Le master de création littéraire lancé à la rentrée 2013 par l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis en est presque à sa première année d’expérimentation. Pensée comme un laboratoire, la formation séduit des étudiants attirés par l’acte d’écriture et la littérature.
Tous ne désirent pas être écrivains mais rêvent d’exploiter leur potentiel « d’écrivant ». En participant à la première cuvée de ce master de création littéraire qui propose des ateliers d’écriture, les vingt étudiants sélectionnés ont sans aucun doute exercé leur plume. Axés sur la théorie et la pratique, les ateliers leur permettent de s’immerger dans une nouvelle pratique de la littérature et de l’écriture. Marrainée par l’auteur Maylis de Kerangal, la formation se veut intensive et créative. Il s’agit comme l’explique Olivia Rosenthal, maître de conférences à Paris 8 et écrivain à l’origine du master avec Lionel Ruffel, professeur de littérature générale et comparée, de « renouveler la pédagogie en passant par la pratique de l’écriture. La formation offre aussi aux étudiants, une certaine manière de penser la littérature, des compétences et du temps pour écrire dans l’espace universitaire ».
Pourtant, le temps est ce qu’il manque aujourd’hui à Amélie. L’étudiante de 25 ans qui se destinait à une carrière d’éducateur spécialisé a intégré le master de création littéraire afin de trouver un équilibre entre le travail et l’écriture mais aussi dans le but de rencontrer des gens qui écrivent. La formation est pour elle très stimulante. « Je suis très contente. Aujourd’hui, j’ai envie de lire des livres que je n’aurai pas eu l’idée de lire avant, de visiter des endroits nouveaux sur Paris. Mais je crois qu’une vie structurée autour de l’écriture n’arrivera pas pour moi pendant ce Master, car pour l’instant, je dois travailler pour étudier et ne peux être concentrée sur mon écriture. » En plus de la pratique de l’écriture, le master donne aux étudiants la possibilité de faire des rencontres littéraires et professionnelles. Plusieurs figures de la scène littéraire ont été invitées au cours de l’année : le critique littéraire Pierre Assouline ou encore les écrivains Leslie Kaplan et Céline Minard.
Les étudiants sont allés à la rencontre d’éditeurs afin d’en savoir plus sur les réalités du métier et commencer à se constituer un réseau. Cette approche professionnelle et concrète du monde littéraire est ce qui plaît à Marie, 27 ans. En intégrant le master, elle a eu l’impression d’avoir gagné dix ans. « J’ai pris conscience que le monde littéraire devenait une réalité envisageable et attrayante. Je suis passée d’une phase où l’écriture était un à-côté, une expérience solitaire peu partageable, le monde littéraire quelque chose de flou et d’inaccessible à une autre phase difficile et agréable où je suis dedans, face à mon écriture, face aux autres. C’est un plongeon ». L’étudiante, dont le projet d’écriture porte sur la marge et la question de la désocialisation dresse un bilan positif de cette première année même si le « Collectif » doit encore s’atteler à la recherche d’une identité plus affichée à la rentrée prochaine.
LE CREATIVE-WRITING MADE IN FRANCE
Octobre 2012 : l’université du Havre et l’Ecole Supérieure d’Art et Design Le Havre-Rouen (ESADHaR) se lancent dans l’expérience des ateliers d’écriture, en inaugurant un Master Lettres et Création littéraire. Peu après, la faculté de Toulouse Le Mirail propose à 15 étudiants sélectionnés sur dossier de suivre le programme du nouveau Master Métiers de l’Ecriture « inspiré des pratiques de creative writing anglo-saxonnes ».
En septembre 2013, l’université Paris 8 est la troisième faculté à poursuivre l’aventure.
Yslande Bossé