Communiqué de presse :
Davos, Suisse, 22 janvier 2018 : Le rapport 2018 de l’Index mondial compétitivité et talents (GTCI) souligne que la Suisse se maintient en première place en termes de compétitivité des talents, suivie par Singapour et les États-Unis. Dans l’ensemble, les pays européens continuent de dominer les classements GTCI, avec 15 d’entre eux figurant dans le top 25. L’édition de cette année révèle également que les dix premiers pays partagent plusieurs caractéristiques clés et ont un point commun majeur : ils possèdent tous un système éducatif performant fournissant les compétences sociales et collaboratives nécessaires à l’employabilité des personnes sur le marché du travail actuel.
Un examen plus approfondi révèle plusieurs autres caractéristiques communes aux pays les mieux classés :
- Un environnement économique et réglementaire flexible
- Des politiques d’emploi alliant flexibilité et protection sociale
- Une ouverture interne et externe
En plus du classement en termes de compétitivité des talents, le rapport de cette année a pour thème « la diversité au service de la compétitivité ». Il définit trois types de diversité : cognitive, identitaire et de valeurs. Le thème de la diversité (collaboration entre des individus dotés de de connaissances, d’expériences et de motivations différentes) a été choisi, car celle-ci joue un rôle essentiel pour lier stratégies d’innovation et de talents. En effet, l’attention portée à la diversité démographique favorise un avenir durable et innovant et aide les entreprises à retenir et développer les talents. Cependant, le rapport souligne que la diversité a un coût : les individus sont souvent mal préparés à collaborer avec des personnes différentes.
Le rapport, par l’INSEAD en coopération avec The Adecco Group et Tata Communications, fournit une analyse comparative annuelle détaillée. Celle-ci mesure l’attraction, la rétention et le développement des talents des pays et des villes. Elle offre aux décideurs une ressource unique pour évaluer la compétitivité globale des talents et développer des stratégies pour stimuler leur compétitivité.
Des corrélations constantes entre la performance économique et la compétitivité des talents
Top 20 détaillé des classements et quelques résultats selon des variables spécifiques
L’édition 2018 du GTCI comprend 68 variables (65 en 2017), couvrant 119 pays et 90 villes (respectivement 118 et 46 en 2017). Cette année encore, ce sont les pays développés à revenus élevés qui obtiennent les meilleurs scores du GTCI.
- La Suisse maintient sa position en première place, suivie par Singapour et les États-Unis.
- Les pays européens continuent à dominer le classement GTCI, avec 15 d’entre eux figurant dans le top 25.
- Parmi les pays non européens qui se classent en tête cette année, on trouve, entre autres, l’Australie (11e), la Nouvelle-Zélande (12e), le Canada (15e), les Émirats Arabes Unis (17e) et le Japon (20e).
- Les pays d’Amérique latine sont généralement en tête des pays qui comptent le plus de femmes diplômées (l’Argentine se classe au 5e rang sur cette variable).
- Les efforts en matière d’éducation (par rapport au PIB par habitant) sont importants en Afrique (le Botswana est 1er, le Lesotho 2e et le Sénégal 5e). Cela indique que les défis ont été correctement identifiés dans ce domaine, bien que l’efficacité de ces investissements peut être renforcée.
Top 25 des pays du classement 2018
L’index évalue les politiques et les pratiques qui permettent à un pays de développer et de renforcer aussi bien les « compétences professionnelles et techniques » que les « compétences générales » associées à l’innovation, à l’entrepreneuriat et au leadership, c’est-à-dire les talents contribuant à la productivité et à la prospérité.
Cette année, la ville en tête du classement de l’Index mondial sur la compétitivité et les talents est Zurich (2e l’année dernière).
8 des 10 villes les mieux classées se situent en Europe, et 2 se situent aux États-Unis.
Les villes les mieux classées présentent des similitudes. Force est de constater que les pays atteignant des niveaux de PIB plus élevés favorisent naturellement une intégration plus importante de la technologie, créant ainsi des écosystèmes offrant une éducation, des entreprises, des services de santé et des infrastructures de meilleure qualité. Ce cycle vertueux engendre une plus grande compétitivité des talents. En outre, les universités les mieux classées attirent un personnel d’enseignement et de recherche plus expérimenté, ce qui permet de préparer plus de talents qualifiés pour le marché du travail. Le dynamisme et l’innovation du leadership local (y compris des maires et des « agences de talent ») peuvent également jouer un rôle important. L’impact de réseaux d’information denses et efficaces est particulièrement important lorsqu’il s’agit d’attirer et de retenir les talents, comme l’ont démontré les « villes intelligentes » telles que Singapour, Dubaï, Abu Dhabi et Doha.
« La capacité à tirer parti de la diversité requiert une direction audacieuse et visionnaire, tant au niveau des entreprises que des villes et des nations. En ce sens, les villes sont de parfaits laboratoires. Dans de nombreuses villes du monde, la promotion de la diversité a engendré des avancées significatives, notamment en matière d’inclusion : des concepts tels que « prospérité inclusive » ou « villes intelligentes » nécessitent d’être repensés spécifiquement selon cet angle. En effet, ces concepts laissent davantage de place à la concertation avec les acteurs locaux », soulignent Bruno Lanvin et Paul Evans, coauteurs du rapport.
Le défi de la diversité
L’analyse complémentaire approfondie du rapport de 2018 révèle les approches que les entreprises, villes et nations adoptent vis-à-vis de la diversité. Elle souligne également que la diversité n’est pas une fin en soi : elle doit toujours s’accompagner d’une culture d’inclusion afin d’avoir un réel impact. Les objectifs et les statistiques ne remplacent pas l’acceptation et l’ouverture culturelles.
Cependant, les résultats du GTCI indiquent qu’il n’existe pas de modèle absolu en matière de diversité et d’inclusion. Par exemple, malgré sa position en tête du classement du GTCI, la Suisse n’a pas un score élevé en ce qui concerne l’accès des femmes aux postes de direction. Les pays nordiques obtiennent des scores élevés sur la plupart des variables liées à la collaboration, l’ouverture interne, la mobilité sociale et l’égalité des sexes. Cependant, mais ils ne sont pas suffisamment ouverts vers l’extérieur, et attirent donc moins de talents.
« Les points de vue concernant la diversité ont considérablement évolué au cours de ces dernières décennies, explique Paul Evans. Les entreprises ont compris la différence entre chanter à l’unisson (uniformité) et chanter en harmonie (diversité), et que cette différence peut être mesurée en termes d’efficacité, de compétitivité et d’innovation. Sur des tâches complexes, les équipes diversifiées obtiennent de bien meilleurs résultats que les équipes constituées de personnes talentueuses, mais similaires. Les groupes représentant une diversité démographique surpassent les groupes homogènes à plusieurs reprises. La diversité peut susciter une approche créative à la résolution de problèmes. Cependant, si elle est mal gérée, la diversité peut également engendrer des conflits qui font perdre du temps. Les compétences collaboratives et interpersonnelles ainsi que l’inclusion sont donc primordiales. »
« La diversité est un facteur essentiel à l’innovation » : Peter Zemsky, doyen adjoint et doyen pour les initiatives stratégiques et l’innovation à l’INSEAD, précise que « les structures de direction organisationnelle valorisent l’importance comportementale du réseautage externe plutôt qu’interne. Aujourd’hui, les entreprises ont de plus en plus recours à l’exploitation des opportunités d’innovation locales, favorisées par l’explosion d’informations de l’économie du savoir, plutôt qu’à l’exploitation du département R&D de leur siège social. »
Alain Dehaze, CEO The Adecco Group, ajoute que « mettre l’accent sur la diversité et l’inclusion est primordial pour surmonter les fractures et les inégalités de notre époque. Cela signifie promouvoir une culture de l’inclusion, à commencer par la famille et l’école, tout en luttant contre les préjugés et en développant des compétences sociales et collaboratives, lesquelles sont essentielles pour libérer le pouvoir du travail et garantir un avenir pour tout le monde. »
Vinod Kumar, directeur général de Tata Communications, affirme que « tandis que de plus en plus d’entreprises font de la transformation digitale une priorité, les technologies hautement automatisées dotées d’IA entrent de plus en plus sur le marché du travail. Alors les humains et les machines commencent à travailler ensemble, les entreprises doivent étendre leur vision de la compétitivité des talents et de la diversité au-delà des humains pour prendre en compte les machines. En acceptant la primauté de l’infrastructure numérique, ni le talent ni la diversité ne seront considérés comme exclusifs aux personnes. »