La parité Hommes/Femmes, enjeu majeur dans les Grandes Ecoles et dans les Grandes Entreprises
Par Aline AUBERTIN, Vice-Présidente de Femmes Ingénieurs, diplômée de CPE Lyon, et E-MBA d’HEC, et actuellement Marketing Manager au sein de GE Healthcare
Que nous disent les chiffres ?
Alors que les filles représentent quasiment la moitié des effectifs des terminales scientifiques, elles réussissent leur baccalauréat dans ces filières, dans des proportions plus élevées que les garçons1. Pourtant elles ne représentent qu’un quart des effectifs des écoles et 17 % des ingénieurs en poste. Ces différences sont encore plus marquées pour certaines spécialités : elles sont moins de 10 % en électronique, génie civil ou mécanique2. Comment expliquer que la proportion de filles dans les écoles d’ingénieurs françaises stagne depuis environ 10 ans, alors qu’aucune raison objective sur les débouchés qui s’ouvrent à ces diplômées ne l’explique ?
Quels sont les enjeux ?
Compte tenu de la désaffection des jeunes pour les sciences, la France manque d’ingénieurs et scientifiques. Alors que 50 % des Hommes sont des femmes, et donc 50 % des clients sont des clientes… les entreprises qui n’intègrent pas la diversité homme-femme dans leur structure, se privent de l’intelligence d’adaptation à la réalité de notre société et donc du puissant moteur de performances, que constituent les femmes ingénieurs bien formées et volontaires… Les entreprises, qui ont bien compris leur intérêt à mixer leurs équipes, en terme de créativité et efficacité, voient parfois leurs besoins en recrutement de femmes ingénieurs et scientifiques insatisfaits.
Qu’est ce qui freine les femmes ?
Les raisons qui freinent les femmes pour s’orienter vers les études d’ingénieurs sont complexes et multiples. Elles reposent en partie sur des stéréotypes. Les études des sciences sont vues comme masculines, ce qui conduit les filles à s’autocensurer et à douter de leurs capacités3, les parents à avoir peur de cette orientation pour leurs filles, les professeurs à pousser davantage les garçons vers les sciences que les filles. Les entreprises elles-mêmes, si elles affichent une volonté d’embaucher des femmes ont leur part de responsabilité quand le salaire moyen des ingénieures se situe 27 % en dessous de celui des hommes, avec un écart visible dès l’embauche et qui se creuse au fil des années2. La grande majorité des filles qui ose ces cursus, sont pourtant épanouies, aiment leur métier et réussissent.
Alors que faire ?
Pour éviter un déficit global d’ingénieurs et scientifiques, la France doit tout faire pour augmenter sa proportion d’ingénieures, également dans une période où ces filières attirent moins les jeunes. Femmes Ingénieurs s’engage pour que les pouvoirs publics, les écoles, les entreprises et les professionnels se mobilisent pour changer les choses en travaillant sur deux volets :
1 – D’abord en amont, pour favoriser l’accès des filles vers les filières scientifiques, et en particulier les études d’ingénieurs. A titre d’exemple, nous proposons :
• de rendre obligatoire dans le cursus de formation des enseignants une sensibilisation à ces enjeux et aux stéréotypes qui induisent des freins objectifs dans le choix des filières scientifiques et techniques pour les filles4
• Rendre obligatoire une présentation des filières scientifiques pour l’ensemble des élèves, avec une sensibilisation des filles5
2 – En aval, pour favoriser l’épanouissement et l’évolution professionnelle des ingénieures diplômées, nous proposons :
• De favoriser et inciter le développement de réseaux de femmes au sein des entreprises
• Développer les « role-models » en s’appuyant sur un suivi dans le temps des jeunes femmes ayant bénéficié d’un PVST6.
• Exonérer de charges salariales les heures de bénévolats des collaboratrices oeuvrant à la promotion des métiers scientifiques et technologiques pendant leur temps de travail7.
Cet enjeu ne doit pas être uniquement l’enjeu des femmes. Notre économie et notre équilibre sociétal ont tout à gagner à ouvrir l’ensemble des métiers aux femmes. Notre souhait est que l’ensemble des ingénieurs – homme ou femme – s’engage pour que chaque jeune fille attirée par les sciences ose, sans frein, sans peur. Ingénieur ou entreprise, si vous souhaitez nous aider en ce sens, l’association Femmes Ingénieurs sera heureuse de vous accueillir pour contribuer à cet objectif.
1 Source : Note d’information du ministère de l’Education nationale de juillet 2010, sur les résultats du baccalauréat 2010 : 91 % de réussite pour les filles et 87 % pour les garçons.
2 Chiffres issus de l’enquête annuelle du CNISF (situation 2009), dont l’analyse comparée est réalisée par FI depuis plus de 15 ans.
3 Voir les travaux de Catherine Vidal, qui démontrent pourtant que les capacités du cerveau ne sont aucunement liées au sexe
4 Voir nos analyses et travaux résumés dans la publication « Au delà des idées reçues », réalisée en commun par les associations Femmes et Sciences, Femmes et Mathématiques et Femmes Ingénieurs.
5 Femmes Ingénieurs a signé une convention avec le Ministère de l’Education Nationale pour la promotion des filles vers les métiers scientifiques et techniques. Cette sensibilisation ne doit pas se limiter aux élèves en difficultés, se dirigeant vers des filières professionnelles, en devrait s’appuyer sur les options de découverte professionnelle, au programme des collèges.
6 Prix de la Vocation Scientifique et Technique, attribué par la Direction Générale de la Cohésion Sociale / services du droit des femmes et de l’égalité entre les Femmes et les Hommes.
7 Exemple : visite dans les lycées et collèges pour promouvoir leurs métiers lors de forum des métiers
Contacts :
www.femmes-ingenieurs.org
femmes_ingenieurs@yahoo.com