C’est dans le Musée de la Légion d’honneur que se tenait mardi 15 Mai 2012 la cérémonie de remise des prix du Défi H.
Un manège à trois
Née à l’automne 2011 de l’initiative de Sogeti -rejoint dans l’aventure par Le Monde Informatique et soutenu par L’ADAPT et TREMPLIN Etudes, Handicap, Entreprises-, la première édition du Défi H consistait à mettre en compétition des étudiants de 3ème année ou de master issus de 5 réseaux d’écoles et d’universités ( Polytech /Supinfo /Epita /Epsi /Réseaux Miage). Leur mission : réaliser le meilleur projet contribuant à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Le cadre : une collaboration tripartite faisant interagir dans chaque équipe concurrente une école représentée par plusieurs étudiants, un employé de Sogeti revêtant le rôle de coach, et une association impliquée dans le monde du handicap. Lancées dans le défi H en octobre 2011, ce sont finalement sept équipes qui, pendant plus de six mois, ont travaillé d’arrache pied « avec panache, audace, fun », selon les termes de Philippe Tavernier, président de Sogeti France.
« H comme Handicap, H comme Humain » – Christian Grapin
L’idée fondatrice du Défi H ? « Trouver un terrain d’entente entre les étudiants qui ont envie de s’impliquer et les entreprises qui ont besoin d’intégrer le handicap », explique Mélanie Hache Barrois, chargée de mission handicap et diversité pour Sogeti. Résultat, un concours qui, pour Philippe Tavernier, met en relation trois éléments chers à Sogeti :
– La sensibilisation au handicap : « Notre groupe s’est fortement engagé dans une politique volontariste de recrutement, d’intégration » rappelle le PDG. Mais ce n’est pas toujours évident de sensibiliser les employés à cette problématique constate Mélanie Hache Barrois. D’où l’idée de les confronter au handicap via leur rôle de coach. « Les faire asseoir dans une salle de réunion avec un discours, cela ne marche pas », prévient-elle. Christian Grapin, directeur de TREMPLIN Etudes, handicap, entreprises confirme : « Ce n’est pas parce qu’il y a une loi sur le handicap que tout d’un coup les hommes et femmes des entreprises sont à l’aise avec cette question. »
– L’intérêt pour la jeunesse et l’enseignement supérieur : « Nous recrutons plus de 1000 personnes dans l’année parmi lesquelles 50 % ont moins de 27 ans », remarque Philippe Tavernier.
– L’innovation et la technologie
Le Monde Informatique s’est très rapidement constitué en deuxième organisateur du concours, tandis que deux institutions référents dans le monde du handicap témoignaient de leur soutien au Défi H.
TREMPLIN Etudes, Handicap, entreprises, d’une part, qui voyait dans le défi H une double mission : ouvrir l’entreprise au handicap (H comme handicap), et ouvrir le monde du handicap à la vie (H comme humain), selon la distinction élaborée par Christian Grapin.
L’ADAPT, d’autre part, dont le Directeur Général Eric Blanchet a souligné l’importance de contribuer à l’insertion professionnelle des personnes handicapées parce que « le travail est une position sociale, une parole » et qu’il est indispensable de « pouvoir lier la situation de handicap à celle de citoyenneté » en facilitant l’accès à l’emploi.
Il a d’ailleurs félicité l’idée fondatrice du Défi H, celle de « passer la main aux jeunes. » « Vous qui vous êtes investis, vous êtes des liens, des passeurs », déclarait-il aux participants. « Plus tard, dans votre vie professionnelle, vous aurez rencontré le handicap, votre regard sera différent. »
SUPINFO Strasbourg désigné grand gagnant
Devant l’IUP MIAGE Amiens arrivé en troisième position et Polytech Grenoble classé deuxième, c’est l’équipe de SUPINFO Strasbourg qui s’est retrouvée sacrée grande gagnante de la soirée avec son projet « Contrast », élaboré avec l’aide de l’Association des Aveugles et amblyopes d’Alsace et de Lorraine. Le produit, une application Iphone permettant aux professionnels du bâtiment de choisir des couleurs qui contrastent suffisamment pour que les personnes malvoyantes puissent se repérer, a valu à l’équipe un encouragement de la part d’Eric Blanchet. « Je vous propose de nous recevoir dans un autre cadre pour voir comment nous pourrions vous mettre en lien avec des personnes que nous connaissons », a lancé ce dernier, malicieusement. Caroline Scheidt, directrice de SUPINFO Strasbourg, a quant à elle déclaré être « hyper fière » de ses élèves. « C’est une agréable surprise. On ne s’attendait pas à la première place. C’est un très bon projet, un produit abouti, travaillé, utile. Moi qui suis directrice d’école, cela m’a fait prendre conscience du fait que je ne réponds pas aux exigences d’accessibilité. Et puis, le défi H a créé une bonne cohésion entre les étudiants.»
« Des résultats au delà de nos espérances » – Jacques Mezhrahid
Alors, bilan de cette première édition ? Une réussite, ils le disent tous. Mélanie Hache Barrois se félicite ainsi que les objectifs fixés aient été atteints. Christian Grapin remercie Sogeti pour cette « très belle idée » tandis que Jean Royné, Directeur Général d’IT News Info -qui édite le Monde Informatique- plaisante en lançant qu’il est « jaloux de ne pas avoir eu cette brillante idée. » Philippe Tavernier enfin, qui voit dans l’événement un « honneur » dont lui et son équipe sont « fiers », n’a pas gardé longtemps le suspens : il y aura bel et bien une deuxième édition du Défi H.
Voilà de quoi enchanter associations, entreprises et étudiants même si préciser et améliorer le concept du concours pourrait se révéler pertinent. On peut en effet reprocher l’absence de futur à ces projets gagnants qui, une fois le concours passé, seront probablement laissés dans l’oubli, ce qui, pour les associations partenaires, peut constituer une vraie déception. Par ailleurs, au-delà de la prouesse technique, l’utilité réelle des produits réalisés reste encore à démontrer.
Quoiqu’il en soit, l’intérêt du Défi H réside avant tout dans la sensibilisation qui est faite à la question du handicap.
Claire Bouleau
Twitter @ClaireBouleau