Plus de 10 millions de visiteurs investissent chaque année les locaux d’environ 8000 entreprises françaises. Communication, vente directe, mais également fédération des équipes sont les buts recherchés (et généralement atteints) par cette politique de la porte ouverte. Suivez le guide !…
Du petit artisan à la multinationale, l’enjeu de la communication vaut pour toutes les entreprises qui ouvrent leurs portes au public, explique Cécile Pierre, directrice de l’ADEVE (Agence de Développement de la Visite d’Entreprise). A une époque où les discours n’ont plus guère d’impact, la démonstration in situ possède force de preuve. Plus le secteur est sensible (agro-alimentaire, énergie, environnement), plus cette transparence est précieuse ». Raison pour laquelle sans doute EDF fut en France dans les années 80 (Tchernobyl !) le pionnier de la visite d’entreprise, ouvrit alors toutes grandes ses centrales nucléaires et, face à l’intérêt montré par le public, continue d’investir beaucoup d’argent dans ses circuits de visite. Trente ans plus tard, ce sont, selon les années, 8 à 9 000 entreprises qui choisissent cette forme de faire savoir pour véhiculer leur savoir-faire.
1 visiteur = 1 acheteur !
Mais, au-delà de la seule image, c’est tout bonnement pour des raisons financières que certaines entreprises choisissent d’ouvrir leurs portes. Ayant installé un espace de vente en fin de visite, elles génèrent ainsi un CA additionnel qui peut grimper jusqu’à 40 % ! Chez le parfumeur Fragonard par exemple, c’est bien simple : un visiteur égale un acheteur. Alors quand on en accueille plusieurs centaines de milliers chaque année !… Sans négliger ni les achats reportés ni la fidélisation. « On sait d’expérience que la grande majorité des visiteurs qui ont vu fabriquer des brioches Pasquier privilégieront cette marque pour le restant de leur vie en raison du lien affectif créé » rappelle Cécile Pierre. Enfin, les visites d’entreprise se révèlent également un bon outil de management en ce qu’associant le personnel à la démarche, elles fédèrent les troupes et tout en les valorisant.
Faire évoluer les publics
Reste que découvrir le « comment ça marche » d’une entreprise (c’est avant tout cela qui passionne le consommacteur) implique qu’au moment de la visite elle… fonctionne ! Or le public disponible durant la semaine est en grande majorité composé de seniors et de scolaires. Sachant qu’il existe deux grandes catégories d’entreprises visitées : celles liées à l’artisanat et aux produits de bouche qui misent clairement sur l’enjeu « vente » : des Opinel aux caves de Roquefort en passant par la Bénédictine de Fécamp qui accueille chaque année plus de 170 000 visiteurs ! Et puis toutes les grandes entreprises telles Peugeot, la RATP, EADS ou encore donc EDF (200 000 visiteurs annuels aux usines marémotrices de la Rance) qui n’ont « rien à vendre » et ouvrent avant tout leurs portes dans un but communicationnel. Mais pas que… On sait le souci actuel des grandes entreprises d’attirer à elles de nouveaux talents ; la visite d’entreprise peut alors constituer un élément intéressant du dispositif multiforme mis en place dans à cet effet. « L’idée est d’attirer un nouveau public, essentiellement composé d’étudiants supérieurs des filières techniques et commerciales des universités et grandes écoles, précise Jean-Michel Oberto, directeur du master « ingénierie touristique » à l’Institut Catholique de Paris et initiateur d’un cycle de conférences européen sur la visite d’entreprise, mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements de ce côté : quelques opérations ponctuelles. L’idée néanmoins semble avoir de l’avenir ». Les territoires en tous cas (tels la région Rhône-Alpes), ont déjà pris la mesure de ce que cette forme particulière de tourisme apportait en termes d’attractivité, et ils s’investissent de plus en plus de ce côté.
Pratique
Deux sites internet répertoriant les entreprises françaises qui se visitent ont vu le jour en même temps, en 2012 :
www.entrepriseetdecouverte.fr et www.visite-entreprise.com
JB