Plaçant l’innovation biologique et technologique au coeur de sa stratégie, bioMérieux s’est donné pour mission d’améliorer la santé des patients et assurer la sécurité des consommateurs par le diagnostic in vitro. Explications de Stéphane Bancel (ECP 95), son Directeur Général.
bioMérieux est le leader du diagnostic in vitro. 85 % de son chiffre d’affaires concerne le diagnostic clinique, c’est-à-dire la réalisation de tests sur des échantillons humains pour aider les médecins à mieux diagnostiquer les maladies, et 15 % de son activité concerne la détection de bactéries dans les produits agroalimentaires, pharmaceutiques et cosmétiques. Le Groupe est également leader mondial dans l’agro-alimentaire pour fournir du matériel afin de tester les points de contamination des bactéries dans la nourriture. « bioMérieux est essentiellement tourné sur les maladies infectieuses virales type VIH, les infections bactériennes type septicémies. Cette spécificité fait vraiment la force de bioMérieux, insiste Stéphane Bancel. Cela explique que l’on se soit positionné très tôt dans les pays émergents. En effet, le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C sont les trois grandes maladies qui préoccupent le plus les acteurs de santé publique locaux et sur lesquelles bioMérieux est très présent ». Des plus grosses sociétés de diagnostic, bioMérieux est d’ailleurs la plus exposée aux pays émergents où elle réalise 25 % de son CA. Stéphane Bancel se rend environ deux fois par trimestre dans ces pays qui constituent clairement un pôle de croissance important du laboratoire. Le Groupe, qui réalise à peu près 1,3 Msd€ de chiffre d’affaires avec 14 % des ventes en France, compte quelque 6 000 collaborateurs dans le monde. Un tiers travaillent dans l’Hexagone avec de grosses activités de production et de recherche autour de Lyon, mais aussi à Grenoble où sont situés une nouvelle usine et un nouveau centre de R&D axés sur les technologies les plus innovantes du métier comme la biologie moléculaire.
Il y a encore en France une belle industrie
de la santé et il est important de faire partie du G5 pour
avoir un dialogue soutenu et des rapprochements stratégiques avec les autres sociétés très innovantes de santé françaises.
Au coeur des nouvelles approches
« Une bactérie double de population toute les vingt minutes. Si l’on ne trouve pas très vite l’origine d’une l’infection, la vie du patient est rapidement menacée, explique Stéphane Bancel. Toute notre démarche de R&D et d’innovation consiste à réinventer la microbiologie clinique, c’est-à-dire réduire au maximum le temps de réponse entre le moment où l’échantillon sanguin est prélevé et celui où la réponse arrive au médecin. Idéalement ce dernier voudrait un résultat en deux-trois minutes là où il faut aujourd’hui plusieurs jours pour identifier des bactéries très compliquées.» Pour répondre à ce défi et réduire ce temps de résultat, bioMérieux s’est lancé depuis quelques années dans une stratégie de partenariats et d’acquisitions très agressive. bioMerieux a rejoint le G5 des laboratoires français en février 2011. « Nous nous sommes ainsi engagés à faire de la médecine personnalisée une réalité en nouant des partenariats avec la société Ipsen afin de développer des tests de théranostic (ndlr : association d’un test diagnostique à une thérapie), notamment pour la prévention et le traitement des cancers de la prostate et du sein. » Le rôle du Directeur Général a de multiples facettes. Le plus important aux yeux du CEO de bioMérieux, c’est de s’assurer en permanence que la stratégie du groupe existe. « Il faut pour cela qu’un employé ou à un dirigeant puisse expliquer cette stratégie en trois phrases, sinon c’est une théorie, remarque Stéphane Bancel ! Pour que mes décisions aient du sens, que cette stratégie soit exécutée et mis en musique dans la durée, il faut que tous les collaborateurs la comprennent et sachent en quoi leur travail quotidien supporte et aide le Groupe à avancer. L’autre grand rôle du DG, c’est la décision des hommes et les femmes, savoir qui mettre et à quel poste. Le DRH est certainement la personne qui m’est la plus proche au sein du comité de direction.» Stéphane Bancel passe ainsi plus de la moitié de son temps soit à interviewer des gens, pour des recrutements ou des promotions internes. Il est très proche des 150 top managers seniors de bioMérieux afin de s’assurer que ces derniers ont les moyens de réaliser leurs objectifs, de les aider si il y a des problèmes ou des échecs, d’apprendre, d’avancer et de résoudre certains problèmes à leurs côtés. Pour définir les qualités d’un Directeur Général, ce patron réutilise souvent une très belle formule « brut de fonderie » qu’il a apprise d’un ancien collègue d’Eli Lilly : « brain, heart… et cojones ! ». « Un bon leader a ces trois compétences de base, décrypte-t-il. Un bon cerveau, du coeur (qui est passionné, écoute et respecte les gens) et des cojones, mot espagnol qui ne faisait pas ici référence à l’organe vital mais au courage ! »
Des enjeux vitaux…
Ces quinze dernières années, le groupe a grossi de 9 % au niveau des ventes malgré la crise. Pour continuer à soutenir ce taux de croissance. bioMérieux recrute en permanence des jeunes diplômés de facultés ou de grandes écoles dans tous les métiers, au niveau de la production, beaucoup en R&D, etc. Ancien VIE, Stéphane Bancel privilégie cette filière de recrutement. « 20 à 30 VIE sont en mission dans différents pays du globe et cela car nous n’arrivons pas à en trouver plus ? Avis aux intéressés ! » Au-delà de la formation scientifique ou technique, c’est la capacité des gens à être curieux et à apprendre qui importe chez bioMérieux. En témoignent quelques profils très atypiques : le directeur des ventes Monde est issu de Sciences Po, la DRH issue de HEC… L’entreprise bouge beaucoup les gens à potentiel pour les former, leur faire comprendre l’entreprise. « Ce qui est extrêmement motivant dans le domaine de la santé, plus particulièrement dans le secteur de la microbiologie chez bioMérieux, c’est que l’on vient au bureau le matin avec la capacité de changer le monde, du moins d’amener chaque jour sa pierre à l’édifice pour construire un maillon essentiel de la chaîne de sante et réduire quelque part souffrances et tragédies.»
Ayant vécu son adolescence auprès d’un oncle dans les affaires, Stéphane Bancel a toujours grandi avec la certitude que le monde allait devenir extrêmement international, que l’anglais serait la langue du business incontestée et qu’il était fondamental de se frotter à d’autres cultures pour avoir un jour des responsabilités importantes de direction dans un Groupe. Ayant passé les 20 premières années de sa vie en France et en et Europe, il s’est ensuite tourné vers les Etats-Unis (Master of Science en génie biochimique de l’université du Minnesota, MBA à Harvard, puis chez Eli Lilly) et le Japon comme Responsable des activités de microbiologie industrielle pour la région Asie-Pacifique chez bioMérieux. « Rien ne peut se comparer à vivre dans un pays, en apprendre la langue et comprendre sa culture, insiste Stéphane Bancel, aujourd’hui basé à Cambridge dans le Massachussetts. Quelque soient les aspirations professionnelles, l’international et la maitrise de la langue anglaise sont vraiment des incontournables. Si je devais donner un dernier conseil, c’est qu’une carrière se construit sur le poste qu’on occupera à dix ou quinze ans, avec des choses à faire avantd’autres. En sortant de l’école, au lieu de se focaliser sur le salaire et le titre qui figure sur sa carte de visite, il vaut mieux savoir comment ce premier poste va permettre d’avoir le second, le troisième, etc. »
B.B.
Contact : www.biomerieux.com