AdAqua c’est un tour du monde pour l’accès durable à l’eau potable pour tous, à travers la découverte des innovations technologiques et sociales et la mise en place d’un outil de gestion de l’eau destinée à quantifier l’impact social de l’eau potable.

Après 4 mois et demi d’enquêtes nous mettons un point final au travail de terrain. 500 enquêtes, 3 pays, plus de 20kg de données papiers, 2 disques dur, 9  enquêteurs/ traducteurs et quelques 80kg de mangues plus tard nous voyons le bout de cette première phase du projet, le travail est loin d’être fini, mais c’est une page qui se tourne.

Kynarou, notre ONG partenaire

Nous achevons donc 5 semaines dans le Tamil Nadu. à arpenter les villages du district de Theni pour comprendre ce que change un accès continu à l’eau potable dans la vie des gens. Pour cela, un partenaire : Kynarou, une ONG française. Avec le siège en France, un bureau à Pondichéry et une équipe locale à Théni, Kynarou rénove des ouvrages hydrauliques, met en place des systèmes de filtres pour fournir de l’eau potable en continu à des robinets communautaires à tous les villageois et construit des blocs de toilettes communautaires avec système d’assainissement indépendant.

Le district de Théni et l’eau

Pour dresser le contexte en quelques mots, le district de Theni au Sud du Tamil Nadu c’est des plaines desséchées aux pieds d’une chaine de montagnes qui fait office de frontière avec le Kérala. L’état de la ressource en eau y est catastrophique, les nappes quand elles ne sont pas asséchées sont salées et les recommandations de forages dans la région sont autour des 300m. Alors les villages du district sont approvisionnés grâce à de lointains forages ou aux quelques rares rivières ayant survécu, et les revendeurs de cuves, syntex, pots, seaux et tout autre moyens de stockages font fortune. Ainsi, tous les deux ou trois jours en temps normal, les robinets communautaires parcourant les allées du village et desservant en moyenne 5 familles chacun s’animent pendant une ou deux heures et se mettent à crachoter avec plus ou moins de pression de l’eau non potable.

Kynarou ne prétend pas résoudre tous les problèmes d’eau et fournir de l’eau en quantité à tout le monde, tous les jours, mais bien de subvenir aux besoins journaliers en eau potable de chacun.

La méthodologie AdAqua

Alors bien sûr, les effets ne seront sûrement pas aussi spectaculaires que ne le seraient ceux d’une connexion privée à domicile disponible en continu, parce que les femmes doivent encore jongler avec différentes sources pour satisfaire les besoins de toute la famille, perdant donc beaucoup de temps pour la corvée d’eau, aussi parce qu’elles sous estiment parfois les bienfaits de cette eau filtrée et ne font pas l’effort de parcourir les quelques mètres supplémentaires. Cependant, il n’en est pas moins intéressant de s’intéresser de plus près aux effets sur la santé et donc la scolarisation et les revenus, les tensions et le stress lié au manque d’eau.

Nous nous sommes donc rendus dans 4 villages du projet So Water (projet achevé où l’on espère observer des changements) et 4 villages Watsan (projet en cours dont les futurs villages servent de population témoin).

Dans chacun de ces villages :

  • 10% des foyers ont été enquêtés pour récolter des données quantitatives dans des domaines bien précis, tels que : l’éducation, les revenus, la santé, l’hygiène, les conflits.
  • 5% des personnes chargées de la corvée d’eau nous ont raconté leur journée type du lever au coucher, nous permettant de recroiser certaines informations obtenues avec les enquêtes de foyer et de voir plus clairement apparaître tout changement lié au temps ou à l’organisation.
  • Un focus de groupe avec une petite dizaine de femmes a été mené, abordant plus particulièrement les problématiques les plus délicates (tensions, dangers et craintes liés à la défécation en plein air, stress, maladies…) et leurs faisant exprimer les changements perçus de leur point de vue.
  • Les registres de l’école et du centre de santé concernés ont été récupérés.

Les premières conclusions

Les conclusions sont encore loin, cependant après les discussions de groupe et les entretiens de journée type, les témoignages qui reviennent souvent concernant la consommation d’eau filtrée sont : une nette amélioration de l’état de santé des enfants en particulier, une diminution des conflits liés à l’eau, et une certaine tranquillité d’esprit du fait de la disponibilité à toute heure et tous les jours d’eau potable. Mais ce qui semble être réellement une révolution dans leur vie quotidienne, c’est définitivement les toilettes communautaires pour les femmes. En effet, elles n’ont plus besoin de se lever à 4h du matin pour profiter de la pénombre, plus besoin d’y aller en groupe, plus besoin de marcher de longue distance, plus besoin d’être dans le stress que quelqu’un arrive et plus besoin de s’inquiéter pour leurs enfants et pour les jeunes filles.

C’est donc dans la chaleur étouffante de Chennai dans une vieille maison coloniale défraichie que nous tournons la page de cette aventure indienne et par la même occasion de la phase terrain de notre étude. Ce fut encore une fois une belle expérience, pas toujours facile, ni même agréable, pleine de remises en questions et d’interrogations et tellement enrichissante.

Pour en savoir plus sur cette aventure, rdv sur la rubrique news de notre site : ww.adaqua.co ou sur notre page facebook.