le management nouvelle génération
Crédits AdobeStock

Dans les grandes écoles, le management nouvelle génération donne le ton

Programmes, modules, certificats : les grandes écoles multiplient les formations pour acculturer les jeunes (ou moins jeunes !) talents aux rouages du new management. Formation initiale ou continue : comment les grandes écoles s’emparent-elles des nouvelles tendances pour former des managers toujours plus à la pointe ?

« Le mot d’ordre des nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail est la flexibilité ». Pour Manuelle Malot, directrice carrière et prospective de l’EDHEC, l’époque du management descendant et directif est révolue. « Les jeunes demandent plus de flexibilité dans les horaires, l’organisation ou encore le lieu de travail » souligne celle qui est également directrice de l’EDHEC NewGen Talent Centre, centre d’expertise de l’EDHEC sur les aspirations professionnelles et les compétences des nouvelles générations de talents. En parallèle de ces éléments organisationnels, les jeunes ont de nouvelles attentes vis-à-vis du management : plus de transparence et d’honnêteté, plus d’autonomie, une soif de développer leurs compétences ou encore de trouver un sens à leur travail. « On assiste aujourd’hui à l’avènement du manager qui forme, qui accompagne, qui fait confiance et qui inspire. Un manager pourvoyeur de sens, qui veille plus qu’il ne surveille » résume Manuelle Malot.

Des grandes écoles à l’affût des nouvelles pratiques

Une tendance auxquelles les entreprises et managers doivent s’adapter, mais également les grandes écoles de management. Pépinières des managers d’aujourd’hui et de demain, elles s’organisent en effet pour rester à la pointe sur les dernières tendances et techniques managériales. Ainsi, à l’EDHEC, on s’inspire directement des résultats des différentes études réalisées par le NewGen Centre pour réviser les programmes et adapter aux mieux les modalités et les contenus d’enseignement. Selon l’étude Comment les NewGen veulent apprendre et travailler publiée en janvier 2023, 96 % des jeunes considèrent que les entreprises ont un rôle à jouer par rapport aux grands enjeux sociaux et environnementaux. « En réponse à ces attentes, nous avons immédiatement intégré à nos programmes les notions de soutenabilité et de développement durable car il est impératif que les jeunes soient formés en termes de management sur ces aspects » illustre Manuelle Malot.

Assimiler le management nouvelle génération grâce à l’art de faire

Pour former les jeunes talents à devenir les managers de demain, les grandes écoles misent aussi sur la pédagogie de l’action. Un choix notamment défendu à emlyon business school. « Nous mettons l’accent sur l’art de faire et sur la pédagogie expérientielle qui sont de véritables terrains de formation » développe Thierry Picq, professeur en management et en ressources humaines au sein de l’emlyon et ancien directeur académique. L’école propose ainsi à ses étudiants des expériences concrètes, telles qu’une association avec l’Ecole supérieure d’art et design de Saint-Etienne, une collaboration avec une équipe sportive ou encore une rencontre avec de futurs pilotes de chasse dans une école militaire à Salon-de-Provence. Autant de situations, parfois inhabituelles, qui permettent « de confronter les futurs managers à des situations et à des problématiques de société qui ne sont pas du management pur. Nous espérons qu’ils hybrident leur façon de penser, qu’ils s’ouvrent à d’autres milieux pour développer un panel de compétences comme la performance collective et l’écoute » explique Thierry Picq. Des savoir-faire et savoir-être intrinsèques au management nouvelle génération.

En parallèle de cette pédagogie de l’action, l’accent est aussi mis sur la réflexion. L’objectif : développer l’esprit critique des étudiants. « On les questionne notamment sur leurs limites, leur impact dans la société et comment ils pourront faire autrement en tant que managers. C’est une ligne académique qui irrigue toute l’école » abonde Thierry Picq. « L’objectif est que les futurs managers soient soucieux et conscients des impacts de leurs décisions, qu’ils soient organisationnels ou humains. Ils doivent intégrer cette responsabilité dans leurs pratiques, et ça commence dès la formation. »

L’importance de la formation continue dans le management nouvelle génération

Dès la formation initiale bien sûr, mais également lors de la formation continue. Car si les étudiants sont biberonnés au management nouvelle génération dès leur entrée à l’école, « les managers d’aujourd’hui veulent pouvoir créer de la valeur rapidement en assimilant les derniers modèles de management » complète Karim Benameur. Enseignant consultant en management à Grenoble Ecole de Management (GEM), il est également garant de la qualité et de la cohérence des enseignements en management dans les programmes executive : des formations continues, longues ou courtes, qui s’adressent aux cadres et chefs d’entreprise.

Son astuce pour proposer des programmes toujours plus à la pointe en matière de management ? S’inspirer directement de ses échanges avec les managers qu’il rencontre en formation. Dernier exemple en date : la création d’un module de formation intitulé Ecologie du leader et imaginé à la suite d’entretiens avec des dirigeants d’entreprises grenobloises. « C’est un sujet qui a émergé naturellement. Comment faire en sorte que les managers vivent bien leur fonction au service de la performance de l’écosystème ? En d’autres termes : les managers doivent s’occuper de leurs équipes, mais qui s’occupe d’eux ? » explique Karim Benameur. Et d’ajouter : « aujourd’hui, ce nouveau contenu est le premier retenu par les entreprises ». Un succès qui a poussé GEM à gonfler son offre autour de cette formation executive en recrutant de nouveaux profils « comme des spécialistes de la diététique ou du rythme de vie » détaille Karim Benameur.

Le management nouvelle génération en question

Grâce à ces interactions avec le monde de l’entreprise, mais également grâce au centre de ressources de GEM qui fournit un travail de veille sur les tendances de demain, de nombreuses thématiques issues du management nouvelle génération ont trouvé leur place dans les programmes executive. « Comment donner du sens au travail ? Comment manager entre bienveillance et exigence ? Comment développer la montée en autonomie, en compétences et en responsabilité des collaborateurs ? Comment améliorer la qualité de vie et les conditions de travail ? Ou encore, comment recruter et inclure des collaborateurs pour les fidéliser ? » énumère Karim Benameur. Et plus encore, puisque les nouveautés des programmes executive vont également irriguer la formation initiale. Cette capacité à transformer rapidement des problématiques concrètes en contenus et objets d’enseignement « fait la force de GEM, selon l’enseignant. Une souplesse qui permet à l’école de proposer un management nouvelle génération aux managers d’aujourd’hui, et de dispenser une formation initiale à la pointe aux managers de demain. »