Ce qui passionne Maud Bailly, Directrice des trains, c’est de déployer, au sein de la SNCF, une vraie culture managériale publi que au service de la performance de l’entreprise . Cette normalienne énar que (2007), devenue dirigeante à 35 ans , revient sur son parcours à la SNCF qui lui a permis d’oser. Très engagée dans le réseau « SNCF au féminin », elle aide à son tour les femmes à oser.
De l’audit au management terrain
Sortie de l’ENA à l’Inspection des finances, Maud Bailly choisit, après 4 années d’audit, en France et à l’international, de rejoindre la SNCF. Une manière de concilier son goût du service public avec la dimension pragmatique et opérationnelle de performance d’une grande entreprise. Et de passer des recommandations à l’action. « Je me suis retrouvée, à un peu plus de 30 ans, à avoir envie d’aller éprouver, sur le terrain, les convictions managériales que j’enseignais depuis plusieurs années à Sciences Po Paris en formation initiale et continue. Et de prendre pleinement le risque de les appliquer, concrètement, dans un poste de management opérationnel. »
« Si l’on m’avait dit il y a 10 ans que je serai chef de gare, j’aurais bien ri. »
Chef de gare, une vraie école d’humilité
Maud a la chance de rencontrer Guillaume Pepy, Président de la SNCF, à qui elle explique son besoin de conquérir sa légitimité en allant sur le terrain. En 2011, pendant 6 mois, elle apprend les fondamentaux du monde cheminot : elle pratique la vente de billets, le contrôle à bord, apprend les premiers éléments de conduite, travaille à l’escale en gare, apprend l’accroche et la décroche de wagons avec les agents de manoeuvre… La SNCF fait confiance aux jeunes et leur donne très rapidement de fortes responsabilités. Le lendemain du jour où elle obtient sa certification sécurité – « plus rude que le grand oral de l’ENA », elle devient Directrice d’établissement de la Gare Montparnasse. Elle apprend le management opérationnel, les enjeux de la production ferroviaire, la prise en charge des voyageurs en situation normale et perturbée, se forme aux techniques de négociation et du dialogue social. « On ne naît pas manager, on le devient, déclare-t-elle. Je suis convaincue que les futurs hauts fonctionnaires doivent avoir des expériences de middle management. »
Nommée Directrice des trains depuis avril 2014, Maud est chargée du pilotage et de l’animation fonctionnelle de la ligne de métier Trains, qui comprend un réseau de 25 patrons d’établissement, les 10 000 contrôleurs SNCF et les 3 000 agents d’escale TGV. Dans cette fonction de gardienne du métier mais aussi d’accompagnement de ses évolutions, elle est confrontée aux enjeux de transformation managériale d’une grande entreprise publique, appelée à innover au quotidien pour affronter la concurrence de demain. Elle doit aussi donner du sens quant à l’avenir du métier, porter des ambitions de service partagées, accompagner le changement, tout en gardant un certain équilibre et en gérant son énergie pour « durer ». Un job transverse, très tourné vers le terrain, où elle ne s’ennuie jamais.
« SNCF au féminin », un réseau par l’exemple
Créé en 2012, sous l’impulsion de Guillaume Pepy, dont l’objectif est de donner, à compétences égales, les mêmes chances aux femmes qu’aux hommes, et de porter plus de femmes à des postes de cadre ou de dirigeante, le réseau SNCF au féminin compte aujourd’hui plus de 3 000 membres. Porté par Virginie Abadie-Dalle, ce réseau a vocation à sponsoriser les femmes, leur faire partager les bonnes pratiques, les aider à activer leur réseau, à leur donner confiance en elles à travers du mentoring, et à renforcer la solidarité entre elles. Jeune maman, très active au sein de SNCF au féminin – elle est membre du comité de pilotage – Maud aime mettre en avant des jeunes femmes sur des postes à responsabilité. « La mixité hommes/femmes à tous les niveaux permet de confronter et de marier les sensibilités, de libérer la créativité, de métisser le leadership au masculin et au féminin, c’est de cette façon que l’on réussit et que l’on est efficace. La dynamique SNCF au féminin consiste à se tirer collectivement vers le haut. » A la SNCF, les métiers « réputés masculins » se conjuguent aussi au féminin, les événements comme les « girls’days » ont vocation à faire découvrir aux lycéennes, très tôt, des carrières qu’elles n’auraient pas imaginées…
SNCF au féminin
Création en 2012
+ de 3 000 membres en 2014, dont 180 hommes, 46 ambassadrices dans 23 régions, 72 binômes de mentoring, 7 groupes d’experts nationaux
A.M.O.
Contact : maud.bailly@sncf.fr