits les plus brillants et visionnaires mais aussi un homme d’action et d’entreprise étonnant était alors le Président de l’Union des grandes écoles (syndicat étudiant). Il organisait tous les vendredis une assemblée générale pour voter la grève. Nous mettions les skis sur le toit de la voiture, nous allions voter à 9 heures et à 10 heures nous étions sur la route pour aller skier. La vie sur le campus était intense,je me suis fait des amis avec lesquels je suis resté très lié. L’enseignement m’a donné la capacité à comprendre des choses très différentes, m’a permis d’acquérir un certain nombre d’outils, une vision 360°, d’aborder toutes les facettes du management et finalement de prendre des risques à chacun de mes changements de poste où d’entreprises. J’ai beaucoup de reconnaissance pour cette école et j’espère qu’aujourd’hui encore la qualité de son recrutement permet la même diversité sociale et culturelle que ce qu’elle était de mon temps. En parallèle de mes études et de mon premier job, j’ai poursuivi des études de droit et passé l’examen d’Expert Comptable avec l’idée que je pourrais un jour m’installer « à mon compte ». Il est important quand on choisit un job, de choisir aussi un patron. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs fois dans ma vie professionnelle des patrons qui m’ont inspiré, exposé, soutenu. Mes diverses expériences dans des univers de management différents m’ont enrichi, souvent j’ai eu la chance de créer mes jobs. Soit ils n’existaient pas, soit il fallait les réinventer et très souvent il s’agissait de nouveaux challenges où il y avait peu de candidats je dirais « classiques ». Plus jeune je voulais être soit architecte soit chirurgien. Finalement c’est un peu ce que j’ai et aime faire dans mes métiers : bâtir, construire, guérir et parfois opérer ! Plus je vieillis, plus j’ai envie de développer des projets à long terme. Continuer à créer et développer de nouvelles affaires mais aussi planter des « drapeaux » dans les nouveaux territoires qui seront les grands marchés de demain.
Passion
Passionné par la décoration, Hugues Dusseaux est tombé par hasard dans le luxe. « J’aime ce qui est beau et je suis très soucieux de la qualité de mon environnement. J’aime le sport, le ski, le golf, que je pratique dans de beaux endroits. J’aime lire, découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, des gens nouveaux et différents. »
« Avec Claude Martinez, nous sommes devenus très complémentaires, nous fonctionnons en binôme sur la base d’un partage des objectifs et des ambitions. Ce fonctionnement nous paraît très équilibré, très profitable et très enrichissant. Mon rôle est plutôt un rôle d’animation, je facilite le travail des collaborateurs, les interactions avec les autres fonctions. J’ai la chance d’avoir une équipe de très bon niveau. »
Une quête d’amélioration permanente
Le côté glamour du luxe attire beaucoup, c’est un domaine qui demande un grand niveau d’exigence, des fondamentaux techniques, le souci du détail, une grande vigilance, un niveau d’innovation extrêmement élevé. « On est en quête d’amélioration, on se remet en cause sans cesse, on vit dans un état d’insatisfaction permanente. » Lancé il y a une dizaine d’années, le parfum « J’adore », numéro un français devant son principal concurrent, fait l’objet d’une remise en cause permanente, d’efforts de créativité, d’un travail sur le packaging, sur le jus, pour renforcer sa désirabilité. C’est une des caractéristiques du luxe. Travailler dans cet univers requiert une prédisposition, un sens de l’esthétisme. « Nous recrutons énormément dans le monde, nous recherchons des talents de toutes sortes, ingénieurs, marketeurs, financiers, que nous allons développer. Quelle que soit leur fonction, ils doivent avoir le sentiment d’appartenir à une maison, se sentir responsable de l’image, de la marque, en être les ambassadeurs. » Parfums Christian Dior a fait depuis quelques années un gros de travail de consolidation de ses piliers, une part importante du chiffre d’affaires et de la croissance est faite avec les franchises existantes qui ont été enrichies, rajeunies, dans le respect de la marque et de ses codes.
. . . s u r l e B r é s i l
Le Brésil, un marché « de consommateurs » très important « J’ai eu l’occasion de visiter le Brésil, un pays merveilleux, à titre personnel. Je suis allé dans ce pays, grand producteur d’oranges, du temps d’Orangina puis ensuite à de nombreuses reprises chez l’Oréal et Coty. Le Brésil est un très grand marché de parfums et de cosmétiques, malheureusement sujet pour des marques comme les nôtres à des niveaux de droits de douane et de taxes extrêmement dissuasifs. Les consommateurs brésiliens ont des aspirations élevées. Ce sont des consommateurs exigeants. Malheureusement, pour leur pays qui se prive d’importantes recettes et d’emplois, ils achètent massivement à l’étranger lors de leur voyage plutôt que localement. C’est la raison pour laquelle ce marché, pour l’instant modeste en tant que tel, mérite malgré tout un investissement qualitatif majeur.
A.M.
Contacts
Parfums Christian Dior
7, rue de Téhéran, 75008 Paris
h.dusseaux@diormail.com