Dans un monde en profonde mutation où de nombreux défis sont à relever, la France de demain sera-t- elle capable de mettre en oeuvre les réformes indispensables à son économie comme le préconise Pierre Gattaz, président du MEDEF ? – Par Patrick Simon
Créer le plein emploi d’ici 5 ans. Est-ce vraiment réaliste ?
Oui, si l’on met tout en oeuvre pour y arriver ! Si on veut relancer une véritable politique en faveur de l’emploi, il faut écouter ceux qui peuvent créer de l’emploi sur le terrain, c’est-à-dire les chefs d’entreprise. Et à partir de là, entreprendre les réformes nécessaires.
En matière de formation, comment redorer le blason de l’Education Nationale ?
Fixons-nous comme objectif que 100 % des élèves quittent leur cursus scolaire en étant « citoyens et employables ». Cela nécessite évidemment de mettre la priorité sur le primaire, mais surtout de changer notre manière de procéder : faisons confiance aux enseignants, donnons de l’autonomie aux établissements, réformons l’orientation pour qu’elle intègre mieux les métiers et leurs évolutions, et faisons enfin de la formation professionnelle la voie d’excellence qu’elle devrait être.
« QUATRE BLOCS DE RÉFORME PERMETTRONT À NOS ENTREPRISES DE RETROUVER LES CHEMINS DE L’INVESTISSEMENT ET DONC DE LA CROISSANCE ET DE L’EMPLOI. »
La quadrature des réformes
La première est celle de la fiscalité française qui doit devenir simple, compétitive, incitative et enfin stable dans le temps afin de redonner aux entreprises françaises la capacité à investir et à se développer en améliorant leurs marges.
La seconde est celle de la législation sociale et du marché du travail qui doit permettre aux entreprises de s’adapter aux évolutions de leurs marchés avec un dialogue social simple et direct, de terrain.
La troisième doit porter sur notre environnement législatif, réglementaire et normatif en se fixant des règles de fonctionnement claires.
La quatrième enfin est celle de la formation et l’éducation. Une priorité à l’heure de l’économie de la connaissance.
VOUS AVEZ DIT BREXIT ?
Malgré le coup porté à l’Union, le Brexit ne constitue-t-il pas un atout pour la France ?
Potentiellement oui. Les opportunités sont nombreuses mais nous n’en bénéficierons que si notre offre est attractive. Si les premières annonces des autorités françaises ont été positives, les récents votes parlementaires (taxe sur les transactions financières, actions gratuites) ne sont pas de nature à attirer les investissements. Sans compter nos handicaps bien identifiés : une fiscalité lourde, complexe et instable, une réglementation illisible, un droit social paralysant. Nous ne sommes pas les seuls à regarder le Brexit avec les yeux de Chimène, le Royaume-Uni, dès le lendemain du Brexit n’a pas caché qu’il souhaitait renforcer son attractivité. Si nous ne prenons pas des mesures fortes et rapides pour renforcer notre attractivité, nous passerons à côté de ces opportunités.
UNE MONDIALISATION PORTEUSE DE TOUS LES MAUX
N’esquive-t-on pas trop souvent le débat sur la mondialisation ?
Il doit avoir lieu. La mondialisation n’est pas une option, c’est une réalité qui n’a pas que des effets négatifs. La mondialisation a créé du pouvoir d’achat et pas seulement dans les pays en voie de développement. L’exacerbation de la concurrence a contribué à faire baisser les prix des biens et des services dans tous les pays développés. En outre, si l’on veut avoir plus de croissance, plus d’emplois, la mondialisation est le chemin le plus rapide pour y parvenir. Mais il faut être exigeant.
Pour beaucoup, la mondialisation apparait comme la loi de la jungle…
Elle doit être régulée pour être vertueuse et équilibrée. Et le meilleur moyen de la réguler, c’est d’avoir des traités commerciaux ; seuls à même d’imposer une réciprocité aux pays signataires et des règles du jeu bien définies. Ils sont des remparts contre les abus à condition de défendre nos intérêts, sans naïveté. Et nous ne pouvons les défendre que si nous sommes économiquement forts. La mondialisation oblige les responsables politiques à mettre en place conditions nécessaires à la compétitivité de nos entreprises et donc de notre pays.