MEDIAS ET GRANDES ECOLES
36 ans, la pêche, la détermination et la vivacité d’esprit, Amaelle Guiton est à la tête de la matinale du Mouv’ depuis quelques mois seulement, et déjà, cela semble comme une évidence. Cyril Sauvageot, rédacteur en chef du Mouv’, va même jusqu’à dire qu’« elle en est un peu le porte étendard. » Retour sur un parcours long, riche et qui a commencé avec …Sciences Po !
De Nancy à Paris
Ayant fait toute sa scolarité en Lorraine, Amaelle décroche un bac C (Scientifique) et intègre le CUEP (Centre Universitaire d’Etudes Politiques) de Nancy. Après deux ans là-bas, elle saisit la possibilité qu’elle a d’entrer à Sciences Po Paris directement en deuxième année. Le cursus, à l’époque, ne durait que 3 ans. Elle choisit la section communication et ressources humaines qui la passionne tellement qu’elle décide de devenir chercheuse. Elle s’inscrit donc après Sciences Po dans deux DEA, avant de se rendre compte assez rapidement que ce n’est pas fait pour elle. « Cela demandait une rigueur sur la longueur qu’à l’époque je n’avais pas. » Après cela, elle occupe pendant quelques années des postes de secrétaire de rédaction dans la presse écrite. « Mais à un moment donné, je voulais écrire ». Elle effectue donc une formation professionnelle pour devenir rédactrice en presse écrite. Et c’est là que tout bascule. Pendant cette formation, elle a l’occasion de faire deux semaines de radio. C’est la révélation. « J’ai vu la vierge », ironise-t-elle. Elle s’est immédiatement dit : « Évidemment, c’est ce que je veux faire ! » Pour acquérir l’expérience qu’elle n’avait pas, elle rejoint alors une radio associative où elle « bouffe du micro » pendant 4 ans. C’est suite à ça qu’elle est embauchée au Mouv’.
Un message aux étudiants de Sciences Po « Profitez de votre temps là-bas. Soyez conscients de la chance que vous avez. »
Elle a été…étudiante à Sciences Po
Ancienne étudiante de Sciences Po, Amaelle déclare qu’elle « en garde un très bon souvenir » ajoutant que si l’on peut parfois avoir l’impression de tout survoler lorsqu’on est étudiant de l’école, en réalité après coup on se rend compte que « l’établissement fait de très bons généralistes ». Elle se souvient également d’un rapport privilégié entre professeurs et élèves, elle à qui il est arrivé de boire un café au Basile avec un maître de conférence pour discuter d’un exposé. Mais les cours ne faisaient pas tout et à cette époque, la présidente de l’UNEF, c’était Amaelle ! Elle considère d’ailleurs qu’une des forces de Sciences Po, c’est l’existence d’une « vie démocratique sur place » avec la possibilité d’accéder à une « vie associative, politique, syndicale ». En 1994, elle a vécu la première grève à Sciences Po depuis 1968. Alain Lancelot, directeur de l’époque et prédécesseur de Richard Descoings, voulait supprimer les bourses locales pour les remplacer par des emprunts. Les élèves ont passé trois nuits dans l’amphi Boutmy. « On écoutait de la musique, il y avait un côté très bon enfant » dit-elle avant d’ajouter, avec un regard attendri pour la toute jeune fille qu’elle était alors « On était content : on avait notre photo dans Libé ! On avait l’impression de faire notre petit 68 local. »
Elle est…animatrice au Mouv’
Aujourd’hui, Sciences Po est loin et du haut de ses 36 ans, Amaelle est devenue l’animatrice de la matinale du Mouv’. Son emploi du temps ? Couchée à 21H, elle se lève à 2h du mat et commence sa journée en écoutant France Info, pour se tenir au courant des toutes dernières actualités nocturnes. Arrivée à Radio France à 3h du matin, elle travaille d’arrache pied jusqu’à 7h, heure à laquelle sa matinale commence. Mais avant cela, le programme a été chargé : écrire le billet d’humeur, se tenir au courant des dernières actualités, réécouter les reportages, etc. Un travail de titan puisque ses deux heures d’antenne sont préparées dans le moindre détail, « quasiment scriptées, à quelques exceptions près », comme elle le dit elle-même. « C’est une mécanique, une matinale. C’est vraiment une horloge » Mais si cette performance est minutieusement organisée à l’avance, toute la difficulté réside dans la capacité à « ne pas trop faire sentir la différence entre ce qui est improvisé et ce qui est préparé ». «Parmi les deux heures d’antenne, le moment le plus intense en termes de concentration, c’est l’interview de l’invité. C’est le moment le plus difficile mais aussi le plus satisfaisant. Je sais d’où je pars, je sais où je vais, je connais le chemin que je vais prendre mais je suis capable de sortir de ce que j’ai préparé ». Un quotidien qui comble Amaelle de bonheur, qui se retrouve enfin de l’autre côté du poste de radio. « Je n’ai jamais pris un plaisir dans mon travail comme cela avant ! » s’enthousiasme-t-elle. « J’ai toujours écouté des matinales, je sais à quel point c’est dans nos vies, quand nous prenons notre petit déjeuner, quand nous choisissons nos vêtements, … A une beaucoup plus petite échelle, je suis à la place qu’occupait avant Nicolas Demorand, c’est génial ! »
« Amaelle est la seule femme à gérer une matinale sur toutes
les radios présentes
sur médiamétrie. »
Elle sera…toujours chez Radio France !
Sur le long terme, Amaelle ne pense pas rester l’animatrice de la matinale du Mouv’. « J’ai l’intention de faire ça au minimum deux voire trois ans. Mais je ne vais pas faire ça toute ma vie. Je ne peux pas me lever à deux heures du matin éternellement ! » s’exclame-t-elle. Pourtant, elle a conscience qu’elle aura beaucoup de difficultés à trouver « quelque chose de plus intense au niveau adrénaline ». Mais quoiqu’il en soit, son avenir, elle le voit à Radio France. « Je ne m’imagine pas ailleurs. Ici on a une vraie liberté. On a droit à l’impertinence. On fait ce que l’on veut et on a les moyens de le faire. J’ai la main sur tout. Je choisis moi-même mes chroniqueurs. »
Cyril Sauvageot, rédacteur en chef du Mouv’
« C’est super agréable de travailler avec Amaelle. Ce qui me frappe, c’est que c’est une animatrice mais j’ai vraiment l’impression que c’est une journaliste de mon équipe. On parle le même langage, on est complètement en accord. Je n’ai pas besoin de lui expliquer quoique ce soit sur l’actualité, elle sait tout ce qui se passe. Pour un rédacteur en chef, c’est quand même extrêmement confortable d’avoir une animatrice de matinale comme ça. C’est un vrai bonheur de travailler avec elle, c’est tellement simple. Elle est très professionnelle, elle a une grande vivacité d’esprit. C’est sans aucun doute une figure montante de la radio. C’est une personnalité qui peut, je pense, bien incarner le Mouv’ d’aujourd’hui. Elle en est un peu le porte étendard. »
Julianne Clamens, attachée de presse du Mouv’
« Elle a commencé sa matinale un lundi 30 août et dès le 31, on avait une conférence de presse. Il fallait un maître de cérémonie. Amaelle a été choisie. Elle m’a complètement épatée. Elle s’est levée à 2heures du matin, elle a fait sa matinale à 7h et elle a enchaîné avec la conférence de presse. En tant que maître de cérémonie, elle a su être en retrait mais pas trop, être enthousiaste. Elle a bluffé tout le monde ! »
Claire Bouleau
Twitter @ClaireBouleau