Noël Laurent
Noël Laurent

Audencia, une école qui cultive la culture

Quand on pense aux matières enseignées dans les écoles de management la culture ne vient pas forcément à l’esprit. La finance, le marketing et les autres ‘classiques’ de la pédagogie des Grandes Ecoles restent incontournables, mais quid de la philosophie, du cinéma espagnol ou de la littérature allemande ?

 

 

Noël Laurent
Noël Laurent

A Audencia, de tels sujets constituent non seulement un élément de différenciation et un trait de caractère pour nos étudiants, mais aussi une bonne façon de faciliter la transition avec les classes préparatoires. En première année, les cours culturels transversaux proposés à Audencia s’appuient sur une certaine partie du cursus des classes préparatoires. Plutôt que de plonger tout de suite corps et âme dans le monde nouveau des sciences de gestion, le jeune étudiant continue à suivre également des cours d’histoire ou de psychologie. Ces enseignements culturels obligatoires abordent 22 sujets différents et représentent 20% du cursus en première année. Au-delà de cette possibilité offerte aux étudiants de retrouver leurs repères en première année, la culture à Audencia donne aux managers de demain une chose essentielle : le sens critique. Un dirigeant doit comprendre la complexité du monde qui l’entoure afin de prendre les meilleures décisions. Des cours de religion oud’histoire de l’art encouragent un vrai recul et un sens du contexte qui aident à établir un équilibre entre les objectifs de quantité et de qualité. Une telle compréhension permet de voir plus loin que les données chiffrées et de tenir compte d’un niveau de qualité basée sur des nuances et pas simplement sur l’aspect budgétaire. Par conséquent, les recruteurs perçoivent les étudiants d’Audencia comme étant plus ouverts et plus humbles. Ils possèdent une bonne capacité d’innovation alliée à des réserves de patience nécessaires pour explorer des solutions hors des sentiers battus. Cette logique culturelle revient en force au moment du choix des spécialisations à la fin de la deuxième année de la Grande Ecole. Une des voies ouvertes aux étudiants est la majeure management culturel dédiée aux métiers de la culture et orientée vers la gestion de projets artistiques. Une trentaine d’étudiants par an optent pour cette majeure, la plupart ayant déjà un profil particulier : passionnés et souvent culturellement actif eux-mêmes (artistes,  danseurs, musiciens…). Pendant cette majeure, les étudiants suivent des cours non seulement à Nantes, mais également au Sotheby’s Institute à Londres et à l’Universidad del Deusto à Bilbao où ils analysent le cas du Musée Guggenheim de la ville. Hormis les cours, ils s’investissent dans les projets de développement auprès des institutions et des professionnels du secteur. Ainsi, certains étudiants se sont impliqués dans la restructuration du Musée des Beaux Arts de Nantes alors que d’autres ont travaillé étroitement avec la Cité de la Musique. Enfin, ils ont également la possibilité de faire un semestre supplémentaire en art administration à l’Université de Boston ou de Cincinnati. Si l’on ajoute aux cours de première année et à cette majeure les autres enseignements culturels dispensés lors des parcours ‘architecture’ et ‘Beaux Arts’, puis les voies géographiques spécialisées (Deutsch Portal, Vía Hispanica et Asie Management), l’importance de la culture à Audencia devient évidente. Pourtant, cet élément fort de l’identité de l’Ecole ne se limite pas à la pédagogie. La vie hors des salles de classe doit également permettre aux étudiants de murir culturellement. Dans ce contexte, une vie associative riche est à la clé, et la dizaine de conférences Isegoria par an organisées par des étudiants en première année jouent un rôle essentiel. Ces événements, accueillis dans le grand amphithéâtre de l’Ecole, permettent aux personnalités ou aux profils atypiques de s’exprimer sur des questions contemporaines. La liste des invités de poids est longue : Laurence Adler, Philippe Manoeuvre, Eric Orsenna, Emmanuel Todd… La culture oblige à toujours penser à la qualité et à la diversité. Et si elle constituait ainsi le laboratoire de l’économie de demain où la base de toute activité repose sur des paramètres de qualité ?

 

Par Laurent Noël, responsable de la Majeure Management des Institutions Culturelles et des Industries Multimédia, et professeur de stratégie à Audencia Nantes.