Ingénieures au féminin
La société de commercialisation des lanceurs européens Arianespace est Numéro 1 mondial des lancements de satellites commerciaux. Chronique d’une réussite assumée avec Luce Fabreguettes (Centrale Lyon 1990), Directeur du Développement Commercial d’Arianespace.
Cela fait bientôt 10 ans qu’Ariane 5 ne connaît que des succès avec aujourd’hui, ce qui est un record, 47 lancements réussis d’affilée. Depuis quelques mois, le Numéro 1 mondial de cette industrie a ajouté aux succès d’Ariane 5 ceux du lanceur moyen Soyouz et du petit lanceur Vega. Une grande partie de la réussite d’Arianespace et de la fidélité de ses clients est donc liée à la fiabilité de ses lanceurs malgré une concurrence de plus en plus prononcée de la Russie, la Chine ou l’Inde qui bénéficient de coûts de production sensiblement plus faibles. « Cet exploit collectif s’explique par un souci permanent de la maîtrise de la qualité des produits qui font le lanceur, des opérations pour le mettre en oeuvre et par la volonté constante de prendre un minimum de risques, explique Luce Fabreguettes. Arianespace doit également être à l’écoute et savoir proposer des solutions adaptées, en comprenant les enjeux de ses clients et en répondant au mieux à leurs attentes par son support technique et financier. Il faut aussi bien comprendre que dans cette industrie, les durées de développement sont très longues et que le futur se prépare très en amont. »
Une offre adaptée aux nouvelles demandes du marché
Le marché du lancement des satellites géostationnaires de télécommunications, qui, avec une vingtaine de satellites à lancer chaque année, est relativement stable, représente 85 % de l’activité d’Arianespace et est celui d’Ariane 5. Soyouz et Vega, qui visent eux des orbites plus basses, vont nous permettre de lancer des satellites d’observation de la terre ou des charges utiles scientifiques et de répondre ainsi à une nouvelle demande en plein développement.
Que couvrent exactement vos fonctions actuelles ?
Il y a trois ans, l’organisation de notre Direction Commerciale a évolué et l’on m’a proposé de m’occuper du Développement Commercial et de la préparation de l’avenir, ou toutes les activités qui ont trait à l’avant-vente des services de lancement. Mon équipe travaille principalement en back-office au profit des vendeurs basés à Evry, Washington, Tokyo ou Singapour. Elle a pour mission de les aider à vendre dans les meilleures conditions possibles en détectant ce qui va être « la cerise sur le gâteau » pour faire la différence. Pour cela, elle se doit d’être en permanence parfaitement informée des évolutions du marché, de l’offre de nos compétiteurs et des attentes des constructeurs de satellites. Nous avons la chance d’être au carrefour des sujets commerciaux, techniques et financiers avec un rôle très intéressant de défrichage à travers les études de faisabilité, tout particulièrement pour Soyouz et Vega qui effectuent des missions très variées. Le fait d’avoir été auparavant Responsable du Projet Vega chez Arianespace, mais aussi d’avoir travaillé pour Starsem qui exploite Soyouz à Baïkonour, après avoir passé plus de 10 ans chez Astrium, m’a donné une culture technique indispensable pour dialoguer avec nos clients.
Pourquoi avoir choisi de devenir ingénieure ?
J’ai d’abord hésité à choisir ce métier et ce cursus technique. J’aime la rigueur et je sais que très souvent, le diable est dans les détails. Je considère fondamental d’aller vraiment au fond des choses plutôt que de se contenter de l’à peu près. C’est tout cela qui m’a finalement conduite à choisir une classe préparatoire scientifique. Ensortant de Centrale Lyon, après quelques mois passés dans une société financière, j’ai décidé de rejoindre Aérospatiale et Ariane 5 et depuis, je n’ai plus quitté les lanceurs.
Quels sont les attraits de ce métier dans le spatial et chez Arianespace ?
Je ne regrette pas ce choix qui m’a toujours permis de travailler en équipe sur des projets où l’on voit le résultat concret de ses efforts. Regarder décoller depuis Kourou Ariane, et maintenant Soyouz ou Vega, est un plaisir dont on ne se lasse pas ! De plus, c’est très gratifiant d’évoluer dans ce secteur du spatial et dans une société comme Arianespace qui véhiculent une belle image.
Quelle est la place faite aux femmes ingénieur(e)s chez Arianespace ?
Il y a aujourd’hui 26 % de femmes cadres et ingénieures chez Arianespace. Au niveau du recrutement, la Direction des Ressources Humaines, convaincue que la mixité est un levier de performance, vise un objectif d’au moins 40 %, notamment pour les postes d’ingénieur. A titre personnel, je dirais qu’il ne faut surtout pas s’autocensurer et qu’il y a vraiment de quoi faire une belle carrière – et se faire plaisir – dans l’industrie pour une femme ingénieure.
B.B.
Contact
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