Suite des aventures de David Fayon au cœur de la Silicon Valley. Pour ce 12ème épisode, il nous fait découvrir l’Université de Stanford.
Une fondation par le gouverneur et sénateur de Californie avec des joyaux
Après avoir fait fortune avec la révolution des chemins de fer à la fin du XIXe siècle, Leland Stanford fonde en 1891 avec son épouse Jane, la Leland Stanford Junior University. Elle porte le nom de son fils unique disparu avant d’atteindre 16 ans. S’étendant sur 32 km2, elle comprend de nombreux monuments parmi lesquels la Hoover Tower (86 m de haut) du nom du Président Hoover et achevée pour les 50 ans de l’université. Elle peut être visitée pour la modique somme de 3 dollars et permet d’observer de façon panoramique la région et abrite une riche bibliothèque avec notamment un exemplaire original du traité de Versailles, le 1er numéro du journal russe La Pravda. L’université réunit des parcs et des jardins botaniques qui créent une atmosphère particulière où il fait bon vivre et aussi le Stanford Memorial Church achevé en 1903 (et affecté par les tremblements de terre de 1906 à San Francisco et de 1989 de Loma Prieta, ce qui a nécessité des réfections hormis le clocher) en grès rose et d’un style roman-byzantin. Cette église se veut oecuménique même si les protestants ici sont majoritaires. Des mariages y sont même célébrés. Stanford abrite également de nombreuses œuvres de Rodin.
Apre sélection pour l’une des 3 meilleures universités américaines
Les chiffres sont impressionnants : 21 prix Nobel, 19 bibliothèques et plus de 8 millions d’ouvrages, toujours classées dans le Top 3 des différentes disciplines scientifiques – et désormais classée devant Harvard avec un taux de 5 % d’admis en 1ère année, etc.
Les frais de scolarité sont très importants : 45 000 dollars par an (60 000 avec logement et l’alimentation) mais 30 % paient l’intégralité des frais de scolarité, les autres en paient une partie voire rien selon les aides notamment au mérite. Les étudiants sont souvent les ambassadeurs de leur université en réalisant pour certains des Walking Tours, visites guidées de l’université avec tout l’enthousiasme des Américains qui font le show. 99 % des étudiants vivent sur le campus toute l’année. Un peu plus de 16 000 étudiants sont recensés. Harvard fête ses 125 ans et des fanions ornent principalement la rue qui borde l’université, El camino real (le chemin royal), route empruntée lors des missions qui s’étalèrent de 1683 à 1834 et ont permis de propager la religion chrétienne auprès des Amérindiens.
Les critères d’admission sont l’excellente académique et sportive. Les aides sont accordées généralement indépendamment des revenus des parents. Il est plutôt conseillé d’être excellent dans une discipline rare plutôt que d’être bon dans une discipline plus commune. La diversité est par ailleurs recherchée.
Des originalités qui facilitent la créativité
Sur le campus qui est étendu, le déplacement en vélo ou en skate est la règle est on assiste à un défilé en permanence où sans être stressés, les étudiants optimisent leur temps.
On dénote 7 coopérative houses où la vie en collectivité est reine avec partage des tâches (alimentation, etc.) au quotidien.
Un système de quarters plutôt que de semestres est instauré. Il est très facile de passer d’une discipline à une autre et tester un cour est une option fréquente avant de choisir ses enseignements. Un peu comme pour Google et son management à 360 degrés, les professeurs sont également notés par les élèves. Les idées sont accueillies avec enthousiasmes et les itérations par « test and learn » avec la dimension recherche est fondamentale.
Une université au cœur de la révolution numérique
En 1969, le réseau Arpanet – ancêtre d’Internet – naissait. Parmi les 4 sites connectés figurait le SLAC (Stanford Linear Accelerator Center), laboratoire de physique pour l’accélération des particules. Stanford a alimenté la Silicon Valley de nombreux talents à commencer par Hewlett et Packard, fondateurs de HP, ce qui a marqué le début de l’attractivité de la Californie pour les entreprises dans le matériel informatique avec une fondation dans un garage… Des professeurs comme Knuth auteur du livre de référence The art of computer programming ou Vinton Cerf, le père du protocole TCP/IP pilier d’Internet, y enseignent. Le département informatique joue un rôle majeur. Grâce à des anciens de Stanford sont nés entre autres Yahoo, Google, LinkedIn, Netflix et Snapchat sans compter PayPal et Tesla créés par le visionnaire Elon Musk qui a débuté un PhD ici.
Le Stanford Technology Ventures Program (STVP) entraîne à la création d’entreprise. La motivation de rendre le monde meilleure comme pour les start-up de la Californie est une réalité au-delà de la volonté de faire fortune.
Des liens forts avec la Silicon Valley existent. De nombreux brevets sont déposés par Stanford via le bureau des innovations (Office of Technology Licensing) lequel a déposé plus de 8 000 brevets en 30 ans et assure de précieuses royalties. On a même des financements par Google et des professeurs qui investissent dans les start-up des étudiants et des challenges innovants (https://humanoides.fr/2016/03/luniversite-de-stanford-met-au-point-des-micro-robots-capables-de-tracter-une-voiture/) où numérique et disciplines connexes sont associés.
Enfin, la fameuse Sand Hill Road, l’avenue où les capital-risqueurs sont concentrés, est à deux pas du campus ce qui confère une densité exceptionnelle dans la création de valeur.
David Fayon