Les nouveaux visage s de l’industrie des pays émergents
Si les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ouvrent le champ des possibles pour de jeunes diplômés, il y a certaines conditions pour s’y faire une place au soleil.
Quels sont les secteurs porteurs ?
A force d’être émergents, ces pays ont émergé ! Eric Simon de l’ISC Paris les appelle les « pays start-up. » Et leur croissance est synonyme d’opportunités pour des Occidentaux. « Il se vend 3 téléphones cellulaires par seconde en Inde, et Peugeot vend 20 millions de véhicules par an en Chine ! Indique François Lafargue de l’ESG Management School. Déjà des acteurs de l’assurance ou de l’immobilier se positionnent en Chine. » Les cadres de bon niveau manquent et sont recherchés dans les industries qui montent en gamme : téléphonie, textile. Entreprises indiennes et chinoises veulent investir en Europe et ont besoin de compétences pour concevoir des produits correspondant à nos attentes. « Des jeunes peuvent faire de la R&D, du développement produit, du marketing chez des acteurs chinois », confirme le directeur de l’Ecole Centrale Pékin, Dimitri Dagot.
« Apprendre des langues rares quand on souhaite une carrière internationale est un atout pour la vie. »
Dimitri Dagot, directeur de l’Ecole Centrale Pékin
Le Brésil a une économie capitalisée mais manque d’infrastructures. Les opportunités sont donc dans l’énergie, les transports, l’automobile, les ports, le traitement des eaux usées, tandis que la pharmacie, l’agroalimentaire et l’industrie des matières premières se développent. C’est l’économie la plus ouverte avec l’Afrique du Sud « qui a rejoint les BRICS l’an dernier, observe François Lafargue. Son industrie est peu développée, elle importe et recherche des investisseurs. Elle sert aussi aux entreprises étrangères de base arrière pour d’autres pays africains. » La Russie est à l’inverse une économie rentière, fondée sur les hydrocarbures qui importe ses biens de consommation, a besoin d’équipements. Entrée dans l’OMC cette année, elle reste difficile à percer et se durcit politiquement. Les opportunités sont donc limitées.
« Aller à Shanghai en 2013, c’est comme arriver à New York en 1900, tout est possible, tout va plus vite ! »
François Lafargue, professeur d’économie spécialiste des pays émergents à l’ESG Management School
Atout N°1 : parler la langue
S’il est difficile d’entrer en Chine, des efforts ciblés se révèlent payants selon Dimitri Dagot. « Il faut parler chinois, ou du moins commencer à apprendre. Sinon, on se coupe de 90 % des offres d’emploi adaptées aux Occidentaux. C’est un énorme atout, à vie, d’autant que cela reste rare de maîtriser le mandarin. » Dans chacun des BRICS, le problème N°1 est la langue. « 6 % des Indiens seulement parlent anglais, annonce François Lafargue, et c’est encore pire en intéressera les entreprises des BRICS en parlant une langue locale. »
Comment partir ?
Le premier pas est souvent un stage ou un VIE dans une entreprise française. Un échange universitaire est aussi un atout pour prendre des contacts, connaître le fonctionnement du marché de l’emploi. Tenter sa chance peut fonctionner en misant sur « l’exotique » du Français dans la restauration, la mode, les cosmétiques, le tourisme (dès lors que l’on sort des villes le potentiel est sous-exploité dans les BRICS). Ainsi à Pékin le « Café de la Poste » est très connu. « Des entrepreneurs y font aussi de l’import/export avec des produits typiques : vins, foie gras, fromages ; ou à l’inverse font travailler un industriel local pour exporter vers nos pays », ajoute Eric Simon qui conclut en glissant que les jeunes peuvent commencer à s’intéresser à l’Azerbaïdjan ou à la Mongolie…
« Les pionniers sont partis au début des années 2000 en Chine et en Inde. Aujourd’hui, ils partent au Brésil. Pour être franc, les opportunités sont restreintes en Russie ou en Afrique du Sud. »
Eric Simon, doyen de la recherche de l’ISC Paris, a monté un centre de recherche avec des collègues brésiliens
Florian Mugnier, élève de l’ECP, est un adepte des pays émergents, les défis et opportunités liés à leur développement rapide l’ont conquis
« J’ai attrapé le virus en voyage d’études au Brésil. Ca a été une expérience extraordinaire d’ouverture et de découvertes. Dès lors, je voulais partir à l’aventure, relever des défis, être là où les choses bougent. J’ai réalisé un stage en 2e année chez PSA en Chine. J’ai commencé à apprendre le chinois, une clé pour s’intégrer, rencontrer des gens. J’ai travaillé en production, cela a changé mon regard sur les hommes et sur le management. Après un an à l’ESSEC pour mon double diplôme, je réalise ma 3e année en alternance chez Air Liquide, je travaille avec l’Inde et la Chine. »
www.francoislafargue.com
A. D-F