La crainte des « robots » au travail fait oublier à quel point ils pourraient être bénéfiques à l’entreprise. Ils rendront votre travail plus créatif et gratifiant. Ils permettront aux directeurs de redevenir plus humain – de diriger avec plus de cœur – une façon de rendre le travail plus agréable. Michael Dowling, Enseignant-Chercheur et Directeur de l’axe de recherche « AI-driven Business » à Rennes School of Business plaide en leur faveur.
Ce n’est pas un secret. Les robots vont débarquer. Beaucoup ont prédit que ces génies alimentés par des algorithmes utiliseraient leur intelligence artificielle pour éradiquer 40% des effectifs actuels. Comme on pouvait s’y attendre, ces prédictions ont dressé un portrait sombre du futur dans lequel l’invasion des robots condamnerait les humains ignorants à une vie de désespoir et de pauvreté.
Cependant, la réalité de notre futur n’est pas si sombre
En fait, les robots ne remplaceront pas 40% des employés. Selon des spécialistes de l’IA, ce qu’ils feront, c’est réaliser 40% des tâches subalternes. Pensez aux tâches les moins intéressantes dans un travail. Serait-il si terrible que celles-ci soient réaffectées à une machine ? Prenons un exemple : la radiographie ; une tâche répétitive qui implique de fixer à peu près une centaine de radios par jour. La journée type d’un manipulateur en électroradiologie médicale implique la plupart du temps d’évaluer des radios d’enfants qui sont tombés de leur vélo. Leur principale mission est de décider si le bras est cassé ou non, de visuellement scanner une image en noir et blanc, de repérer un signe de fracture. L’enfant qui pousse des hurlements hystériques est en général un signe mais ne nous égarons pas !
Evidemment, ce qui est mentionné ci-dessus est une simplification excessive d’un emploi d’une importance capitale. Et si tous ces scanners quotidiens pouvaient être réalisés par un robot, incitant les manipulateurs à utiliser leur temps libre pour gérer des tâches plus complexes nécessitant réellement leurs compétences ? Cela plairait certainement aux manipulateurs, leur libérant davantage de temps pour mettre en pratique leurs compétences avec leur touche personnelle. Cela plairait également à leur employeur, lui permettant d’utiliser ses ressources à meilleur escient.
« Je fais sans aucun doute partie de ceux qui pensent que l’IA augmentera le potentiel et la capacité de l’humain. »
Satya Nadella, Président-Directeur-Général de Microsoft
Mise en perspective
Mettons cela en pratique dans une entreprise classique. La plupart des opérations quotidiennes d’une entreprise type sont sans intérêt. Les jeunes diplômés enthousiastes se voient en général confier des missions de saisie de données et d’archivage dès leur première semaine de travail. Leur regard si pétillant est rapidement transformé par la dure réalité du monde du « travail ». S’ils sont assez chanceux, ils pourront intégrer une entreprise moderne et progressiste qui leur confiera un projet bien plus stimulant et excitant, mais au final échoueront en raison du manque d’informations et de connaissances dont ils ont besoin pour réussir. Le jeune employé, désespéré, va rapidement baisser les bras, apprendre à faire profil bas et à avoir l’air occupé en espérant qu’un jour, cela change.
C’est une situation assez stressante pour le salarié et une perte de temps pour votre responsable. Votre responsable va passer la plupart de son temps à s’énerver sur des choses aléatoires comme par exemple la baisse des ventes de produits au Vietnam. Il/Elle n’a aucune idée de la raison pour laquelle cela arrive, et parfois, vous considère comme le coupable. Votre responsable est en colère, distrait et stressé par l’imprévisibilité du commerce et par le fait de surcharger de travail sa meilleure ressource, c’est-à-dire vous, avec des tâches subalternes.
Le robot au service de l’Humain
Les éléments décrits ci-dessus (la saisie automatique de données et le contrôle qualité, ou encore l’IA au service du diagnostic commercial pour identifier ce qu’il s’est passé au Vietnam) sont des tâches très standards pour les robots. Les robots vont révolutionner l’environnement de travail par l’automatisation des tâches quotidiennes tout en donnant la possibilité aux salariés de faire leur travail intelligemment. Il ne s’agit pas ici de remplacer un emploi mais de le rendre plus autonome et responsable.
En fait, votre responsable tient à vous. Il/Elle veut vous former pour devenir un bon directeur mais il est trop distrait par la crise, le chaos et la paperasse routinière sans fin. Votre responsable tient à vous car c’est une personne normale avec des sentiments normaux. De mauvais responsables existent, mais ils sont ainsi car trop stressés. Ce que les robots feront, c’est offrir une meilleure sécurité nécessaire aux entreprises et réduire le stress lié à l’inconnu. Ils réduiront la surcharge de travail répétitive et permettront à votre responsable de se concentrer sur ses compétences de base, c’est-à-dire, être un bon tuteur pour les jeunes futurs directeurs.
De cela découlera une meilleure concentration sur les compétences humaines au travail, ce que les robots ne pourront probablement jamais faire. Cela signifie qu’ils vous permettront d’être plus créatif et de mettre en valeur ces compétences à votre plus haut niveau. Cela signifie également que votre responsable retrouvera de nouveau du cœur. De ce fait, lorsque vous serez en difficulté, votre responsable prendra le temps de travailler avec vous personnellement. Bien le bonjour aux hordes de robots envahisseurs – ils viennent pour nous aider à atteindre notre potentiel sur le lieu de travail.
Michael DOWLING, Directeur de l’axe de recherche « AI-driven Business » à Rennes School of Business