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APPRENTISSAGE, LA VOIE ROYALE ?

D’ici 2017, l’objectif du ministre du Travail, François Rebsamen, est d’atteindre le nombre symbolique de 500 000 apprentis en France. En 2014, 426 000 jeunes suivent une formation en apprentissage. Un nombre en léger recul de – 8 % par rapport à 2013, alors que les entreprises ont l’obligation légale de recruter 4 % d’alternants dans leur effectif moyen annuel. Zoom sur une formation qui apparaît comme une chance pour l’ensemble des parties prenantes.

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Rencontre avec DEUX ACTEURS DU MARCHÉ

 

JEAN-CHARLES FONTAINE, directeur de l’IUT de Mulhouse
DEPUIS 1990, L’IUT DE MULHOUSE EST L’UN DES PIONNIERS DANS LA MISE EN PLACE DE L’APPRENTISSAGE UNIVERSITAIRE, ET PROPOSE MÊME DES CONTRATS EN ALLEMAGNE ! EN CRÉANT CE CURSUS, QUEL ÉTAIT L’OBJECTIF DE VOTRE ÉTABLISSEMENT ?
Notre motivation première était de confronter les étudiants aux exigences du monde du travail. Nos programmes leur apportent des connaissances théoriques et techniques, qu’ils peuvent appliquer sur le terrain. Les entreprises ont vite compris l’intérêt de ce type de parcours, et participent à la formation des jeunes en s’impliquant auprès de notre structure. La proximité de l’Allemagne et de la Suisse nous aide : l’apprentissage y est très valorisé et démocratisé. Une pratique qui s’est diffusée jusqu’en Alsace !
QUELLES SONT LES RAISONS QUI POUSSENT UN ÉTUDIANT À SUIVRE CE GENRE DE PARCOURS ?
A l’IUT, 30 % de nos étudiants sont apprentis. Ils sont nos meilleurs ambassadeurs. Cette formation leur apporte un soutien financier. L’intérêt principal reste la perspective d’un emploi à l’issue de l’aventure. Les jeunes diplômés ont conscience de la valeur ajoutée de cette expérience pour faciliter leur insertion professionnelle, quand le taux de chômage des 15 – 24 ans dépasse 20 % en 2014.
CERTAINS SECTEURS SONT-ILS TRADITIONNELLEMENT PLUS PORTÉS SUR L’APPRENTISSAGE QUE D’AUTRES ?
En Alsace, la demande est très forte dans le secteur tertiaire. Au niveau national, la technicité du secteur industriel impose aux jeunes actifs d’être opérationnels, et capables de maitriser des outils complexes. L’industrie est un secteur qui souffre parfois d’un déficit d’image, mais qui offre des opportunités d’embauche. Un étudiant faisant un bon apprentissage dans le secteur industriel aura probablement plus de chance d’être embauché que dans le secteur des services !
COMMENT VOYEZ-VOUS L’AVENIR DE L’APPRENTISSAGE EN FRANCE ?
Aujourd’hui, toutes nos formations de l’IUT de Mulhouse peuvent être suivies en apprentissage. C’est une formation qui a de l’avenir ! Elle est très exigeante, et valorisante pour l’étudiant. Son développement dépendra de la conjoncture économique, mais aussi de l’évolution du monde académique. Cette expérience correspond clairement aux besoins du marché de l’emploi.

 

MORGAN MARIETTI, fondateur de l’Association Nationale des Apprentis de France (ANAF)
VOTRE ASSOCIATION, FONDÉE EN 2010, COMPTE AUJOURD’HUI PLUS DE 1 000 ADHÉRENTS. A QUELS BESOINS RÉPONDEZ-VOUS ?
Nous sommes dans une logique de conseil et d’accompagnement des jeunes, en créant des liens entre les apprentis et certaines institutions, telles que les entreprises, les élus gouvernementaux ou encore le MEDEF. Notre ambition : devenir un référent en matière d’apprentissage.
CETTE FORMATION DÉLIVRE-T-ELLE UNE VRAIE VALEUR AJOUTÉE ?
C’est une pédagogie concrète, qui permet d’expérimenter des compétences en entreprise. Un étudiant peut ainsi tester un domaine avant même de valider un choix professionnel, ou découvrir un secteur dont il ne soupçonnait pas les richesses. J’ai moi-même été apprenti, et j’ai eu la chance de travailler dans les télécoms, les e-services ou encore la finance.
COMMENT BIEN PRÉPARER UNE CANDIDATURE EN APPRENTISSAGE ?
Il faut s’intéresser aux besoins à court terme des entreprises. Les jeunes doivent être proactifs, en identifiant des missions qu’ils pourraient réaliser afin de répondre à ces besoins. C’est une posture à adopter pour limiter les ruptures de contrats. L’ANAF encourage cette démarche.
QUEL EST L’INTÉRÊT D’AVOIR UN APPRENTI POUR UNE ENTREPRISE ?
Cela permet de fidéliser un jeune actif sur le long terme. Par exemple, la convention collective du bâtiment, qui protège les apprentis en termes de rémunération, peut aider à instaurer une situation de pré-embauche. L’étudiant est formé pour évoluer dans une entreprise particulière, mais d’autres structures pourront aussi bénéficier de ses compétences. C’est avant tout un pari sur l’avenir !
L’APPRENTISSAGE (ET L’ANAF !) ONT-ILS DE BEAUX JOURS DEVANT EUX ?
L’ANAF souhaite jouer un rôle de « réconciliateur entre le monde économique et l’éducatif » : en travaillant avec les syndicats et le patronat, nous espérons devenir l’une des meilleures associations d’accompagnement étudiant en France. Le gouvernement doit soutenir les secteurs où l’apprentissage n’est pas florissant (restauration, BTP) : c’est ce qui rendra cette formation encore plus dynamique d’ici 10 ans. L’enjeu n’est pas d’augmenter le nombre d’apprentis coûte que coûte, mais de limiter les ruptures de contrats. Par exemple, la région Île-de-France a fait un travail de qualité, en évitant 5 000 ruptures lors des 5 dernières années. Hautement valorisé sur un CV, l’apprentissage vous donnera la chance de mieux comprendre le fonctionnement d’une entreprise et d’exercer des responsabilités. Pas de temps à perdre, lancez-vous !

 

CÔTÉ ÉTUDIANT, l’apprentissage lui permet de profiter d’une rémunération pouvant aller jusqu’à 78 % du SMIC et facilite son insertion dans le monde professionnel. Près de 70 % des apprentis trouvent un emploi durable à la fin de leur formation

CÔTÉ ENTREPRISE, un processus de recrutement extérieur n’est pas nécessaire, car les apprentis sont vite opérationnels. Certains secteurs (Industrie, BTP) sont friands de profils ayant osé suivre cette formation longue (2 ans en moyenne), imposant d’alterner avec succès des phases de travail en entreprise et d’études académiques.

 

SOURCES : francealternance.fr/anaf • iutmulhouse.uha.fr • travail-emploi.gouv.fr • insee.fr

 

Jean Baptiste Najman